Philippe Caroit Au Balcon

 

La rédaction Au Balcon a interviewé Philippe Caroit, l'acteur de 54 ans actuellement à l'affiche dans la pièce La Société des Loisirs.

 

 

      « Quand j’étais jeune, je ne me voyais pas devenir comédien.

Si vous on vous disait « dans 5 ans, tu deviendras évêque de Paris », vous n’y croiriez pas. Moi c’était pareil…

Je suivais simplement des cours de théâtre par goût quand j’étais en médecine, ce qui m’a aidé à m’assumer, à oser. Ensuite, j’ai eu la chance de décrocher un rôle dans l’adaptation de « L’Ecume des Jours » de Boris Vian et j’ai découvert à quel point j’aimais émouvoir et faire rire.

 

Le vrai coup d'accélérateur pour moi a été de jouer Jésus au Palais des Sports, parce que d'un seul coup j'ai été très médiatisé.

 

En tout cas, je n’ai jamais eu de remord d’avoir quitté mes études de médecine. J'ai toujours suivi mes envies. Si demain je rêve de partir en Afrique et de m'acheter un petit avion taxi je le ferais. Tous mes amis me disaient que j'étais fou d'abandonner médecine en sixième année comme ça, mais je préfère essayer quitte à me casser le nez plutôt que d'avoir des regrets. D’ailleurs, ce qui est sûr, c’est que pour la santé publique, il vaut mieux que je sois comédien…

 

"LA SOCIETE DES LOISIRS, UNE PIECE QUI GRATOUILLE"

 

Pourquoi « La Société des Loisirs » n’est pas une pièce comme les autres ?

 

C’est une pièce très anglo-saxonne écrite par un québécois. Une « tragédie drôle », avec des scènes comiques et d'autres plus tristes où on se demande si Marc ne va pas se planter une balle dans la tête...

Marc, mon rôle, est un personnage désespéré, qui va là où il ne voulait pas aller. Avec sa femme Marie, ils n’ont plus de vie sexuelle ni affective depuis longtemps.

Sans se poser de questions, pour faire comme dans les magazines et dans leur milieu socio-culturel, ils suivent un modèle qui ne leur correspond pas. Ils font ça pour les vacances, pour la maison, pour la voiture, pour les enfants... Quand ils adoptent « le p’tit » par exemple, -qu’ils ne nomment jamais par son prénom- ils ne le font pas par conviction, mais parce que ça fait bien.

 

Dans ce couple, ils sont coincés de tous les côtés, pas heureux, avec un rapport terrible à leurs vies. Donc un moment ça se déchire.

 

Votre pièce parle de la crise de la quarantaine, comment s'est passée la vôtre ?

(Rires)   C'était terrible, terrible ! J'ai toujours été en crise, depuis que je suis ado alors... Je n'ai toujours pas muri, j'ai l'impression que j'ai 30 ans. Ce métier ne nous aide pas à devenir mature, mais je l'entretiens ça. Ce qui me tue le plus, c'est tous les "jeunes vieux" trop posés et sédentarisés qui prennent la poussière.

 

Ses répliques préférées dans « La Société des Loisirs » :

« Tu m’as traitée comme une merde tout à l'heure… Je n'aime pas quand tu me traites comme si j’étais ta femme ! »

« On n’avait pas le temps de faire du bénévolat, alors en adoptant un enfant, on a amené le bénévolat à la maison »

 

Que pouvez-vous nous dire sur la préparation de la pièce ?

Le danger avec cette pièce, c’est qu’il fallait éviter de la « boulevardiser » et de perdre la sincérité des personnages. Même si les gens viennent pour se détendre, les rires sont chargés et ils vont être surpris. C’est une pièce fine, qui « gratouille un peu » et qui raconte beaucoup de chose politiquement incorrectes…

Dans toute la première partie de la pièce, très bien écrite, il faut faire comprendre que ça va mal malgré les non-dits que l'on retrouve chez ce couple. Dans le ton des répliques, on doit sentir qu'ils ne se supportent plus... C'est ça qui est intéressant à jouer.

 

Avez-vous connu des petits ratés en représentation ?

Oui, on a eu des problèmes avec le son qui ne partait pas, et un autre soir où j'avais perdu ma voix et me demandais "comment je vais faire pour lui crier dessus". Mais c’est aussi ça qui fait les grandes joies du théâtre !

 

 

"AU THEATRE, JE N'AIME PAS ETRE PRIS EN OTAGE"

 

Comment est-ce que vous choisissez les pièces dans lesquelles vous jouez au théâtre ?

J'ai beaucoup de propositions donc je suis très sélectif, je n'ai joué que des pièces de théâtre que j'avais vraiment envie de jouer. Alors que j'ai fait des films ou des téléfilms uniquement pour le cadre agréable, comme quand j'avais tourné au Viêt-Nam au mois de février.

Au théâtre, il faut vraiment croire au projet parce qu'à l'arrivée si ça ne marche pas, c'est toi qui est là quand les salles sont vides et c'est un peu déprimant ! Heureusement, je n'ai jamais connu d'échec cuisant.

 

Pendant votre temps libre, quelles sont les pièces de théâtre que vous allez voir ?

Ce que je déteste, c’est m’ennuyer au théâtre lorsqu'on se sent pris en otage. Sinon, je vais voir tous types de pièces même si cette saison le temps me manque avec La Société des Loisirs.

 

 

Rôle qu’il a préféré joué : Le Marquis de Forlipopoli, un personnage "complétement déglingué" dans La Locandiera, de Carlo Goldoni

 

Rôle qui lui trotte dans la tête depuis longtemps : Cyrano de Bergerac, "le plus grand rôle du répertoire français"

 

Pièce à laquelle il offre un mini-Molière AuBalcon: "J'ai adoré" Le Père, de Florian Zeller

 

 

Quels sont vos projets pour l'an prochain ?

Je termine d’écrire une comédie contemporaine, à décor unique et 4 personnages. Je participe à des tournages, adapte une pièce pour laquelle je recherche le rôle principal...

Et dès que je ne travaille plus, je peins, ça prend le relais.

 

 

Merci à Philippe Caroit de nous avoir accordé cette interview. « Comme les hommes politiques », il sait toujours dévier les questions pour parler de ce dont il a envie. Même s'il a été satisfait de l’interview, il aurait aimé qu’on lui demande comment il prépare ses pâtes, car il a un vrai savoir-faire tout droit venu d’Italie !

 

L'article vous a plu ? Attribuez-lui un Mini-Molière !