- Avignon
- Théâtre du Roi René
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Beaucoup de bruit pour rien
Don Pedro, Prince d’Aragon, revient de guerre victorieux avec sa compagnie sur les terres de son ami Léonato, gouverneur de Messine. Béatrice, la nièce de Léonato, une « dame à l’esprit plaisant » (2.1.326), retrouve Bénédick, un chevalier du Prince.
Ce sont de vieilles connaissances qui s’échangent des moqueries brillantes. Claudio, jeune et naïf ami de Bénédick, tombe amoureux de la jeune Héro, fille de Léonato.
Leur mariage s’organise presque immédiatement, et par manière de plaisanterie, la compagnie de Don Pedro complote pour faire tomber Béatrice et Bénédick amoureux. Dans le même temps, le fourbe Don Juan, frère bâtard de Don Pedro, conspire par jalousie à saboter les fiançailles de Héro et Claudio.
Il envoie son acolyte courtiser Marguerite, la femme de chambre de Héro, qui s’habille comme sa maîtresse, et fait croire à Claudio que sa promise lui est infidèle (3.3.150).
À la cérémonie de noces, Claudio humilie publiquement Héro, l’accusant de « sauvage sensualité » et d’« impiété » . Le prêtre, qui soupçonne un malentendu, suggère en secret à la famille de Héro de la cacher pour quelque temps et de faire croire à sa mort jusqu’à ce que son innocence soit prouvée.
On rit, on boit, on se prend en photo, les coeurs sont à la fête, à l’amour, à la conquête… sauf pour Don John, le frère bâtard du prince qui ne souhaite qu’à répendre le fiel… et briser un futur mariage, quelle belle occupation!
En revanche, Bénédict et Béatrice les deux célibataires endurcis pourraient bien succomber… leurs amis vont tout faire pour en tout cas.
Pourquoi ne pas manquer cette pièce ?
D’abord, pour l’adaptation du texte, et la mise en scène, pas un instant de répit, c’est foisonnant, drôle, touchant, tout en étant d’une parfaite clarté.
La langue est la pire des armes, le crayon une épée acérée , « Madame la rumeur » peut être mortelle (et à l’heure des fake news et autres lynchages sur les réseaux sociaux, la thématique de cette pièce est d’une actualité brûlante! Écrite hier , non ? )
Les costumes sont particulièrement élégants, les masques animaliers de la scène du bal, tout est au diapason pour faire sens et pour le plaisir de l’oeil.
La distribution ensuite est idéale, on retrouve ici un Arnaud Denis à la fois fier et digne en prince, et hilarant dans son second rôle d’un policier qui marquera les mémoires.
Tous mériteraient d’être cités, Eric Laugérias le père sicilien, Salomé Villiers en cette Béatrice aux répliques cinglantes et au tempérament de feu et son duo avec Etienne Launay, Clara Hesse en touchante fiancée victime de la calomnie…
En bref ? A ne pas manquer!
Les actrices féminines (3/10 merci Shakespeare!) sont éblouissantes et remportent tous les suffrages.
Leur charme et rayonnement apportent beaucoup à la pièce (excusez-moi Messieurs!).
Le drame, les médisances mais aussi l’amour, l'humour (Dogberry et Verges) se fondent dans une corrida endiablée!
A voir et à revoir, si possible à Paris ou en tournée!