Nos petits secrets

« Nos petits secrets » de Romaric Poirier dans une mise en scène d’Arnaud Caron au théâtre Le Mélo d’Amélie ou les révélations d’une cohabitation pleine de surprises.

Sur le thème de la cohabitation, très en vogue ces dernières années, qu’elle soit entre autres culturelle, politique, ou sociale, nos quatre héros d’une soirée vont aller de confidences en confidences, pour finalement avouer des secrets bien gardés dans leurs âmes, dans leurs chairs…peut-être inavouables…

Par une belle soirée d’été à la nuit prometteuse, sur la terrasse d’un mas provençal au charme indéniable vont se côtoyer quatre personnes qui normalement n’avaient aucune raison de se rencontrer. Mais le destin, les circonstances vont nous démontrer le contraire. Que sont-ils venus faire dans cette galère au lieu de se reposer ? Le but de leur voyage ?

L’affiche de la pièce, très colorée, donne un avant-goût des caractères hauts en couleur des protagonistes.
Commençons par cet homme d’église, ce prêtre quelque peu accroc à cette nouvelle technologie qui envahit de plus en plus nos espaces de liberté : le téléphone portable, téléphone qui aujourd’hui n’en a plus que le nom.
A peine arrivé sur place, il n’a qu’une obsession avoir du réseau afin de pouvoir rester connecté avec ses fidèles et rester dans l’air du temps avec ses « followers ». Une appellation appropriée dans ces circonstances. Un rôle joué tout en légèreté par Matthieu Gautier, Matthieu avec deux T comme pour l’apôtre, un prénom prédestiné pour ce rôle très enjoué.
Vient se greffer une institutrice très coincée dans beaucoup de domaines qu’elle nous dévoilera au fur et à mesure de ses interventions. Mais en fin de compte, cette cohabitation lui serait peut-être plus profitable qu’elle ne le pensait. Cécile Coves donne toute son énergie à ce personnage pour montrer qu’il existe et qu’il a des valeurs honorables sous certains côtés.
Le personnage iconoclaste de la bande se présente sous la forme d’un acteur porno qui se verrait bien à l’avenir plus dans des rôles à la Rohmer qu’à la Marc Dorcel. Un passé lourd à porter pour un homme soi-disant libéré mais qui est plus pudique qu’il n’y paraît. Dans la peau de ce bel étalon qui pense avoir marqué la vie de plus d’une femme, allons soyons fous ! de centaines de femmes c’est Cyril Benoit qui lui donne vie. Une vie pleine de secrets qui l’ont obligé à revenir dans ce mas qu’il a bien connu, mais vous n’en saurez pas plus…
Et pour clore cette belle brochette de « notables » dans ce joli mas, nous accueillerons une belle femme sur le point de partir en vacances avec son mari mais qui a besoin de se ressourcer une nuit avant d’affronter le diable…une crise de couple sera son alibi…La sulfureuse Floriane Jourdain avec charme et désinvolture en fera voir des vertes et des pas mûres à ses compagnons d’une soirée.

Voilà l’action est plantée, et c’est dans un lot de quiproquos aux situations amusantes que ces joyeux drilles vont être amenés à se dévoiler les uns aux autres. Confier leurs secrets qui en fin de compte les libéreront d’un poids qui les empêchait d’avancer dans leurs vies. Un voyeurisme dont les spectateurs raffolent et qu’a bien compris l’auteur.
Un voyeurisme dans une folle course poursuite d’une vérité qui peut-être fracassante et mis en scène joyeusement par Arnaud Caron dans une scénographie de Nils Zachariasen et le décor de Maxime Pelois.

Une comédie à la légèreté distrayante qui n’a d’autre ambition que d’évader votre esprit des tracas de votre journée de travail. Ils le font pour vous, avec générosité et dans la bonne humeur.

Une très chouette pièce, du très bon boulevard avec une une équipe de comédiens au top, drôles, attachants, touchants, barrés.
Une histoire assez originale qui du coup change des nombreuses pièces sur les couples.
Allez-y, vous passerez un très bon moment.