- Petite Comédie
- Le Grand Point Virgule
- Paris 15ème
Rien ne se perd
- Cindy Doutres
- Blandine Bury
- Vincent Londez
- Diana Laszlo
- Pierre Gascoin
- Romain Vissol
- Le Grand Point Virgule
- 8bis, rue de l'Arrivée
- 75015 Paris
- Montparnasse (l.4, l.6, l.12, l.13)
Un condensé sur-vitaminé des plus belles, drôles et puissantes répliques de théâtre rassemblées dans une comédie absurde et 100% recyclée.
Après le succès sur scène de L'Ecume des Jours, de Boris Vian, le Collectif la Bouée, mis en scène par Béatrice de La Boulaye (aka Scotch Brit, membre d'Airnadette), revient avec un nouveau délire créatif.
Le défi : monter un spectacle "à empreinte carbone zéro" !
Résultat, un texte hilarant et absurde où pour la première fois Courteline répond à Shakespeare, Tchekhov à Musset, Molière à Goethe... des costumes haute couture faits en emballages alimentaires, affiches de cinéma, boîtes à chaussures et produits d'entretien... des décors faits en frigo, parasol et autres encombrants détournés... le tout sur fond de musiques de film qui soulignent l'anachronisme.
L'histoire est celle de toutes les pièces de théâtre : un royaume endetté, une Reine veuve, une Princesse à marier, un Prince voisin à marier, tiens donc, un Traître d'intendant, une Coquette qui passe par là... les tirades au balcon, les trahisons au palais, les amants dans le placard, les banquets tragiques, on recycle, on emballe, et on vous ressert tout ! Rien ne se perd...
L'avis d'Anne-Laure (rédac') : « Rien ne se perd » le titre annonce quelque peu la couleur. Un peu comme un pari. Un univers à part. Une sorte de patchwork théâtral.
Pourtant le schéma narratif est des plus simples il y a : une reine, une princesse, un prince, une courtisane et un « traître ». La Reine veut marier sa fille au Prince mais le Traître, qui a des vues sur la Princesse, va se servir de la Courtisane pour arriver à ses fins. Rien d’excentrique et pourtant…
Les costumes d’une originalité subtilement respectueuse de l’environnement habillent une récupération d’environs 120 pièces de théâtre allant de l’extrait de quelques mots jusqu’à de bonnes parts de tirades fameuses et célèbres. Il s’agit davantage d’une « parodie » car ici, cette joyeuse troupe, veut nous faire rire ! Et cela arrive inéluctablement. C’est frais, c’est enlevé, la scénographie simple est un plaisir pour les yeux. On pense un peu aux Robins des Bois…
Certes certains grands « moments » de textes de théâtre perdent de leur« véracité » par leur nouvelle utilisation arrachée de la pièce mère mais ce puzzle mis bout à bout nous délivre une histoire qui peut plaire à tous, de tous âges, que l’on soit néophyte ou connaisseur de théâtre. Cette jeune compagnie que l’on a pu voir précédemment dans une adaptation de l’Ecume des jours de Boris Vian, a définitivement un style et une patte bien à elle, qui vaut le coup d’œil.
On peut conclure que rien n’est à jeter dans « Rien ne se perd ». Bien au contraire.
Tout le spectacle est composé d'extraits, de répliques et de situations de théâtre connus. Connus mais tourneboulés, étirés ou exagérés. Et si ces morceaux choisis et décalés tiennent debout, on se demande comment ! Sans doute parce que l'ensemble est calé avec précision et très bien joué. C'est drôle, c'est frais et c'est joyeusement partagé entre des comédiens heureux de jouer et un public conquis.
Ces savoureux détournements de textes classiques et ces décalages de situations théâtrales conventionnelles dépassent le côté potache d'un spectacle aux allures de pochade. Il y a de l'hommage dans tout ça, volontaire ou pas. Rire du théâtre ainsi, n'est-ce pas l'honorer ?
Nous nous surprenons à deviner les auteurs (si, si, mes voisins, je vous ai entendu !) (Comment, moi aussi ? Tiens, je n'avais pas remarqué). Nous sommes cueillis par le grotesque surprenant des scènes dans ce tout-pour-de-faux hilarant. Le public n’est que sourires et rit plus vite que son ombre.
La mise en scène adroite de Béatrice de La Boulaye permet aux gags de fonctionner sans lourdeur et rythme le spectacle pour le donner sans lenteur. Le recyclage des matériaux pour les accessoires et les costumes accompagne la drôlerie ambiante. Les comédiens jouent sans ajout. Ils sont très bons, justes et drôles.
Un fichu bon moment !
Comment faire du neuf avec du vieux, le pari est réussi pour le collectif La Bouée : on mélange savamment des brides de plus d'une centaine de textes tombés dans le domaine public, on habille les comédiens avec des emballages recyclés, les décors sont aussi issus de la récup, on mixe tout ça, on laisse reposer un peu et on obtient une comédie fort drôle qui certes n'a pas une histoire très complexe mais qui reprend des extraits de textes classiques que l'on connait tous sortis de leur contexte.
L'effet est réussi !
Nos rires ne sont pas recyclés mais spontanés.
Mention spéciale pour 'le petit chat est mort' qui m'a fait pleurer de rire.
