- Avignon
- Théâtre du Roi René
- Avignon
Noce

Mis en scène par Pierre Notte
7/10
- Théâtre du Roi René
- 4, rue Grivolas
- 84000 Avignon
Itinéraire
Billets de 16,00 à 35,00 €
Evénement plus programmé pour le moment
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Noce, c’est l’aventure fantastique de cinq personnages refoulés à l’entrée d’une fête.
On leur en refuse l’accès, ils feront tout pour franchir les obstacles, forcer les portes et être de la fête, coûte que coûte.
La compagnie de La Porte au Trèfle, avec Pierre Notte à la mise en scène, s’empare d’une œuvre troublante d’actualité, tragique et drôle, qui intrigue, dérape, explose, raconte méchamment la revanche des repoussés.
Toutes les critiques
Encore un spectacle vu en Avignon et dont je n'avais pas eu l'opportunité de parler jusqu'à présent.
Il donne l'opportunité d'entendre une chanson peu connue de Nicole Croisille, écrite par Luc Plamandon en 1980, Mon arc-en-ciel. Je ne dirai pas que c'est une surprise puisque le metteur en scène Pierre Notte connait bien la chanteuse à qui il a même donné un rôle dans sa pièce Night in white Satie l'année dernière.
Ce choix musical illustre bien le propos de cette Noce, présentée comme la farce cruelle des laissés pour compte qui font tout pour s'imposer à la cérémonie à laquelle ils prétendent avoir été invités.
On ne saura jamais qui ils sont et quel lien éventuel il y aurait entre eux si ce n'est qu'ils sont cinq en comptant la narratrice (peut-être est-ce pour cela qu'elle est équipée d'un micro HF qui aura dérangé plus d'un spectateur dans cette salle minuscule).
Avec elle, ou menés par elle on reconnait l’Enfant, le Monsieur, l’Homme, la Femme et la Dame. Ils veulent tous assister à cette noce à laquelle aucun n'est invité. Ils usent et abusent de subterfuges pour s'infiltrer parmi les invités, des centaines à ce qu'il parait. Leur progression a souvent des allures de radeau de la méduse qui leur permet de passer les barrages, les policiers, les domestiques qui finissent par avoir des failles.
Ils prétendent avoir été invités et enfin ils y seront. Relégués au fin fond d’une enfilade de salles de réceptions plus majestueuses les unes que les autres, ils sont finalement installés tout au bout, bien loin des mariés et de leurs familles. Mais qu’importe, il fallait être là, même loin, même tout petits.
La soirée se déroulera d’abord selon le rituel : on fait connaissance, on attend les plats, on invente des bons mots, des discours avortent en riant… Puis tout prend un tour surréaliste ; l’amertume, l’envie, la naïveté aussi vont amener ces personnes aux actes les plus fous. Mus par le besoin irraisonné de voir, de savoir, de connaître, ils vont se livrer au pillage.
Le message est terrible. Même une fois admis dans le sacro saint fantasmé personne ne s'y reconnait suffisamment pour le respecter et chacun se comportera comme il est désigné, ... une bête sociale. Rien ne subsistera de ce monde qui n’est pas le leur et où il n'ont aucune place possible.
Pierre Notte décrypte l'oeuvre de la manière suivante : "Jean-Luc Lagarce écrit Noce comme Buñuel filme Viridiana. Sans concession, sans merci, sans tomber dans aucun piège de la dénonciation moralisatrice, le bien du côté des exclus, le mal du côté des nantis, et on compatit, merci pour tout et à bientôt. Il écrit Noce comme Les Prétendants, fables politiques, satires ou contes, sans pitié pour personne. Le mal, l’ordure, c’est le système, qui pourrit tout, et tout le monde. C’est une fête macabre, où l’humanité vire au carnage quand elle comprend son erreur, piégée par le système".
L'absence de décor est fort judicieuse puisque ce choix permet de tout imaginer en fonction de découpes de lumières très suggestives. La grande table qui est l'accessoire essentiel est tour à tour le symbole du banquet, mais aussi de la trahison (on pense à la Cène) et le dernier rempart. Les comédiens portent le spectacle comme une offrande. c'est magistral.
Parmi eux Grégory Barco qui est l'auteur de Louise, joué au festival à l'Arrache-coeur avec son camarade Bertrand Degrémont (et Nicole Calfan mais qui elle, ne participe pas à la fête de ce soir) ... témoignant qu'Avignon est bien petit. Quant à la présence de Pierre Notte au festival elle est multiple.
Il donne l'opportunité d'entendre une chanson peu connue de Nicole Croisille, écrite par Luc Plamandon en 1980, Mon arc-en-ciel. Je ne dirai pas que c'est une surprise puisque le metteur en scène Pierre Notte connait bien la chanteuse à qui il a même donné un rôle dans sa pièce Night in white Satie l'année dernière.
Ce choix musical illustre bien le propos de cette Noce, présentée comme la farce cruelle des laissés pour compte qui font tout pour s'imposer à la cérémonie à laquelle ils prétendent avoir été invités.
On ne saura jamais qui ils sont et quel lien éventuel il y aurait entre eux si ce n'est qu'ils sont cinq en comptant la narratrice (peut-être est-ce pour cela qu'elle est équipée d'un micro HF qui aura dérangé plus d'un spectateur dans cette salle minuscule).
Avec elle, ou menés par elle on reconnait l’Enfant, le Monsieur, l’Homme, la Femme et la Dame. Ils veulent tous assister à cette noce à laquelle aucun n'est invité. Ils usent et abusent de subterfuges pour s'infiltrer parmi les invités, des centaines à ce qu'il parait. Leur progression a souvent des allures de radeau de la méduse qui leur permet de passer les barrages, les policiers, les domestiques qui finissent par avoir des failles.
Ils prétendent avoir été invités et enfin ils y seront. Relégués au fin fond d’une enfilade de salles de réceptions plus majestueuses les unes que les autres, ils sont finalement installés tout au bout, bien loin des mariés et de leurs familles. Mais qu’importe, il fallait être là, même loin, même tout petits.
La soirée se déroulera d’abord selon le rituel : on fait connaissance, on attend les plats, on invente des bons mots, des discours avortent en riant… Puis tout prend un tour surréaliste ; l’amertume, l’envie, la naïveté aussi vont amener ces personnes aux actes les plus fous. Mus par le besoin irraisonné de voir, de savoir, de connaître, ils vont se livrer au pillage.
Le message est terrible. Même une fois admis dans le sacro saint fantasmé personne ne s'y reconnait suffisamment pour le respecter et chacun se comportera comme il est désigné, ... une bête sociale. Rien ne subsistera de ce monde qui n’est pas le leur et où il n'ont aucune place possible.
Pierre Notte décrypte l'oeuvre de la manière suivante : "Jean-Luc Lagarce écrit Noce comme Buñuel filme Viridiana. Sans concession, sans merci, sans tomber dans aucun piège de la dénonciation moralisatrice, le bien du côté des exclus, le mal du côté des nantis, et on compatit, merci pour tout et à bientôt. Il écrit Noce comme Les Prétendants, fables politiques, satires ou contes, sans pitié pour personne. Le mal, l’ordure, c’est le système, qui pourrit tout, et tout le monde. C’est une fête macabre, où l’humanité vire au carnage quand elle comprend son erreur, piégée par le système".
L'absence de décor est fort judicieuse puisque ce choix permet de tout imaginer en fonction de découpes de lumières très suggestives. La grande table qui est l'accessoire essentiel est tour à tour le symbole du banquet, mais aussi de la trahison (on pense à la Cène) et le dernier rempart. Les comédiens portent le spectacle comme une offrande. c'est magistral.
Parmi eux Grégory Barco qui est l'auteur de Louise, joué au festival à l'Arrache-coeur avec son camarade Bertrand Degrémont (et Nicole Calfan mais qui elle, ne participe pas à la fête de ce soir) ... témoignant qu'Avignon est bien petit. Quant à la présence de Pierre Notte au festival elle est multiple.
On entend rien, on ne comprend rien, la plupart des acteurs sont hystériques et ne savent pas ce qu'ils jouent.
Sans doute est ce La faute de la mise en scène.
Je déconseille... c'est rude !
Sans doute est ce La faute de la mise en scène.
Je déconseille... c'est rude !
Les oubliés du bonheur, bannis du confort et de la décence, humiliés de voir sans toucher, de sentir sans gouter… Que font-ils de leurs rancœurs d’opprimés, de cette ignoble réalité qui les prive, les frustre et les punit de n’être qu’eux-mêmes, ces nouveaux Tuchins ou Croquants d’un autre siècle ? Ils courbent l’échine ? Ils plient sous le joug des riches et des nantis ? Ils abandonnent ?...
Non ! Chez Jean-Luc Lagarce, ils se révoltent, ils s’invitent à la fête, à cette Noce « ... comme si vous y étiez, disaient les affiches. Mais nous n’y étions pas ! ».
NOCE est écrite en 1982. Cette pièce rebondit sur les sentiments d’injustice sociale, d’insoumission au pouvoir et sur les velléités de révolte qui naissent et grandissent dans les rangs des insurgés de l’ordre établi, oppresseur et puissant.
Ce récit fantastique aux contours métaphoriques et farcesques fait mouche par ses situations grinçantes devenant peu à peu délirantes pour finir dans une forme d’apothéose apocalyptique. Les répliques cinglantes, aux allures d’ostinato propres à l’auteur, nous impressionnent tant elles se rapprochent de ce qu’il nous semble être une sorte de défouloir, libérateur des pulsions refoulées des cinq personnages.
Nous nous laissons prendre au jeu et nous restons cois devant cette folle frénésie, devant ce délire de révolte, son outrance et son jusqu’au boutisme éperdu conduisant au chaos. La révolution des insoumis, des privés-de-tout gagne du terrain progressivement. Se terminera-t-elle en un retournement désastreux où les nantis chassés seront remplacés par leurs chasseurs ?
La mise en scène de Pierre Notte renforce la dimension fantasmagorique et l’incongruité hilarante de la pièce par des touches de mise en abyme. Le savoureux jeu dedans/dehors où les comédiens interpellent la régie-son pour baisser ou arrêter la musique ; la chanson de l’arc en ciel chantée régulièrement en off dont on garde un essai merveilleusement loupé ; les indications de jeux données entre les comédiens eux-mêmes… Autant de subterfuges qui nous rappellent que nous sommes au théâtre et que tout ceci n’est qu’une représentation de la vie. Par ailleurs, il imprime un tempo à l’ensemble qui développe l’argument dans un crescendo foldingue où il nous faut rester accrochés à nos bancs pour tout suivre, parmi les rires, les objets qui volent et les comédiens qui explosent.
Une distribution déchainée qui dévaste tout sur son passage et qui nous fait sourire puis rire tout en nous maintenant spectateurs attentifs et incrédules de ce que nous voyons.
Il y a un bon peu d’audace, beaucoup de drôlerie caustique et croustillante et pas mal de messages dans ce spectacle riche et surprenant. À voir sans hésiter pour découvrir ce texte superbe, savourer sa mise en vie et les jeux incroyablement débridés des comédiens.
Non ! Chez Jean-Luc Lagarce, ils se révoltent, ils s’invitent à la fête, à cette Noce « ... comme si vous y étiez, disaient les affiches. Mais nous n’y étions pas ! ».
NOCE est écrite en 1982. Cette pièce rebondit sur les sentiments d’injustice sociale, d’insoumission au pouvoir et sur les velléités de révolte qui naissent et grandissent dans les rangs des insurgés de l’ordre établi, oppresseur et puissant.
Ce récit fantastique aux contours métaphoriques et farcesques fait mouche par ses situations grinçantes devenant peu à peu délirantes pour finir dans une forme d’apothéose apocalyptique. Les répliques cinglantes, aux allures d’ostinato propres à l’auteur, nous impressionnent tant elles se rapprochent de ce qu’il nous semble être une sorte de défouloir, libérateur des pulsions refoulées des cinq personnages.
Nous nous laissons prendre au jeu et nous restons cois devant cette folle frénésie, devant ce délire de révolte, son outrance et son jusqu’au boutisme éperdu conduisant au chaos. La révolution des insoumis, des privés-de-tout gagne du terrain progressivement. Se terminera-t-elle en un retournement désastreux où les nantis chassés seront remplacés par leurs chasseurs ?
La mise en scène de Pierre Notte renforce la dimension fantasmagorique et l’incongruité hilarante de la pièce par des touches de mise en abyme. Le savoureux jeu dedans/dehors où les comédiens interpellent la régie-son pour baisser ou arrêter la musique ; la chanson de l’arc en ciel chantée régulièrement en off dont on garde un essai merveilleusement loupé ; les indications de jeux données entre les comédiens eux-mêmes… Autant de subterfuges qui nous rappellent que nous sommes au théâtre et que tout ceci n’est qu’une représentation de la vie. Par ailleurs, il imprime un tempo à l’ensemble qui développe l’argument dans un crescendo foldingue où il nous faut rester accrochés à nos bancs pour tout suivre, parmi les rires, les objets qui volent et les comédiens qui explosent.
Une distribution déchainée qui dévaste tout sur son passage et qui nous fait sourire puis rire tout en nous maintenant spectateurs attentifs et incrédules de ce que nous voyons.
Il y a un bon peu d’audace, beaucoup de drôlerie caustique et croustillante et pas mal de messages dans ce spectacle riche et surprenant. À voir sans hésiter pour découvrir ce texte superbe, savourer sa mise en vie et les jeux incroyablement débridés des comédiens.
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