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Moi, Marguerite Duras et la Mer
Dans le petit port du Conquet, un soir de novembre, un marin pêcheur passablement aviné jette à la figure d’un étranger assis au bar « Toi, t’as une gueule à aimer Marguerite Duras ».
L’évocation du nom de cette prêtresse de la littérature, si détonante en ce lieu, résonne pour l’auteur Christian Lucas comme un oracle. Les génies de la mer ne lui soufflaient-ils pas, par la bouche de cet homme, un étrange présage ? Un an plus tard, au bar de l’hôtel Sainte Barbe du Conquet, aura lieu la rencontre.
Celle-ci a-t-elle vraiment existé ? Ou bien est-ce là la représentation d’un pur fantasme ? Le doute persistera tout au long du spectacle.
Le narrateur, sa mère, les spectateurs au théâtre, les acteurs de La Pluie d’Été, la serveuse du Conquet, Yann Andréa et Marguerite Duras, ils sont tous là. Tous là pour un seul comédien à tout faire et à tout dire.
A la manière du spectacle de Galienne sur sa propre vie, Christian Lucas réalise un spectacle sur sa rencontre avec la femme qu'il admirait le plus : Marguerite Duras. Cette rencontre a t-elle réellement eu lieu ? Nous ne le sauront jamais. Mais à travers une petite galerie de personnages, le comédien livre à lui tout seul une véritable performance. Le jeu d'acteur est superbe. Mais l'écriture du spectacle, à la manière de celle de Marguerite Duras, et du flux de conscience intérieur de ses personnages, est aussi remarquable.
La mise en scène très contemporaine se dévoile au fur et à mesure, pour nous prouver qu'elle était la réponse évidente pour occuper l'espace. L'espace à la fois vide et plein, au loin la mer. L'espace intérieur mais aussi l'espace physique. Il y a avait une véritable présence. J'ai vu Duras.
En somme, une découverte inattendue et superbe.