Critiques pour l'événement Au But
Katwijk : villégiature habituelle des vacances pour une mère (l’excellentissime Dominique Valadié) et sa fille (la non moins excellente Léna Breban) va se trouver agrémenter d’un nouveau venu : un jeune auteur dramatique au succès fulgurant (Yannick Morzelle).
Il a été invité par la mère à la suite de la représentation de sa pièce ‘sauve qui peut’, pièce qu’elle a détestée, pièce que sa fille a adorée. On suit dans une première partie la mère et la fille dans la préparation des bagages pour leurs congés : Cette mère nous apparait assise dans un canapé où elle semble soliloquer longuement mais sa fille est à portée d’oreille et vaque autour d’elle à la préparation des malles, elle répond par monosyllabe à sa mère comme un robot mais les expressions de son visage sont éloquentes. L’opposition entre la mère assise qui bavarde sans fin et la fille silencieuse qui tourne autour d’elle est très réussie.
La mère que tout dérange, distille son venin sur tout son entourage : la pièce vue la veille, le théâtre en général, son défunt marin, sa propre fille,… Elle tient un discours rempli d’animosité et assène à sa fille des propos particulièrement affreux. Fille qui reste admirablement stoïque à l’énoncé de certaines horreurs par sa mère.
Dominique Valadié incarne cette mère infernale avec brio, la moindre nuance du discours est restituée avec justesse. On la hait si facilement, mais quand va-t’elle arrêter de dire des horreurs ? En face, Léna Breban, répond tout en finesse avec ses expressions faciales. Cette première partie est ma préférée.
Dans la seconde partie, nous sommes arrivés à Katwijk et l’auteur découvre la maison et son hôtesse manipulatrice. Y trouvera-t-il une idée pour une nouvelle pièce ?
Christophe Perton fait de la pièce de Thomas Bernhard, un exercice de style pour Dominique Valadié où elle excelle. C’est un peu long à mon gout (2h) et normalement je ne suis pas sensible à ce type de propos mais le personnage de la mère est vraiment passionnant que j’ai vraiment apprécié.
Il a été invité par la mère à la suite de la représentation de sa pièce ‘sauve qui peut’, pièce qu’elle a détestée, pièce que sa fille a adorée. On suit dans une première partie la mère et la fille dans la préparation des bagages pour leurs congés : Cette mère nous apparait assise dans un canapé où elle semble soliloquer longuement mais sa fille est à portée d’oreille et vaque autour d’elle à la préparation des malles, elle répond par monosyllabe à sa mère comme un robot mais les expressions de son visage sont éloquentes. L’opposition entre la mère assise qui bavarde sans fin et la fille silencieuse qui tourne autour d’elle est très réussie.
La mère que tout dérange, distille son venin sur tout son entourage : la pièce vue la veille, le théâtre en général, son défunt marin, sa propre fille,… Elle tient un discours rempli d’animosité et assène à sa fille des propos particulièrement affreux. Fille qui reste admirablement stoïque à l’énoncé de certaines horreurs par sa mère.
Dominique Valadié incarne cette mère infernale avec brio, la moindre nuance du discours est restituée avec justesse. On la hait si facilement, mais quand va-t’elle arrêter de dire des horreurs ? En face, Léna Breban, répond tout en finesse avec ses expressions faciales. Cette première partie est ma préférée.
Dans la seconde partie, nous sommes arrivés à Katwijk et l’auteur découvre la maison et son hôtesse manipulatrice. Y trouvera-t-il une idée pour une nouvelle pièce ?
Christophe Perton fait de la pièce de Thomas Bernhard, un exercice de style pour Dominique Valadié où elle excelle. C’est un peu long à mon gout (2h) et normalement je ne suis pas sensible à ce type de propos mais le personnage de la mère est vraiment passionnant que j’ai vraiment apprécié.
Pour parvenir à supporter des pièces denses, ponctuées de tunnels, il faut des interprètes d’exception. Christophe Perton l’a bien compris en mettant en scène Au but, pièce confidentielle de Thomas Bernhard.
Dans l’écrin anxiogène de la petite salle du Poche, Dominique Valadié phagocyte l’espace telle une Méduse vampirique. À rôle-monstre, comédienne-monstre. Deux heures durant, elle soliloque avec majesté, déesse trônant sur son Olympe désabusé.
Au But est une histoire constante de « flux et de reflux ». La métaphore maritime, rappel du séjour annuel dans la petite station morne de Katwijk, évoque le « stream of consciousness ». Il n’y a pas d’action à proprement parler dans cette pièce caustique de Bernhard. Le verbe, le ressassement mémoriel, le souvenir d’une vie de frustration tiennent lieu de fil conducteur. Une mère et sa fille se disputent à propos d’une pièce : un jeune auteur dramatique tient le haut de l’affiche. À tort ou à raison ? La mère se rend compte en sortant du spectacle que le théâtre la dégoûte : elle n’en peut plus de cette « saleté ».
Fascinant monstre
Bernhard n’est pas tendre avec le théâtre : même Shakespeare ne trouve plus grâce à ses yeux. Comment faire théâtre en démolissant le théâtre ? Dominique Valadié cristallise ce paradoxe en funambule acariâtre. Son personnage de mère indigne et blessante s’avère particulièrement travaillé. Une partition idéale pour la bête de scène qu’est cette immense actrice. Sa voix de petite fille, un brin geignarde et caressante renvoie à une tendresse crispante. On rit jaune avec Madame Valadié. Ses petites piques assénées l’air de rien, avec la tranquillité d’une femme sûre d’elle ravissent. Les horreurs qu’elle adresse à sa fille, les évocations de son raté de mari dont le mantra Tout est bien qui finit bien résonne avec une ironie mordante, sont autant de signaux d’une vie ratée et pleine de rancœur. Le spectacle repose entièrement sur ses épaules. Il ne faut y aller que pour elle car avouons-le, le texte de Bernhard s’étire dans une logique de ressassement qui confine à l’ennui, surtout dans la deuxième partie de la pièce.
Difficile de marcher dans les pas de cette grande dame mais Léna Breban n’a pas à rougir de sa performance. Mutique, la jeune femme exprime une palette d’émotions colorées rien qu’avec son visage. Soumise, complexée, humiliée, révoltée : elle papillonne sans cesse avec sa foule d’habits et ses valises. Habile idée de Christophe Perton d’avoir joué sur l’opposition immobilité hiératique de la mère/agitation permanente de la fille. Malgré cette relation compliqué, les deux actrices savent communiquer une forme d’amour qui repose sur un non-dit. En revanche, Yannick Morzelle est plus vert dans son jeu, la faute à son rôle un peu ingrat de jeune auteur fougueux.
La scénographie élégante et géométrique de Christophe Perton et Barbara Creutz évoque un univers feutré et un brin aride. Un bar chic et aseptisé. Tout le contraire de la mère qui n’a pas sa langue dans sa poche mais qui portera jusqu’au bout les marques d’un engagement sincère et passionné.
Dans l’écrin anxiogène de la petite salle du Poche, Dominique Valadié phagocyte l’espace telle une Méduse vampirique. À rôle-monstre, comédienne-monstre. Deux heures durant, elle soliloque avec majesté, déesse trônant sur son Olympe désabusé.
Au But est une histoire constante de « flux et de reflux ». La métaphore maritime, rappel du séjour annuel dans la petite station morne de Katwijk, évoque le « stream of consciousness ». Il n’y a pas d’action à proprement parler dans cette pièce caustique de Bernhard. Le verbe, le ressassement mémoriel, le souvenir d’une vie de frustration tiennent lieu de fil conducteur. Une mère et sa fille se disputent à propos d’une pièce : un jeune auteur dramatique tient le haut de l’affiche. À tort ou à raison ? La mère se rend compte en sortant du spectacle que le théâtre la dégoûte : elle n’en peut plus de cette « saleté ».
Fascinant monstre
Bernhard n’est pas tendre avec le théâtre : même Shakespeare ne trouve plus grâce à ses yeux. Comment faire théâtre en démolissant le théâtre ? Dominique Valadié cristallise ce paradoxe en funambule acariâtre. Son personnage de mère indigne et blessante s’avère particulièrement travaillé. Une partition idéale pour la bête de scène qu’est cette immense actrice. Sa voix de petite fille, un brin geignarde et caressante renvoie à une tendresse crispante. On rit jaune avec Madame Valadié. Ses petites piques assénées l’air de rien, avec la tranquillité d’une femme sûre d’elle ravissent. Les horreurs qu’elle adresse à sa fille, les évocations de son raté de mari dont le mantra Tout est bien qui finit bien résonne avec une ironie mordante, sont autant de signaux d’une vie ratée et pleine de rancœur. Le spectacle repose entièrement sur ses épaules. Il ne faut y aller que pour elle car avouons-le, le texte de Bernhard s’étire dans une logique de ressassement qui confine à l’ennui, surtout dans la deuxième partie de la pièce.
Difficile de marcher dans les pas de cette grande dame mais Léna Breban n’a pas à rougir de sa performance. Mutique, la jeune femme exprime une palette d’émotions colorées rien qu’avec son visage. Soumise, complexée, humiliée, révoltée : elle papillonne sans cesse avec sa foule d’habits et ses valises. Habile idée de Christophe Perton d’avoir joué sur l’opposition immobilité hiératique de la mère/agitation permanente de la fille. Malgré cette relation compliqué, les deux actrices savent communiquer une forme d’amour qui repose sur un non-dit. En revanche, Yannick Morzelle est plus vert dans son jeu, la faute à son rôle un peu ingrat de jeune auteur fougueux.
La scénographie élégante et géométrique de Christophe Perton et Barbara Creutz évoque un univers feutré et un brin aride. Un bar chic et aseptisé. Tout le contraire de la mère qui n’a pas sa langue dans sa poche mais qui portera jusqu’au bout les marques d’un engagement sincère et passionné.
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