Critiques pour l'événement Macbeth
8/10
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Le 25/02, 15h, Paris

Stéphane Braunschweig décide de mettre en scène l’une des pièces les plus complexes de Shakespeare. Une pièce qui nous plonge dans l’esprit d’un meurtrier, ce que la mise en scène exprime très justement.

Le rideau s’ouvre sur les trois sorcières. Ce sont elles qui prendront Macbeth par surprise en lui prédisant tout d’abord qu’il sera duc de Cawdor, le précédent devant être jugé et exécuté pour haute trahison. Et, de fait, il le devient à peine la scène terminée. Elles lui disent ensuite qu’il sera roi, sans lui confier que pour ce faire il lui faudra tuer le roi régnant.

Elles trônent sur leurs seaux retournés et assistent à la scène qui se déroule derrière elles dans le palais royal, légèrement rehaussé comme s’il s’agissait d’une scène de théâtre. Les figures des sorcières ne semblent pas machiavéliques, ni venues d’une autre planète. Ce sont de jeunes femmes enceintes vêtues de vêtements en lambeau. Pour la deuxième série de prophéties, c’est leurs bébéx qui mettront en garde par la voix de leurs mères. Une lecture du rôle des sorcières très stimulante.

Le metteur en scène ne représente pas le couple, connu pour être l’un des plus diaboliques de l’histoire du théâtre, selon les stéréotypes habituels à leur sujet. Mais, en réalité, il s’agit de deux êtres humains qui s’aiment et qui, déboussolés par la prophétie des sorcières et par leurs désirs de grandeurs, deviennent fous et basculent dans le crime. Macbeth a déjà tué puisqu’il est soldat mais c’est bien son épouse qui le pousse au crime royal.

La scénographie, également de Braunschweig, mêle une scène réaliste, onirique, pour terminer sur le vide. En effet, au début le rideau nous laisse découvrir une scénographie blanche et imposante puis s’ouvre une deuxième forme de rideau qui déploie un salon royal (présidentiel ?) riche en ornements : une scène, puisque, rappelons-le, ce salon est surélevé, baroque. Certaines scènes comme celle du meurtre de la famille de Macduff ou encore de la forêt qui marche sont presque symbolistes ou du moins oniriques. Tout cela en passant par celle où Macbeth apprend la mort de sa femme. Il est seul, assis en tailleur sur son trône au milieu d’une étendue blanchâtre. Plus personne n’est là pour le soutenir, puisque sa « partner in crime » vient de se donner la mort. Le dépouillement scénique de cette scène vient contraster avec les autres et accentue la solitude, la prison dans laquelle Macbeth vient de sombrer.

Un spectacle qui nous plonge dans les méandres de l’âme humaine !
4 févr. 2018
9/10
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Anatomie d'un crime!

Depuis toujours l'homme essaie de comprendre les mécanismes de la folie meutrière et des horreurs qu'elle entraîne.
Stéphane Braunschweig choisit de ne pas recourir à la caricature pour analyser cette escalade de la violence, et de nous montrer l'humanité des personnages derrière les monstres !

Il y a au départ un couple qui s'aime et qui rêve du pouvoir. Macbeth est soldat, il a déjà tué, mais c'est sa femme qui le pousse au régicide. Ainsi l'amour et le sang sont mêlés, ainsi tous les fantasmes sont libérés. Pourtant les peurs continuent de rôder, dont celle de la forêt, presque enfantine ... Est ce finalement pour fuir ses peurs que le Serial Killer continue son oeuvre de bourreau ?

Oui, Shakespeare nous dit que le bien et le mal sont relatifs, même chez les monstres, ce qui est toujours difficile à entendre !
Oui, Stéphane Braunschweig nous le restitue avec le talent qui est le sien, et celui de ses comédiens qui arrivent à rester jusqu'au bout sur ces "Bords de l'humanité" !