- En tournée
- En tournée dans toute la France
Actrice

- Audrey Bonnet
- Marina Hands
- En tournée dans toute la France
On a toujours envie de dire à un jeune acteur ou à une jeune actrice : « Prends une chaise et parle ».
Et puis il y en a un qui prend une chaise et qui parle, et la vie est là. Ca, c'est l'art du théâtre. Ainsi, maintenant je suis revenu à quelque chose de très classique et de très modeste : écrire du théâtre. Je me confronte à l'écriture dramatique. C'est difficile d'écrire du théâtre aujourd'hui parce qu'on pourrait presque dire que tout a été fait. Et pourtant tout est à recommencer.
J'aime écrire pour les actrices. C'est peut-être ça mon travail : donner du travail aux actrices. Leur donner de grands rôles. Je fais ça très consciemment. J'essaie de proposer à des actrices des rôles où elles puissent vraiment y aller et ne pas simplement apparaître dans une scène pour faire joli. Actrice a été écrit pour les acteurs du Théâtre d’Art de Moscou en 2015. La pièce raconte les derniers jours d’une immense actrice. En quelques semaines, elle dit adieu à ceux qu'elle a aimés. Toute sa famille est là, ainsi que ses collègues du théâtre. Jusqu'à la fin. Entourée de centaines de bouquets de ses admirateurs.
Comme dans un reposoir.
Le reste n'est que longueur : le texte n'a pas beaucoup d'intérêt, les acteurs surjouent et ne véhiculent aucun sentiment, exception faite effectivement pour A. Bonnet qui dans le final, apporte de l'émotion.
Parfois les cris sont désagréables, d'autres fois on entend rien, l'acoustique de ce théâtre des Bouffes du Nord ne me semble pas irréprochable... quant à la température ambiante, n'oubliez pas pulls et manteaux.
A notre arrivée, nous sommes fascinés par ce parterre de bouquet de fleurs sur scène et au centre de celui-ci une personne à priori malade puisqu’elle est dans un lit médicalisé (oui, je suis perspicace). Ceux qu’on devine être ses parents dorment, non loin d’elle. Noir. Marina Hands prend la parole dans la pénombre et la première chose qui nous surprend, c’est sa voix, puissante, habitée. Nous ne voyons rien d’autre que sa voix. Et c’est sa voix, plus tard son visage, son corps, qui nous mèneront jusqu’à la conclusion de la pièce. Parce que je sais que si jamais je revois « Actrice » (ce qui n’est pas dans mes intentions, je précise), je me focaliserai uniquement sur la performance de Marina Hands qui m’a bouleversé et bien plus encore.
La pièce est plus ou moins un enchaînement d’adieux à la grande actrice que Marina Hands interprète. Le dispositif est plutôt artificiel : un invité arrive, les parents sortent, l’invité a terminé son monologue, les parents reviennent, un autre invité arrive, les parents et le premier invité sortent, le deuxième invité fait son monologue, les parents et le premier invité reviennent à la fin de celui-ci… Je simplifie mais pas que.
Les acteurs ne m’ont pas vraiment convaincu dans l’ensemble (exception faite à Audrey Bonnet dans sa dernière scène), pas aidés parfois par l’ingratitude du rôle (je pense aux enfants) ou par un texte trop démonstratif. Parfois, nous entendons même quelques poncifs sur le théâtre, des phrases toutes faites, dites notamment par Luc Bataïni, anciennement faux supporter du RC Lens dans le Stadium de Mohamed El Khatib. Qu’on réfléchisse sur le théâtre ne me dérange pas du tout, bien au contraire, si seulement ce n’était pas amené aussi maladroitement (genre je regarde le public en lui faisant presque un clin d’oeil)… Bataïni dit également (je paraphrase) : « On croit que l’acteur est tout le temps dans son rôle, mais c’est faux. Parfois il flotte. Les acteurs se regardent, regardent jouer l’autre… »
Dis, Marina, tu as flotté, toi ? Parce que je t’ai bien observée et tu étais tout le temps dedans, même quand tu ne parlais pas et parfois ça pouvait être long. Tu apportais de la fièvre (c’est normal quand on joue quelqu’un de mourant), de la malice, une joie désespérée. C’était mon bonheur du soir. Je crois que je suis amoureux…