Critiques pour l'événement Winston Carter, Acteur américain
4 mai 2016
5/10
156
Je ne connaissais pas Winston CARTER avant de me rendre dans cette petite salle intimiste du Théâtre des Feux de la Rampe.

J’ai tenté, vainement, d’avoir accès à quelques extraits de son spectacle précédent « Winston Thomas Lawrence Carter dans Second degré au delà du zéro absolu » pour me donner une idée mais mise à part quelques bandes-annonces sympathiques je suis resté bredouille. De fait je n’avais aucune idée de son type d’humour mais l’idée d’un seul en scène sur un acteur américain qui allait nous raconter son Amérique me parlait particulièrement (ayant eu la chance de passer plusieurs mois aux États-Unis il y a quelques années). Aussi c’est avec un oeil neuf et curieux que j’ai assisté à son second spectacle, WINSTON CARTER, ACTEUR AMÉRICAIN et je dois bien avouer que si le personnage est sympathique c’est plutôt perplexe que je suis reparti du théâtre.

Dès son entrée sur scène c’est une première petite déception : l’humoriste a un accent bien de chez nous. Winston précise qu’il est américain par son père et qu’il a été élevé en France mais de fait ça casse un peu le concept de l’acteur américain. Dommage. Passé ce moment de flottement Winston plonge le spectateur au coeur d’un petit show à l’américaine : (fausses) anecdotes de tournage, cascades sur scène et interprétation d’extraits de film sur scène ! Winston ne se ménage pas et mouille sa chemise, aidé par la mise en scène musclée de François MICHONNEAU. Alors certes c’est divertissant, saluons d’ailleurs l’originalité du concept qui a le mérité de nous proposer autre chose que le traditionnel stand-up au micro, mais les chutes sont souvent approximatives et on sourit beaucoup plus qu’on ne rit (c’est quand même embêtant). De plus j’ai trouvé que l’interprétation, un brin mécanique, laissait peu de place à l’interaction avec le public et surtout que tout sonnait à la fois un peu faux et un peu cliché. Heureusement que l’humour est grinçant, noir par moment, et que le bonhomme n’en reste pas moins fort sympathique.

Mais plus qu’une simple plongée dans le cinéma américain Winston propose aux spectateurs une plongée dans la culture américaine. Avec un point de vue à la fois lucide et dénonciateur Winston aborde des thématiques telles que, de mémoire, la drogue (c’est pas bien), les armes à feux (c’est pas bien mais c’est dans la constitution) ou les gros. Simple et efficace mais pas toujours très fin (ni très drôle d’ailleurs) et surtout un vrai sentiment de déjà-vu comme dirait les américains… Je regrette de ne pas avoir retrouvé ce côté intimiste, ce côté crédible et véridique de découverte de l’Amérique vu de l’intérieur. A vrai dire j’ai plutôt vu un type qui enfonce des portes ouvertes, bref j’y ai vu un regard de français sur la culture américaine… Du coup pendant tout le spectacle je me suis demandé si tout ça n’était pas qu’un show, si l’humoriste n’avait d’américain que le concept de son spectacle, si son accent américain, ni meilleur ni moins bon que le mien, et sa vision de base de l’Amérique ne dévoilait finalement pas le subterfuge. A chacun de se faire sa propre opinion !

Pour résumer j’ai beaucoup apprécié le concept d’amener le cinéma américain sur scène, les “extraits” de film et la haine farouche des chinois du personnage (des propos anti-politiquement correct mais tellement savoureux) ! Mais j’ai été déçu par la pauvreté de certains textes et le côté cliché des situations présentées. Si les amateurs de cinéma américain ne seront probablement pas déçus, les amoureux de la culture américaine ne trouveront rien de bien nouveau. Les autres pourront aller découvrir Winston CARTER tous les mardis à 18h45 au Théâtre Les Feux De La Rampe jusqu’à fin juin. A n’en pas douter à découvrir pour son originalité.