Cirque Zingaro, Ex Anima

Cirque Zingaro, Ex Anima
  • Théâtre Zingaro
  • Fort d'Aubervilliers
  • 93300 Aubervilliers
  • Fort d'Aubervilliers (l.7)
Itinéraire
Billets de 21,00 à 45,00
Evénement plus programmé pour le moment
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"Pour cette ultime création, je souhaiterais les célébrer comme les acteurs véritables de ce théâtre équestre si original… Montrer un rituel sans mémoire, une cérémonie où le spectateur se surprendra à voir l’animal comme le miroir de l’humanité.

Pour cela nous devons apprendre à nous dépouiller de notre ego, de notre corps individuel au profit d’un corps partagé, anonyme… N’être plus qu’une présence en retrait et devenir des ‘‘montreurs de chevaux’’ et avec eux, défricher des terres nouvelles…" 

Bartabas.

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8,5/10
27
Alors ?
Passé le chapiteau de bois qui abrite le restaurant du théâtre équestre, le spectateur découvre une enceinte couverte de sable noir, délimitée par de petites bougies.

Des consignes sont données, notamment de sécurité. Une tension se crée dans le public. Le spectacle commence dans la pénombre : quelques lumières s'allument pour éclairer les chevaux, entre-temps entrés dans le manège. Nous ne pouvons applaudir, selon les règles du lieu et tant mieux, cela briserait l'ambiance quasi-mystique qui s'installe. Chaque scène mêle sobriété et puissance. Difficile de parler de numéro à proprement parler, il ne s'agit absolument pas d'un cirque traditionnel (et, pour moi, compte tenu de la scène finale, pas vraiment un spectacle à aller voir avec les neveux/nièces, sauf à accepter d'expliquer sur le chemin du retour pourquoi le grand étalon rugissait de plaisir). Il serait plus juste de parler de tableau compte tenu de la poésie qui se dégage des séquences. Les chevaux sont maîtres du cirque. Ils sont libres. Plus libres que n'importe quels comédiens. Ils sont les stars en étant eux-mêmes. Ils jouent, se mordillent, se couchent, se frottent au sol. Ils laissent voir leur caractère et leur humeur du soir. Les chevaux sont splendides et très impressionnants surtout lorsque l'un d'eux refuse de finir le numéro et met un cou de sabot à un homme de la troupe. Chaque spectacle doit être différent et fascinant. J'ai été envoûtée. Il n'est pas nécessaire - si je puis l'écrire ainsi - d'avoir des prérequis chevaleresques. Si le sens de certains tableaux peut être nébuleux, la beauté des bêtes est saisissante. Outre les chevaux, les ânes, les loups, les colombes et une oie seront à l'honneur. Volontairement en retrait, l'homme ne se fait pas remarquer. Il laisse faire la nature et voilà un message fort. Quel hommage aux chevaux en qui la confiance est donnée.

La musique accompagne l'imprévisibilité du spectacle. Les différents instruments "à souffle" dépaysent et évoquent des chants dignes de cérémonies de lointaines contrées. A la fois sauvage et intellectuel, animalier et humain, ce spectacle laisse des images en tête et fait réfléchir, sans dire un seul mot. Chapeau.
10 nov. 2018
8,5/10
33
C'est une nouvelle fois le bourru Baron, qui, juché sur sa chaire, tournant la manivelle de son orgue de barbarie, nous accueille à l'entrée du cabaret équestre.

C'est lui qui nous intime l'ordre d'aller nous asseoir autour de la piste de sable noir, derrière le cercle des petites bougies.

L'obscurité puis le noir total envahissent le chapiteau de bois.
Un long moment d'attente et d'expectative. Qu'allons-nous découvrir une fois la lumière revenue ?

Ce que nous allons voir va relever d'une incroyable et fulgurante beauté, à couper le souffle.
Dans le silence le plus total, onze chevaux ont investi les lieux.
Dans une lueur blafarde, dans un tapis de fumée lourde, ces onze seigneurs, ce sont peut-être les onze premiers animaux de la création.

C'est une allégorie qui nous est proposée : c'est une aube originelle à laquelle nous assistons, dans les brumes fumantes post big-bang.
Les onze magnifiques bêtes bougent doucement, quelques uns se roulent par terre, à tour de rôle.

Tous, nous avons le souffle coupé par ce premier tableau !

Ce qui frappe également chaque spectateur, c'est le fait que ces chevaux sont seuls sur la piste. L'Homme n'a pas le droit de perturber une telle scène.
Pas de cavaliers. Pas de dresseurs. Pas d'écuyers.

Ce sera le principal parti-pris de Bartabas, qui dans cette ultime (?) monstration, a voulu rendre vraiment hommage au Cheval. Il nous dit avoir voulu prendre un risque, celui de « laisser la parole aux chevaux ».

Pour autant, les dresseurs seront néanmoins présents dans ce qui va suivre, tels des ombres noires, tels ces acteurs du Bunraku, ce théâtre japonais du XVIIème siècle.

Au moyen de sifflets, d'appeaux, ce sont néanmoins des hommes et des femmes qui posent le cadre de cette douzaine de tableaux équestres.

Des tableaux organisés sur le thème du souffle.

Le souffle des chevaux, mais aussi le souffle de la vie, le souffle qui s'échappe de l'âme, le souffle des instruments japonais, également.
Je me suis délecté de ces longues expressions des petites flûtes et de la longue mélopée du shakuachi plaintif, accompagnant les beaux équidés.

Cette fois-ci, nous ne sommes plus dans la démarche précédente de Bartabas, qui voulait montrer la fusion homme-cheval.

Chaque scène montrera les seuls chevaux, ou en tout cas très peu accompagnés, (apparemment) très peu dirigés.

Moi qui ne suis pas cavalier, je n'ai évidemment pas saisi toutes les subtilités du spectacle, j'ai parfois été dérouté (je n'ai par exemple pas vraiment compris cette élévation d'un grand animal au moyen d'un treuil...), mais j'ai été fasciné par la majesté des animaux.

Chaque cheval est l'émanation d'une onirique beauté, farouche et pure.

D'autre animaux viendront nous surprendre ou nous amuser. Des loups, des colombes, un âne facétieux, une oie...

Le final verra arriver une sorte de jument en bois, qui sera fixée sur la piste.

Un magnifique étalon noir viendra la saillir, majestueusement, fièrement, fougueusement.
Il disparaîtra ensuite, laissant la place aux fruits de cette union : les Hommes.
Des hommes qui recréeront le tout premier tableau. Nous connaissons dorénavant notre origine.

Ne manquez pas cette reprise d'Ex Anima.
C'est un spectacle unique, fascinant, et parfois déroutant pour le profane.
C'est en tout cas un nouveau cri d'amour au meilleur ami de l'Homme.
31 janv. 2018
8,5/10
34
Deuxième spectacle signé Bartabas que je vois de mes yeux vus. Le premier baignait au son de Tom Waits et était accompagné par des anges. Il m’avait fait grande impression, notamment grâce au lieu magique qu’est le théâtre Zingaro, le survol des écuries…

Cette fois-ci, on nous promet un spectacle sans humains. Ou presque. L’homme, le dresseur restera en retrait, à l’image du grand Manitou Bartabas, tapi dans l’ombre mais veillant au grain à ce que tout soit parfait. Or, par définition, mettez deux canassons tout seuls sur scène, rien ne sera parfait et c’est ça qui est génial. On les voit récalcitrants, cabotins… Nous ne savons pas ce que nous regardons ni où nous allons. Cela fait-il partie du spectacle, ça commence quand, ça finit quand ? C’est une expérience quasi mystique à laquelle nous invite Bartabas et toute son équipe, durant laquelle l’animal et l’anima ne font qu’un (latin jusqu’en seconde). Moi qui n’ai jamais monté un seul cheval de toute ma vie (et ici, dois-je le préciser, aucun cheval n’est monté), je suis resté fasciné du début à la fin, ou presque. Je dis presque, car, hormis l’absence d’effet de surprise de la première fois, on peut ressentir quelques longueurs, mais largement compensées par une musique jouée en direct par des musiciens maîtrisant de multiples instruments de toutes origines (je ne pouvais pas faire plus vague, désolé… y avait le machin qu’on voit dans les westerns, comme un élastique…)

Mais surtout, à l’heure où on parle régulièrement de la souffrance animale, on ne peut s’empêcher de se demander : « Mais comment ont-ils fait ? A quoi réagissent les chevaux ? Une odeur, un ultra-son, une caresse, un toussotement ? Combien de temps pour ce résultat ? » (liste non exhaustive)

On reste en tout cas ébahi devant la beauté de ces chevaux, de gabarits et d’origines différents (je me souviens des chevaux courts sur pattes en Islande…). Dommage que ce spectacle ne se termine par une scène plutôt graphique, pour aller dans l’euphémisme. On préferera garder en mémoire les sons, les parfums, le mouvement équestre et la liberté.
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Notes détaillées (pour les plus courageux)
Originalité
Talent des artistes
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor