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- En tournée dans toute la France
Anne Roumanoff : Aimons-nous les uns les autres

- Anne Roumanoff
- En tournée dans toute la France
Il est question de mariage gay, d'une femme frappée de phobie administrative, d'une américaine qui critique le pessimisme français.
D'une conseillère municipale front national, d'une femme qui commande des accessoires coquins sur internet pour relancer sa vie sexuelle, d'une énarque qui tente d'expliquer à des ministres la différence entre un patron et un entrepreneur...
Au fil de ses sketchs, Anne Roumanoff nous entraîne dans une église pour chanter "Ave, ave, ave pole emploi, on continue à croire en toi", nous fait participer à un goûter d'anniversaire avec des enfants blasés et se moque d'un site internet buzz-people où les journalistes sont tous des stagiaires. Rions donc de tout ce qui va mal plutôt que d'en pleurer.
Anne Roumanoff figure depuis plusieurs années parmi les humoristes préférés des Français.
La critique de la rédaction : 6.5/10. Le spectacle commence très mal avec beaucoup de blagues simplettes sur le physique et sur le sexe, pour chauffer un public déjà conquis, qui suit Anne Roumanoff depuis longtemps.
On retrouvera des blagues faciles et déjà entendues disséminées dans toute la suite du spectacle. "J'ai demandé à ma mère du blé elle m'a donné des céréales, alors je lui ai demandé si elle avait du liquide elle m'a donné un jus d'orange."
Heureusement de cet humour un peu ringard découle parfois des jeux de mots mieux amenés, des passages très bien écrits.
Nous avons particulièrement apprécié quelques sketchs, comme celui sur le gouter d'anniversaire, la parodie de confessions intimes et la fable finale sur les animaux politiques. Ils nous font regretter que tout le spectacle n'ait pas été de ce niveau !
Anne Roumanoff a beaucoup de talent pour dénoncer d'absurdes réalités sur un ton léger. Elle remarque que "celui qui est recruté n'est pas le plus compétent mais le mieux pistonné" ou met en scène la manipulation des reportages TV sensés retranscrire la vérité.
Un spectacle qui au final est assez bon enfant, pas révolutionnaire ni dans les idées ni dans les blagues mais qui fait passer une soirée sympathique.
Le bas blesse à ce niveau et c'est dommage car il y a quelques perles bien écrites qui mériteraient d'être mises en valeur.
Autre point décevant car j'étais assez proche de la scène : il faut arrêter de s'enlaidir en faisant des grimaces et des mimiques à tout bout de champs. Ce n'est même pas drôle.
Sinon, j'avais une petite appréhension concernant le fait de supporter la voix aigue d'Anne Roumanoff mais ça passe beaucoup mieux sur scène qu'à la télé.
Le rire est omni-présent dans la salle. Je suis sortie de ce spectacle enchantée d'avoir ri de si bon coeur et pleine de gratitude pour cette parenthèse où la bonne humeur est légion.
On y retrouvera entre autres une prêtresse de l’emploi, une coach en bien-être, une touriste américaine, une productrice de télé-réalité, une adolescente un peu perdue dans ses choix d’orientation, ou encore une conseillère municipale, et bien d’autres personnages qui nous raconteront un quotidien et des situations dans lesquels on se reconnaîtra forcément, le tout amené avec beaucoup de finesse grâce à un texte intelligent et irrésistiblement drôle.
« Aimons-nous les uns les autres », c’est un one-woman-show très représentatif de la France d’aujourd’hui, avec des personnages vrais et touchants agrémentés d’un soupçon de décalage et de dérision, et qui m’a véritablement conquise par le message fort qui y est abordé en nous faisant rire et réfléchir, mais aussi avec des sujets de société amenés avec beaucoup de subtilité. Autant de thèmes qui nous entraînent bien souvent dans le fou rire du fait de situations connues et/ou vécues de tous.
Un coup de cœur pour le nouveau spectacle d’Anne Roumanoff, que je vous recommande et que vous pouvez retrouver jusqu’au 17 janvier 2017 à l’Alhambra.
On y rit de bon cœur sur des thèmes graves comme le couple, la famille, les quadra, la crise, le travail, le pessimisme français, le mariage gay, l’éducation… L’écriture est vive et piquante, juste et sensible, sans jamais être dans la provocation ou l’agressivité. Et pourtant, tout le monde en prend pour son grade, à commencer par sa mère qui ne sait formuler d’autres phrases que celles suivant le schéma sujet-verbe-critique et jusqu’à Nadine Morano qui est lorraine et qui « a tout d’une quiche ».
La messe avec les intentions de prières, les chants en chorale « ave Pôle emploi » et les lectures de Saint-Pôle Emploi aux Galériens sur le thème du travail est jouissive, dans une sonorisation et résonnance d’église. « Allez dans la paix du fisc », on ne saurait résister à cet envoi. Tout comme la fable politique qui conclue le spectacle avec les animaux de la ferme : c’est savoureux et extrêmement pertinent. « Tu rajoutes des plumes à un poulet, ça n’en fait pas un aigle ». Personne ne sera épargné et on rit allègrement de cette fable rafraichissante. Des exemples parmi d’autres car impossible de tout citer sans dévoiler l’intégralité de ce nouveau spectacle d’une grande intelligence comique. Retenons tout de même quelques phrases déjà cultes comme celle de Françoise qui nous fait part de ses problèmes sexuels en déprimant devant un film porno : « quand on voit ce qui existe et ce qu’on a ». Le sketch sur le parcours du combattant administratif est tellement véridique que l’on rit de se reconnaître dans notre organisation française parfois défectueuse.
Anne Roumanoff nous prouve une fois de plus que l’on peut rire de tout dans le respect de chacun. La France est un pays où peut s’exercer la démocratie et la liberté d’expression. Même si les récents événements ont permis à tous de prendre conscience du mot liberté présent dans notre devise nationale, ce spectacle, sans renier sa part de rire et d’émotion, nous amène à la réflexion. De nombreux clins d’œil à l’actualité brûlante liée aux attentats sont distillés dans le spectacle comme cet enfant qui demande à sa mère pourquoi on peut mourir quand on fait des dessins, qu’on écoute de la musique ou que l’on mange au restaurant et qui s’inquiète de voir sa mère pleurer parce qu’elle est inquiète ou encore la référence à l’état d’urgence de façon légère mais réfléchie où « en France, on a des attentats, on déclenche l’état d’urgence mais en Belgique, ils ont d’abord fait l’état d’urgence comme ça ils ont pas eu d’attentats. Parce que les terroristes, ils ont beau être belges, ils sont pas totalement cons, ils regardent la télé ». Nous aurions presque envie d’appliquer les trois points de la méthode de libération des toxines prodiguée par la coach en bien-être à savoir dire « je te comprends » puis « je te pardonne » et enfin « je t’aime » mais cela ne garantit nullement que notre monde tournera mieux puisque « certains de loin ont l’air d’être heureux mais ils sont loin d’être heureux ».
Elle est drôle et émouvante aux larmes alors un conseil : courez-y et aimez-vous les uns les autres dans l’utopie la plus parfaite car un peu de légèreté, d’optimisme et de tolérance ne peut que faire du bien dans ce monde de brutes. Mais surtout, continuez d’aller aux spectacles. Et si « il ne suffit pas d’écrire avec un stylo à paillettes pour être brillante », Anne Roumanoff se montre pertinente dans ses propos et fait preuve d’une écriture fine et incisive dont nous avons bien besoin en cette période de morosité ambiante.