Critiques pour l'événement 2666
24 oct. 2016
7,5/10
681
C'est épuisant à voir, mais on en sort avec plein d'images et flashs qui restent.

Je n'ai pas adhéré à l'ensemble de la pièce. Mais il faut admettre que la mise en scène est impressionnante. La musique jouée en direct est vraiment incroyable. Un peu prise de tête parfois, cette pièce est avant tout une expérience à vivre !
18 sept. 2016
6/10
741
Pour Julien Gosselin, le théâtre est littérature. Après ses Particules élémentaires rock, le jeune metteur en scène monte d’un cran dans ses ambitions en adaptant 2666, le roman-monstre de Roberto Bolaño aux Ateliers Berthier. Une fresque éprouvante de onze heures sur l’héritage, la violence et les traces. Sans conteste créateur d’atmosphère, Gosselin dévoile encore un fois sa maîtrise léchée de la vidéo et sa capacité à fédérer sa troupe. Malgré tout, une impression décousue domine : le public monte à bord de montagnes russes avec triples loopings et ralentissements soporifiques. Cette odyssée vers l’origine du mal et de l’objet littéraire ne s’accomplit pas sans heurts. À vous de picorer…

À la croisée des chemins, 2666 multiplie les pistes dans un fourmillement labyrinthique. Conçue en cinq parties éclatées qui se rejoindront finalement en un tour de force un brin artificiel, l’adaptation brasse avec plus ou moins de bonheur les genres et les adresses : de la sitcom universitaire parodique entraînante aux monologues philosophico-existentialo-historiques un brin plombants en passant par les contes ou l’enquête policière il n’y a qu’un pas. Là résident la force et la faiblesse du spectacle : on y trouve à boire et à manger et la durée XXL de l’entreprise oblige à picorer les moments qui captent notre attention.

Face-à-face avec l’horreur
On retiendra surtout la beauté saisissante des vidéos de Jérémie Bernaert et de Pierre Martin qui parviennent à capter l’érotisme torride d’une scène d’amour à trois, la moiteur glauque d’une rave alcoolisée. On se croirait au cinéma tellement les prises de vue bluffent. Le jeu des comédiens, inégal mais pleinement investi, est percutant : Noémie Gantier, Antoine Ferron et Adama Diop vous saisissent et ne vous lâchent plus.

De la quête de l’écrivain inaccessible à ses origines ; de Ciudad Juárez à l’Allemagne nazie, 2666 s’inscrit dans une pensée et une matérialisation noir sur blanc (la partie des crimes est à cet égard particulièrement éprouvante, impitoyable et émouvante) de l’horreur, du mal, de la douleur et du deuil. On sort de l’Odéon logiquement épuisés : non seulement par ce marathon théâtral mais aussi et surtout par ce déluge noir et rouge de sexualité et de morbide.

La scénographie cubique de Hubert Colas confine les comédiens dans des cloisonnements asphyxiants et enfumés, portés par des riffles métalliques. La solitude de ces existences qui ne se croiseront pas éclate dès lors avec plus de résonance.

2666 se mérite : le parcours est semé d’embûches et l’ennui pointe assez souvent le bout de son nez. Mais avec une tension crescendo et des atmosphères pénétrantes, le charme opère malgré des réserves sur une intensité en dent de scie.