Critiques pour l'événement Cirque Le Roux, The Elephant in the room
13 févr. 2018
9/10
60
Je voulais voir The Elephant in the Room l'an dernier. Il aura fallu douze mois pour que je bloque une date dans mon agenda. Ne faites pas comme moi. Ce serait dommage.

Les artistes du Cirque Le Roux sont exceptionnels et la mise en scène qui a été réglée par Charlotte Saliou est un bijou. Impossible de faire plus décalé tout en ne cédant rien à la difficulté. Leur talent est immense, on pourrait dire gros comme une maison, ce qui se traduit en anglais par ... the elephant in the room.

Leur compagnie porte un nom de cirque mais leur spectacle est inclassable, tenant aussi du théâtre. Vous les avez peut-être vu dans le Plus grand cabaret du monde ou au cours de la retransmission télévisée de la soirée des Molières en 2016.

The Elephant in the Room est le premier spectacle de la compagnie créée en janvier 2014 et dont la première a eu lieu en France en janvier 2015 à la Criée de Marseille dans le cadre des Biennales internationales des arts du Cirque. Ils reviennent enfin à Paris après une tournée internationale.

Ça commence sobrement sur l'air doucereux de Dangerous Moonlight- Warsaw Concerto. Juste des notes égrenées au piano. Nous apprenons que l'action se situe à l'automne 1937, le jour du mariage de Miss Betty dans une ambiance raffinée. Serions nous invités à la noce ? Pourtant la mariée a un rire sardonique et porte un pantalon noir. Qu'est-ce qu'elle rigole dans ce salon monochrome, noir et blanc, répondant à la promesse de l'affiche.

Une sorte de sonnerie retentit et le générique s'affiche dans les tableaux qui composent le décor sur la toile de fond. On se croirait dans une salle de cinéma, quelque part en Amérique, impression qui sera renforcée quand un des personnages s'exprimera en anglais. On nous prévient que les acrobaties sont réalisées sans trucage (et j'ajouterai aussi sans harnais de sécurité) et que toute ressemblance avec un autre spectacle de cirque ne serait que fortuite. C'est que, oui, ils sont exceptionnels.
Trois hommes font irruption dans la pièce où la jeune femme était venue s'isoler. S'enchaînent longues glissades, rires, bagarres, et danses dignes d'un music hall américain. Le jeu des acteurs affiche flegme et panache mais on devine que les acrobaties sont réglées à la seconde près.

Quelques mots en anglais émergent d'une sorte de brouhaha, d'où surgit soudain une interrogation bien française : avez-vous du feu ? Les invités de cette noce peu académique miment des grognements bestiaux. Quel cirque !

On se tape dans le dos comme le font les duos de clowns. Les portées sont audacieuses. On saute, se lance, se jette, et la différence de taille entre le très grand et le relativement petit fait sens. Après whisky et champagne ils ont une manière bien à eux de secouer la pina colada dans un shaker.

Ils retirent leurs chaussettes et les voilà tout en blanc, comme sur l'affiche. L'ouverture de La Gazza ladra de Rossini est propice aux sautillements et aux entrechats. Le marié découvre sa tête sous une croix rouge sur les portraits de mariage. On est dans un univers devenu policier. Pas de doute, il y a comme une épine dans le pied (the elephant in the rom dit-on en anglais). Il faisait tout à l'heure le babouin, elle mime maintenant la chatte.

Puis une quantité phénoménale de lustres tombent du plafond pendant que les tableaux changent. Lolita fume (beaucoup) un peu comme ces actrices des films hollywoodiens des années trente qui sont une des nombreuses références du spectacle. Le cocktail gagnant est un mélange d'excentricité, de mystère et d'humour comme The Party de Peter Sellers ou les Monty Python.

Le repas de mariage sera composé de plateaux de fruits de mer XLL présentés comme un tableau à la Arcimboldo. Suivra un moment romantique très chorégraphié où lumières, décors et musiques semblent se répondre. Nous applaudirons aussi un numéro de claquettes génial et une danse du mari et de la femme.

Quand les artistes reviennent en tenue fleurie et s'accrochent au mat chinois on comprend qu'il sera le support de numéros époustouflants. On reconnait la musique d'Ennio Morricone, le bon la brute et le truand. Les artistes-acrobates dessinent un alphabet dans l'espace et tracent des figures inventives avec beaucoup de confiance et de grâce. Tout va très vite depuis les premières notes de Sphinx de Novar et la fin explosera dans une apothéose et en couleurs.

On admire leur puissance qui ne faiblit pas pendant quatre-vingt minutes et on sourit de les voir mimer à la fin l'épuisement.

Les quatre artistes dialoguent, peu par les mots, surtout par les arabesques de voltige acrobatique dont ils sont maitres à bord. Il y a Philip Rosenberg qui est Monsieur Chance, Yannick Thomas est John Barick, Gregory Arsenal Jeune Bouchon et Lolita Costet joue le rôle de Miss Betty.

Les 3 garçons ont suivi l'Ecole nationale de cirque de Montréal reconnaissable pour sa finesse, son esthétisme, la précision dans le mouvement. Lolita a suivi l'Ecole supérieure des arts du cirque de Bruxelles qui est réputée pour son coté plus contemporain, et le travail de jeu d'acteurs. La metteuse en scène a apporté son expérience de clown française et a amené le coté vaudeville.

Les corps sont magnifiques, admirablement mis en valeur par des costumes conçus par deux des circassiens, Grégory Arsenal et Philip Rosenberg et qui aident à reconnaitre des personnages différents les uns des autres, que Charlotte Saliou a travaillé à développer... mais en brouillant les cartes. Le spectateur croit saisir le propos mais à peine a-t-il identifié un bout de trame qu'il est lancé sur une nouvelle piste.
19 nov. 2016
8/10
121
Un spectacle de cirque original avec un magnifique décor de salon de début de XXe siècle, une mise en scène ingénieuse et une atmosphère entre film muet et film noir.

Un peu trop "clownesque" pendant sa première partie, The Elephant in the Room se révèle au fur et à mesure de plus en plus noir, jusqu'à son dénouement. Voilà un spectacle qui ose sortir des sentiers battus du cirque en proposant une vraie oeuvre scénarisée, ponctuée de chutes burlesques, d'acrobaties et de scènes de danse (ah, les claquettes).

On retiendra les très beaux portés ainsi que le numéro de mât chinois à quatre parfaitement exécuté sur un des plus célèbres morceaux d'Ennio Morricone. Ce spectacle hybride entre cirque et cinéma (il y a même un générique de début) est assurément à voir !
17 nov. 2016
9,5/10
108
Depuis quelques semaines, j'entends beaucoup d'éloges au sujet du spectacle du Cirque Le Roux. Aussi, récemment je me suis rendue au Théâtre Bobino pour découvrir le show à mon tour. Mon verdict en sortant de la salle : j'ai été particulièrement impressionnée par ce spectacle sublime à couper le souffle.

La Compagnie du Cirque Le Roux, ce sont quatre artistes passionnés qui nous proposent une comédie remplie d'intrigues racontée à la manière d'un film noir hollywoodien et en y incluant de manière originale la discipline du cirque, qu'on voit encore peu au théâtre. Les premières minutes, qui laissent place plutôt à un dialogue, peuvent paraître un peu déroutantes, mais on est vite happés par la suite du spectacle qui va crescendo au fil des scènes au travers d'acrobaties époustouflantes.

Dans un décor monochrome, "The Elephant in the Room" est un spectacle atypique et moderne de cirque théâtralisé qui embarque le spectateur du début à la fin par la beauté des numéros réalisés. Les artistes volent, virevoltent, s'entremêlent, et nous proposent des figures, numéros, tableaux aussi beaux qu'impressionnants. J'ai particulièrement aimé le tableau présenté sur fond de lanternes flottant sur la scène, ainsi que les numéros présentés autour du mât chinois.

Alors, oui j'ai été conquise par ce spectacle hors-norme de théâtre circassien. Qu'on aime ou non le cirque, ce show est un véritable émerveillement du début à la fin. A ne pas manquer !
3 nov. 2016
9/10
25
Un spectacle très étonnant et d’un charme totalement inédit par sa virtuosité et son élégance.

Le Cirque Le Roux nous fait découvrir à nouveau son travail de recherche soigné dans une ambiance circassienne novatrice. Dans le mouvement actuel des spectacles de cirque contemporain, il apporte une contribution aboutie avec ce spectacle visuel où le théâtre physique et joué se confond dans un ensemble circassien cohérent et surprenant.

C’est très réussi et d’un plaisir inouï.

Une histoire à la manière d’un scénario de film des années 1930 nous est racontée par quatre comédien·e·s-acrobates d'une agilité époustouflante, avec un soupçon de mystère et un parfum d'une redoutable séduction aux arômes élégants et sensuels. L'histoire s'emballe rapidement, déjante et devient désopilante de drôleries et captivante de performances.

Nous passons de sourires lascifs en surprises émerveillées et d’émotions tendres en sursauts épatés et rieurs.

Les acrobaties nous rivent dans nos fauteuils. Des portés et des équilibres sur objets tout en finesse, aux pyramides impressionnantes finissant en tombés-glissés sur un mât chinois, nous restons cois, un rien soulagés quand ils s’arrêtent. Un splendide décor, des jeux de lumières et des accessoires d’une belle originalité baignent leurs exploits.

Les séquences, qu’elles soient jouées, dansées ou musicales nous transportent dans un univers onirique et merveilleux où le plaisir des sensations se conjugue avec celui de la découverte. Nous passons d’ambiances burlesques aux accents clownesques à des moments doux au romantisme feutré et à la sensualité extrême. le tout en force et beauté.

Un souvenir extraordinaire de sensations et d’émotions variées. Un fichu bon spectacle, très joli et d’une invention incroyable. Incontournable moment de cirque théâtralisé.
21 oct. 2016
8/10
37
Un très beau spectacle sensible, subtil et touchant où la performance corporelle sert une émotion, le tout avec finesse. Une très belle recherche autour des objets, du décor et du jeu de lumière pour faire valoir les deux précédents est faite.

Seul point négatif, la rapidité (1h15) mais qui se justifie par la difficulté des portés tout au long du spectacle pour les acrobates-comédiens.
9 oct. 2016
9/10
33
Tout d’abord, il y a une histoire, un mariage en vue, Miss Betty une jolie blonde (ou brune ?) vénéneuse, John Barick son mari grand costaud moustachu et amoureux, M. Chance vrai parasite mais vrai danseur, et puis l’irrésistible M. Bouchon digne fils spirituel de Charlot et de Buster Keaton. Si l’univers est un film des années 30, avec l’esthétique du noir et blanc, qu’on ne s’y trompe pas, les artistes nous offrent dès le départ, de savoureux numéros d’acrobaties, de mains à mains, glissades.
Intrigues, amours, ambiance équivoque parfois, mais surtout des acrobates prestigieux, fabuleux, enfin tout le vocabulaire en « eux » ! On rit beaucoup, on retient son souffle, ils s’envolent dans les airs se suspendent, s’agrippent les uns aux autres avec une facilité déconcertante et l’humour toujours l’humour. Le clou du spectacle étant le mât chinois.
Un spectacle pas vraiment pour les tous petits, l’histoire pourrait passer au-dessus de leurs bouclettes !
C’est festif, joyeux, merveilleux, un superbe travail, et une standing ovation méritée.
Du cirque, des acrobates, mais attention pas n’importe qui ! le cirque Le Roux pose de nouveau ses bagages à Bobino pour notre plus grand bonheur.
3 oct. 2016
8,5/10
29
Ce spectacle qui sort du commun, nous fais voyager dans le temps.

Les performances chorégraphiques et acrobatiques sont à couper le souffle.
22 mai 2016
8,5/10
77
Avis aux amateurs de cirques sortant un peu de l'ordinaire, The Elephant in the Room du Cirque Leroux est un spectacle à ne surtout pas manquer !

Vu en tournée, il y a un peu plus d'un an, j'en étais sortie émerveillée. Des acrobaties quasi magiques, un spectacle vraiment très esthétique et dynamique, avec une vraie histoire.

J'en garde un souvenir extraordinaire qui me donne vraiment envie de retourner le voir lors de son passage à Bobino à la rentrée prochaine...