Ses critiques
1 critique
0,5/10
Il n'y a aucun sens à trouver ! La pièce ne s'adresse pas à des "initiés un peu fous"... Elle ne s'adresse à personne, c'est une imposture : Castellucci se fait plaisir et prend le public en otage — qui, soit dit en passant, ne se laisse heureusement pas toujours faire et n'hésite pas à déserter la salle pendant la performance et surtout à l'entracte.
Même la plus naïve et maladroite des troupes amateur nous proposerait un spectacle plus digne de ce nom.
L'Orestie de Castellucci est non seulement laide, inesthétique, bruyante, choquante 'ad nauseam' et dépourvue de sens, mais surtout, elle est d'une bêtise et d'une prétention inouïes ! Il faut lire le texte du metteur en scène reproduit dans le livret remis aux spectateurs à l'entrée du spectacle.
Pour commencer, Monsieur C. aspire de créer rien moins qu'une "Théorie du Tragique" (avec majuscules s'il vous plaît !) qu'il explicite pompeusement de la sorte : "le mythe (...) comme une machine sortie de l'esprit, met en scène les dysfonctionnements de l’être dans un cadre humain de ruine artificielle"... Vous comprenez quelque chose ? Le mythe, une "machine" ? "Un cadre humain de ruine artificielle" ? Monsieur C. ne comprend même pas ce qu'il dit en encore moins ce qu'il fait. Et ce serait au valeureux spectateur d'en décrypter le sens ? Non, il n'y a aucun sens à trouver.
Continuons : "Le théâtre grec met en place la scène de l'erreur". Soit. Et il poursuit aussitôt en ces termes : "C'est toujours une question d'erreur de lieu". Ah bon ? Alors, là, je ne suis plus. Les tragédies d'Oedipe, d'Antigone, d'Electre, d'Oreste, etc. ne sont, au final, qu'un problème de "lieu" ? Grotesque ! A moins qu'il ne parle ici du pauvre spectateur ahuri qui, en venant à l'Odéon ce soir-là, s'est bien trompé de "lieu", de "scène", et a fait une grossière "erreur" en se déplaçant ! Car avec Monsieur C., nous n'assistons pas à "la scène de l'erreur", mais plutôt à "la scène de l'horreur".
D'autres phrases incongrues parsèment son petit laïus : il nous parle de "douleurs (...) prises aux deux extrémités de la même chaîne morale de l'être". De quoi s'agit-il ? Peut-il expliquer ce qu'il entend par "chaîne morale" ? Ah, le cuistre ! Bien sûr que non, il en est incapable !
Il balance des mots sans en peser le sens, pour juste faire du sensationnel. De même que sur scène, il balance des objets, des corps, des animaux, des effets de lumière et des bruitages sans liens entre eux : c'est bien cette discontinuité, cette absence de vision d'ensemble qui crée une rupture du sens. C'est juste insensé. Les scènes choquantes pouvant heurter la sensibilité des moins de 16 ans (nous sommes avertis d'entrée) n'ont aucune profondeur éthique ou esthétique : elles sont gratuites, non motivées et lourdingues (les pauvres acteurs pataugent dans des litres de faux sang qui ne rendent dupe personne). Or, comme chez beaucoup d'artistes contemporains, l'insolence gratuite fait perdre toute force à l'oeuvre. N'avoir d'autre but que de vouloir déplaire, scandaliser ou commotionner le spectateur ne mène pas très loin. En plus de manquer d'ambition, ce type de provocation autotélique annihile l'oeuvre, la détruit dans l'oeuf. C'est une mécanique qui s'épuise toute seule et qui lasse très vite.
Mais le Cuistre s'obstine : scène après scène, il en rajoute. Plus c'est insoutenable, mieux c'est, croit-il !
C'est une sorte de surenchère massive, dépourvue de subtilité et de second degré. Et le rythme manque. Les scènes sont longues, trop longues et usent le spectateur. Ce Monsieur C. n'a pas le sens du rythme, pas plus qu'il ne sait diriger des acteurs. Du reste, les pauvres baladins ne semblent guère l'intéresser : ils n'ont pas de visage -- la plupart sont masqués ou dans l'ombre --, ils n'ont pas d'expression, ni même de voix (ils parlent à travers un micro, de sorte qu'on les confondrait avec une voix off), ils sont réduits à leurs corps. Monsieur C. l'avoue d'ailleurs : "le théâtre antique et moderne que je respecte est inhumain". L'acteur n'est plus un acteur, pas même un mime ou un histrion, pas même un humain, il n'est plus qu'un corps en mouvement, un amas de chair. Mais l'exposition brute de la chair et de la nudité ne suffit pas créer de l'"organique". Ce parti pris est bien naïf. En effet, il est bien des pièces ou des films où beaucoup de vêtements, de voiles, et très peu de chair découverte sont déployés et s'avèrent être bien plus efficaces pour faire naître un certain érotisme ou un sentiment de crudité organique chez le spectateur. Ici, cela ne fonctionne pas. C'est juste de l'exhibitionnisme ; c'est le zoo. Car de toute évidence, Monsieur C. ne manie pas la délicatesse et l'art de la nuance.
De même dans ses idées ; ce n'est rien moins que discours pédant et confus : avez-vous déjà vu une "lumière amniotique" ? Éprouvez-vous la "puissance d'engendrer qui se développe de façon atomique" ? Connaissez-vous la "Gleichgewicht" d'Hölderlin à la sauce Castellucci, à savoir cette "perte de différence, dont la mise en scène est le vrai motif de la tragédie, donc chaque droit semble contrebalancer celui de l'autre d'une façon parfaitement égale" ? Alors, là, vous pouvez pouffer de rire… la phrase ne veut rien dire, même grammaticalement. Et celle-ci n'est pas mieux : "Êtres humains et animaux portent, littéralement, ce qu'il veulent dire avant d'ouvrir la bouche, de telle sorte que le corps soit un passage de sortie et de résolution de l'écriture organique". Ha ha ha !
J'aime bien aussi cet étalage de pathos benêt : "chaque homme qui souffre est viande 'de boucherie'". De l'esbroufe, rien que de l'esbroufe.
Sans compter certaines absurdités : mélanger "Alice aux pays des merveilles" et "Iphigénie"... Cela donne : "Iphigénie rencontra un lapin qui avait une montre a gousset et elle le suivit et tomba dans un puits..."
Ce détournement stupide d'Eschyle et de Lewis Carol ne signifie rien ! C'est juste pesant et idiot.
Et qu'on ne nous dise pas que c'est stimulant intellectuellement : c'est d'une bêtise crasse. A propos de bêtes, justement, on se demande quel est l'intérêt de faire monter sur scène deux chevaux, qui ne restent pas plus d'une minute en scène et qu'on voit à peine dans l'obscurité, puis qui repartent ? Juste pour faire du spectaculaire ? Sans parler des autres animaux qui viennent ensuite, chèvre, singes... la ménagerie à l'Odéon. Le spectateur a de l'imagination, pourtant, et M. Cuistre semble l'oublier : il est non seulement inutile de faire venir de vrais animaux sur scène mais surtout contre-productif. Ils transforment la scène en zoo et les comédiens en bêtes de foire. Ridicule.
C'est la même logique gratuite du petit garçon qui veut jouer avec ses joujoux, les exhibe et les mélange n'importe comment : quel rapport entre l'univers sado-masochiste et "Alice au pays des merveilles" ? Entre Agamemnon et un lapin narrateur ? Entre une femme obèse enfermée dans une cage en verre et un acteur trisomique couronné ? Entre la vengeance de Clytemnestre à la voix d'homme et un décor industriel gris et froid rehaussé d'une épouvantable bande-son à faire exploser les tympans ? ... Aucun, bien sûr ! Et je n'ose même pas parler du texte d'Eschyle qu'on peine à retrouver, qui a été tronçonné, déchiqueté, massacré et mélangé à ses citations de Bacon, de Carol ou de Picasso, et même parfois ponctué de "Va fa enculo"... (très élégant!). Ma liste des absurdités pourrait s'allonger tant et plus et démontre la prétention affichée d'un metteur en scène idiot qui ne comprend rien aux symboles qu'il manipule en faisant étalage d'un immense foutoir...
Je n'ose même pas dire "joyeux bordel", car il n'y a rien de "joyeux". On aimerait rire devant tant de stupidités, mais on n'y arrive même pas. Même le spectateur le plus curieux, le plus ouvert d'esprit, le plus averti ne trouverait aucun nectar à tirer de cette infâme performance : ni plaisir scénographique, ni plaisir du texte, ni plaisir dramatique.
Pourtant, je suis d'avis que les grandes oeuvres, qu'elles soient musicales, littéraires, théâtrales, picturales ou autres, ont pour dessein d'élever le spectateur, l'auditeur ou le regardeur. L'élever esthétiquement, intellectuellement ou émotionnellement. Point de tout cela ici : j'en ressors avec de la merde dans les yeux et dans les oreilles ; je ne connaissais rien à la trilogie de l'Orestie et j'espérais que cette pièce allait m'éclairer et me rendre plus intelligente, plus cultivée ; j'espérais qu'elle allait me "plaire" et m"instruire" comme l'auraient voulu un Horace ou un Boileau... mais il n'en fut rien. Je n'ai rien compris, rien appris de la tragédie d'Eschyle. L'émotion, quant à elle, fut absente : je suis restée de marbre, je n'ai ni ri, ni pleuré, je n'ai ressenti ni "crainte" ni "pitié" comme l'auraient sans doute souhaité un Aristote ou un Racine.
Les outrances de M. Cuistre ne m'ont même pas outragée : j'ai seulement éprouvé un ennui profond et le sentiment d'avoir perdu mon temps.
J'ai aussi ressenti un profond mépris pour tous ces soi-disant artistes qui se croient malins mais qui, dans le fond, manquent absolument de culture, de générosité et de bienséance ; qui n'ont rien à donner mais juste à exhiber leurs enfantillages narcissiques devant un public trop compréhensif, patient et pourtant malmené. Je n'ai que du dédain pour ces "artistoïdes" irrévérencieux qui usurpent leur titre et ne font que dégrader la condition humaine au lieu de l'élever. Monsieur C. se targue de ne s'intéresser qu'à la tradition théâtrale qui le lie au "pessimisme anthropologique" et il ne croit pas si bien dire : c'est en voyant une pièce de Monsieur C. que je deviens pessimiste quant au sort de notre humanité !
On pardonnerait pourtant à Monsieur C. s'il avait l'humilité de l'artiste vrai et le sens du repentir : cette oeuvre serait une erreur de jeunesse, réalisée en 1995, encore tâtonnante, bourrée de maladresses et d'inepties. Soit. Mais Monsieur C. s'entête : 20 ans après il est fier de la remonter et de la remontrer à nouveau, telle quelle, sans le moindre souci de s'amender ! Et là, on ne pardonne plus.
Même la plus naïve et maladroite des troupes amateur nous proposerait un spectacle plus digne de ce nom.
L'Orestie de Castellucci est non seulement laide, inesthétique, bruyante, choquante 'ad nauseam' et dépourvue de sens, mais surtout, elle est d'une bêtise et d'une prétention inouïes ! Il faut lire le texte du metteur en scène reproduit dans le livret remis aux spectateurs à l'entrée du spectacle.
Pour commencer, Monsieur C. aspire de créer rien moins qu'une "Théorie du Tragique" (avec majuscules s'il vous plaît !) qu'il explicite pompeusement de la sorte : "le mythe (...) comme une machine sortie de l'esprit, met en scène les dysfonctionnements de l’être dans un cadre humain de ruine artificielle"... Vous comprenez quelque chose ? Le mythe, une "machine" ? "Un cadre humain de ruine artificielle" ? Monsieur C. ne comprend même pas ce qu'il dit en encore moins ce qu'il fait. Et ce serait au valeureux spectateur d'en décrypter le sens ? Non, il n'y a aucun sens à trouver.
Continuons : "Le théâtre grec met en place la scène de l'erreur". Soit. Et il poursuit aussitôt en ces termes : "C'est toujours une question d'erreur de lieu". Ah bon ? Alors, là, je ne suis plus. Les tragédies d'Oedipe, d'Antigone, d'Electre, d'Oreste, etc. ne sont, au final, qu'un problème de "lieu" ? Grotesque ! A moins qu'il ne parle ici du pauvre spectateur ahuri qui, en venant à l'Odéon ce soir-là, s'est bien trompé de "lieu", de "scène", et a fait une grossière "erreur" en se déplaçant ! Car avec Monsieur C., nous n'assistons pas à "la scène de l'erreur", mais plutôt à "la scène de l'horreur".
D'autres phrases incongrues parsèment son petit laïus : il nous parle de "douleurs (...) prises aux deux extrémités de la même chaîne morale de l'être". De quoi s'agit-il ? Peut-il expliquer ce qu'il entend par "chaîne morale" ? Ah, le cuistre ! Bien sûr que non, il en est incapable !
Il balance des mots sans en peser le sens, pour juste faire du sensationnel. De même que sur scène, il balance des objets, des corps, des animaux, des effets de lumière et des bruitages sans liens entre eux : c'est bien cette discontinuité, cette absence de vision d'ensemble qui crée une rupture du sens. C'est juste insensé. Les scènes choquantes pouvant heurter la sensibilité des moins de 16 ans (nous sommes avertis d'entrée) n'ont aucune profondeur éthique ou esthétique : elles sont gratuites, non motivées et lourdingues (les pauvres acteurs pataugent dans des litres de faux sang qui ne rendent dupe personne). Or, comme chez beaucoup d'artistes contemporains, l'insolence gratuite fait perdre toute force à l'oeuvre. N'avoir d'autre but que de vouloir déplaire, scandaliser ou commotionner le spectateur ne mène pas très loin. En plus de manquer d'ambition, ce type de provocation autotélique annihile l'oeuvre, la détruit dans l'oeuf. C'est une mécanique qui s'épuise toute seule et qui lasse très vite.
Mais le Cuistre s'obstine : scène après scène, il en rajoute. Plus c'est insoutenable, mieux c'est, croit-il !
C'est une sorte de surenchère massive, dépourvue de subtilité et de second degré. Et le rythme manque. Les scènes sont longues, trop longues et usent le spectateur. Ce Monsieur C. n'a pas le sens du rythme, pas plus qu'il ne sait diriger des acteurs. Du reste, les pauvres baladins ne semblent guère l'intéresser : ils n'ont pas de visage -- la plupart sont masqués ou dans l'ombre --, ils n'ont pas d'expression, ni même de voix (ils parlent à travers un micro, de sorte qu'on les confondrait avec une voix off), ils sont réduits à leurs corps. Monsieur C. l'avoue d'ailleurs : "le théâtre antique et moderne que je respecte est inhumain". L'acteur n'est plus un acteur, pas même un mime ou un histrion, pas même un humain, il n'est plus qu'un corps en mouvement, un amas de chair. Mais l'exposition brute de la chair et de la nudité ne suffit pas créer de l'"organique". Ce parti pris est bien naïf. En effet, il est bien des pièces ou des films où beaucoup de vêtements, de voiles, et très peu de chair découverte sont déployés et s'avèrent être bien plus efficaces pour faire naître un certain érotisme ou un sentiment de crudité organique chez le spectateur. Ici, cela ne fonctionne pas. C'est juste de l'exhibitionnisme ; c'est le zoo. Car de toute évidence, Monsieur C. ne manie pas la délicatesse et l'art de la nuance.
De même dans ses idées ; ce n'est rien moins que discours pédant et confus : avez-vous déjà vu une "lumière amniotique" ? Éprouvez-vous la "puissance d'engendrer qui se développe de façon atomique" ? Connaissez-vous la "Gleichgewicht" d'Hölderlin à la sauce Castellucci, à savoir cette "perte de différence, dont la mise en scène est le vrai motif de la tragédie, donc chaque droit semble contrebalancer celui de l'autre d'une façon parfaitement égale" ? Alors, là, vous pouvez pouffer de rire… la phrase ne veut rien dire, même grammaticalement. Et celle-ci n'est pas mieux : "Êtres humains et animaux portent, littéralement, ce qu'il veulent dire avant d'ouvrir la bouche, de telle sorte que le corps soit un passage de sortie et de résolution de l'écriture organique". Ha ha ha !
J'aime bien aussi cet étalage de pathos benêt : "chaque homme qui souffre est viande 'de boucherie'". De l'esbroufe, rien que de l'esbroufe.
Sans compter certaines absurdités : mélanger "Alice aux pays des merveilles" et "Iphigénie"... Cela donne : "Iphigénie rencontra un lapin qui avait une montre a gousset et elle le suivit et tomba dans un puits..."
Ce détournement stupide d'Eschyle et de Lewis Carol ne signifie rien ! C'est juste pesant et idiot.
Et qu'on ne nous dise pas que c'est stimulant intellectuellement : c'est d'une bêtise crasse. A propos de bêtes, justement, on se demande quel est l'intérêt de faire monter sur scène deux chevaux, qui ne restent pas plus d'une minute en scène et qu'on voit à peine dans l'obscurité, puis qui repartent ? Juste pour faire du spectaculaire ? Sans parler des autres animaux qui viennent ensuite, chèvre, singes... la ménagerie à l'Odéon. Le spectateur a de l'imagination, pourtant, et M. Cuistre semble l'oublier : il est non seulement inutile de faire venir de vrais animaux sur scène mais surtout contre-productif. Ils transforment la scène en zoo et les comédiens en bêtes de foire. Ridicule.
C'est la même logique gratuite du petit garçon qui veut jouer avec ses joujoux, les exhibe et les mélange n'importe comment : quel rapport entre l'univers sado-masochiste et "Alice au pays des merveilles" ? Entre Agamemnon et un lapin narrateur ? Entre une femme obèse enfermée dans une cage en verre et un acteur trisomique couronné ? Entre la vengeance de Clytemnestre à la voix d'homme et un décor industriel gris et froid rehaussé d'une épouvantable bande-son à faire exploser les tympans ? ... Aucun, bien sûr ! Et je n'ose même pas parler du texte d'Eschyle qu'on peine à retrouver, qui a été tronçonné, déchiqueté, massacré et mélangé à ses citations de Bacon, de Carol ou de Picasso, et même parfois ponctué de "Va fa enculo"... (très élégant!). Ma liste des absurdités pourrait s'allonger tant et plus et démontre la prétention affichée d'un metteur en scène idiot qui ne comprend rien aux symboles qu'il manipule en faisant étalage d'un immense foutoir...
Je n'ose même pas dire "joyeux bordel", car il n'y a rien de "joyeux". On aimerait rire devant tant de stupidités, mais on n'y arrive même pas. Même le spectateur le plus curieux, le plus ouvert d'esprit, le plus averti ne trouverait aucun nectar à tirer de cette infâme performance : ni plaisir scénographique, ni plaisir du texte, ni plaisir dramatique.
Pourtant, je suis d'avis que les grandes oeuvres, qu'elles soient musicales, littéraires, théâtrales, picturales ou autres, ont pour dessein d'élever le spectateur, l'auditeur ou le regardeur. L'élever esthétiquement, intellectuellement ou émotionnellement. Point de tout cela ici : j'en ressors avec de la merde dans les yeux et dans les oreilles ; je ne connaissais rien à la trilogie de l'Orestie et j'espérais que cette pièce allait m'éclairer et me rendre plus intelligente, plus cultivée ; j'espérais qu'elle allait me "plaire" et m"instruire" comme l'auraient voulu un Horace ou un Boileau... mais il n'en fut rien. Je n'ai rien compris, rien appris de la tragédie d'Eschyle. L'émotion, quant à elle, fut absente : je suis restée de marbre, je n'ai ni ri, ni pleuré, je n'ai ressenti ni "crainte" ni "pitié" comme l'auraient sans doute souhaité un Aristote ou un Racine.
Les outrances de M. Cuistre ne m'ont même pas outragée : j'ai seulement éprouvé un ennui profond et le sentiment d'avoir perdu mon temps.
J'ai aussi ressenti un profond mépris pour tous ces soi-disant artistes qui se croient malins mais qui, dans le fond, manquent absolument de culture, de générosité et de bienséance ; qui n'ont rien à donner mais juste à exhiber leurs enfantillages narcissiques devant un public trop compréhensif, patient et pourtant malmené. Je n'ai que du dédain pour ces "artistoïdes" irrévérencieux qui usurpent leur titre et ne font que dégrader la condition humaine au lieu de l'élever. Monsieur C. se targue de ne s'intéresser qu'à la tradition théâtrale qui le lie au "pessimisme anthropologique" et il ne croit pas si bien dire : c'est en voyant une pièce de Monsieur C. que je deviens pessimiste quant au sort de notre humanité !
On pardonnerait pourtant à Monsieur C. s'il avait l'humilité de l'artiste vrai et le sens du repentir : cette oeuvre serait une erreur de jeunesse, réalisée en 1995, encore tâtonnante, bourrée de maladresses et d'inepties. Soit. Mais Monsieur C. s'entête : 20 ans après il est fier de la remonter et de la remontrer à nouveau, telle quelle, sans le moindre souci de s'amender ! Et là, on ne pardonne plus.