Critiques pour l'événement Résiste
15 août 2016
8/10
83
Quel plaisir de retrouver les chansons de Michel Berger et France Gall ! Impossible de rester assis, on ne "résiste" pas et on se lève pour chanter et danser avec les artistes.

Niveau texte, hors chansons, ce n'est pas si extraordinaire que cela mais on se sent bien en sortant en tout cas.
5 juin 2016
9/10
127
Très sincèrement, à la lecture des critiques de ce spectacle musical, j'avais une grosse appréhension avant d'aller voir "Résiste" hier au palais des sports.

Franchement, j'ai trouvé le spectacle particulièrement réussi. Alors oui l'histoire et les dialogues sont particulièrement niaiseux mais honnêtement on va rarement voir une comédie musicale pour entendre du Shakespeare ou du Tennessee Williams (même si on n'a tous quelque chose en nous...)

La magie de la musique de Michel Berger opère toujours autant, les musiciens sont bien inspirés, les décors et les tableaux sont très travaillés et les chorégraphies très contemporaines. Le public était ravi et moi je suis réconcilié avec les comédies musicales depuis ma grosse déception du "Bal des Vampires" et de "Mistinguette". Pour moi, c'est le meilleur spectacle musical depuis "Cabaret".
12 déc. 2015
8/10
216
Public en délire. Voix enrouées à force de s’époumoner. Le Palais des Sports résonne d’un même cri de jubilation à la sortie de Résiste.

Les nostalgiques du tandem mythique France Gall/Michel Berger retrouvent toute la fougue de leur jeunesse et entament à l’unisson les tubes indénombrables qui ont bercé des générations. Cette comédie musicale événement (dans un secteur globalement morose en cette saison 15-16) bénéficie de la mise en scène punchy de Ladislas Chollat. Malgré un livret imbuvable et des vidéos cheap, on ressort le sourire aux lèvres, ivres de nous être replongés dans cet univers si familier.

France Gall couvait un projet fou depuis longtemps : élaborer une vraie comédie musicale autour de sa nébuleuse pléthorique de chansons cultes. Avec l’aide de Bruck Dawit, elle a concocté une histoire faiblarde autour d’une boîte de nuit à la dérive, Le Lola’s. Maguy (charismatique Lola Deleau) et Mandoline (androgyne et piquante Élodie Martelet), deux sœurs au caractère opposé, travaillent pour leur père célibattant depuis le décès de sa femme. Entre magouilles et histoires d’amour inévitables, les romances éclosent progressivement au son des plus belles mélodies de Michel Berger.

Pour être franc, les dialogues s’embourbent dans une niaiserie intersidérale et le livret se révèle à pleurer d’inconsistance. Partir de chansons déjà existantes pour parvenir à broder un canevas qui tient la route relève d’une mission impossible. Les enchaînements paraissent artificiels, on n’a qu’une hâte : de la musique avant tout ! La superstar du théâtre privé Ladislas Chollat tente de maintenir le navire à flots et il y parvient avec pas mal d’éclat. S’appropriant l’immense salle du Palais des Sports avec un décor festif, le metteur en scène insuffle rythme et énergie à la partition textuelle pauvre comme peau de chagrin (on oubliera également les chansons ajoutées, servant notamment à présenter les personnages, d’une indigence musicale rare).

Si Résiste nous entraîne dans sa course folle, le mérite en revient aussi incontestablement à Marion Motin. La chorégraphe de Stromae et de Christine and the Queens imprime ses pas désarticulés, flegmatiques et virevoltants à une troupe de quinze danseurs (dont un couple de gays à croquer) en grande forme.

Niveau musical, on atteint les stratosphères de la jouissance. Quel pied de se déhancher au rythme endiablé des grands classiques de Michel Berger. Généreuse, la muse du compositeur de génie ne se montre pas avare et offre à son public un vaste pot-pourri interprété par un orchestre-live : de « Si Maman si » à « Ella Elle L’a » sans oublier « La Groupie du pianiste », « Il jouait du piano debout », « Quelques mots d’amour, « Musique »… Bref, toutes les chansons inconditionnelles sont au rendez-vous et confessons-le, notre âme de groupie a été comblée. Une telle joie de vivre s’échappe du plateau qu’elle contamine immédiatement l’audience électrisée. Si les garçons sont à la traîne (Laurent Hannequin n’est pas crédible en père au bout du rouleau et les cordes vocales de Victor Le Douarec déraillent un peu mais Gwendal Marimoutou tire son épingle du jeu avec une prestation solaire), les filles assurent le show.

Cerise sur le gâteau : France Gall en personne (rebaptisée Moon pour l’occasion) apparaît dans quelques vidéos, histoire d’embrayer la narration. Si la chanteuse patauge dans ses premiers pas d’actrice, il n’en reste pas moins que sa bonne humeur et sa sincérité font plaisir à voir. Et puis quel bonheur de la voir en chair et en os aux saluts.

Résiste s’érige donc comme le spectacle feel good du moment. Avec sa troupe dynamique et complice, Ladislas Chollat porte haut et fort l’étendard mélodique intemporel de Michel Berger. On jettera aux oubliettes un livret et des dialogues lamentables pour se concentrer sur le meilleur : une foule de chansons extraordinaires emportées par la fraîcheur rebelle d’une jeunesse bien consciente de l’héritage musical en or qu’elle a la chance d’interpréter sur scène.
29 nov. 2015
8/10
237
Je vais être brève mais en grande fanatique de France Gall et Michel Berger, j'ai vraiment apprécié le spectacle, malgré un scénario certes un peu léger (mais finalement on ne s'attendait pas à du Tchekov non plus).

Du kitsch et des paillettes, des groupies et des vestes en velours. What else ?

Les chorégraphies de Marion Motin peuvent étonner, mais j'ai beaucoup aimé ce côté moderne et décalé par rapport à l'ambiance rétro générale.

Comédiens très bons, chanteurs et danseurs également. Rien à dire, j'y retournerais avec grand plaisir ! :D
21 nov. 2015
8,5/10
117
Dans un spectacle imaginé par France Gall à partir des succès musicaux de Michel Berger à qui elle rend un vibrant hommage en remettant au goût du jour toute l’étendue de son talent, Résiste prouve que l’auteur-compositeur-interprète, emporté en 1992 par un arrêt cardiaque, existe encore dans nos cœurs à travers ses chansons et résiste à l’épreuve du temps qui passe.

La comédie musicale débute par une vidéo où l’on aperçoit avec émotion la chanteuse des Sucettes plongée dans un silence artistique depuis la tragique disparition de sa fille Pauline en 1997. Elle va alors raconter l’histoire de Maggie à Lola, sa petite-fille. Ces petites séquences vidéo où elle sera la narratrice, serviront de fil conducteur au spectacle. Craignant de voir dénaturés des chefs-d’œuvre de la musique française, nous sommes ravis de constater que la magie opère avec d’autres interprètes que le mythique duo des années 70-80 et retrouvons avec bonheur la même orchestration de l’époque, les arrangements musicaux originaux ayant été conservés. Après un démarrage tout en douceur dans lequel le décor et les personnages se mettent en place, la deuxième partie est plus explosive, mettant le feu au Palais des Sports en reprenant en chœur de grands classiques. En effet, Appelez-moi Maggie, Musique, Mandoline, Quand on danse (à quoi tu penses) ou encore Angelina peinent un peu à faire le poids face à Ella elle l’a, La groupie du pianiste, Débranche, Ma déclaration ou même Viens je t’emmène que le public reprend d’une même voix, debout, uni autour des notes et des mots de Michel Berger.

Néanmoins, le spectacle haut en couleurs bénéficie d’un groupe de musiciens qui joue en direct, d’un superbe décor de boîte de nuit et d’une mise en scène dynamique signée Ladislas Chollat, habitué des pièces théâtrales. La scénographie s’intègre parfaitement dans l’univers déployé par France Gall. L’utilisation de la vidéo se fait à bon escient avec notamment un défilé d’images d’hommes et de femmes célèbres, allant de Simone Veil à Barack Obama en passant par l’Abbé Pierre lors de la chanson Il jouait du piano debout. Les chorégraphies très soignées, modernes et entraînantes de Marion Motin renforcent la belle énergie sur scène des artistes. En tête, soulignons la performance de Léa Deleau qui interprète Maggie et dont la ressemblance avec France Gall plus jeune ne peut être juste le fruit d’un hasard. La blonde présente une large palette d’émotions, tour à tour touchante amoureuse ou fougueuse femme d’affaire se battant avec l’énergie du désespoir qui pense aux autres et s’oublie pour eux. Elle est même enivrante sur Résiste, lettre testamentaire qui lui est adressée, envoûtante lorsqu’elle chante Si maman si que le public reprend doucement d’une même voix ou en duo dans un extrait de Quelques mots d’amour avec Laurent Hennequin (le père qui se voit offrir un merveilleux tableau d’une sérénité bouleversante avec un décor de parc inondé par un soleil radieux le jour du déménagement), déposant une émotion sensible dans la salle.

Victor Le Douarec excelle dans la peau de Mathis, le nouveau pianiste qui va mettre de l’ambiance notamment juste avant l’entracte avec l’inoubliable Groupie du pianiste qui fera se lever l’ensemble des spectateurs. Elodie Martelet se distingue également en étant Mandoline, la sœur de Maggie qui saura saisir sa chance aux côtés de Tennessee (énergique Gwendal Marimoutou qui fait également preuve d’une très grande prestance scénique). Corentine Collier se montre quant à elle éblouissante dans le rôle d’Angelina, la tête brûlée du groupe. Louya Kounkou, Ben Akl et Jocelyn Laurent complètent la distribution en interprétant les princes des villes, trois bad boys qui apportent une touche d’humour bien dosé à un ensemble cohérent et enlevé.

Résiste, c’est avant tout beaucoup de vie et de rythme sur scène mais aussi dans la salle, « c’est comme une gaieté, comme un sourire », un spectacle qui a « ce je ne sais quoi que d’autres n’ont pas, qui nous met dans un drôle d’état ». Un hommage réussi à Michel Berger dont la voix s’élève, limpide comme autrefois, dans un inédit de 1978, Un dimanche au bord de l’eau, qui a été glissé dans la comédie musicale, faisant planer l’âme du génie dans tout le Palais des Sports. Et nous ressortons de la représentation avec la furieuse envie de chanter à tue-tête tous ses classiques pour chercher le bonheur partout autour de nous et prouver qu’il existe encore, lui qui avait « ce tout petit supplément d’âme, cet indéfinissable charme, cette petite flamme ».