Critiques pour l'événement Conseils à des jeunes qui veulent rire de tout
24 nov. 2019
9/10
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Sympa.
Mais qu'est-ce qu'il est sympa, cet Alexandre Pesle !
La sympathie personnifiée !
C'est cette qualité le caractérisant que le comédien va vouloir à tout prix nous faire trouver dès le début du spectacle, non sans nous avoir rappelé au préalable son parcours artistique notamment aux Guignols de l'Info et à Caméra Café.

Beau, jeune, intelligent, riche, drôle, modeste ?
Oui, bon... Certes ! Il acquiesce à toutes les réponses du public ! Tout ça c'est vrai !
Mais lui se trouve sympa !

Et c'est vrai qu'Alexandre Pesle, on lui donnerait tous les bons dieux réunis sans confession.

L'innocence, la candeur, la sympathie incarnées, Alexandre Pesle !

Et c'est bien ce contraste entre cette sympathie, cette innocence et le fait de dire durant une heure et vingt minutes les pires horreurs qui va contribuer à faire hurler de rire la salle de la Divine Comédie.

Pour le comédien la question ne se pose pas.
Evidemment que l'on peut rire de tout !
A condition d'être drôle.

Lui, l'est, drôle. Très drôle même.
Un humour noir, très noir, encore plus noir que votre perception du concept de noirceur va provoquer des rires nourris et de nombreux applaudissements pendant le spectacle.
Et ce par le biais d'une écriture très travaillée, ciselée, précise, avec des vannes qui font mouche à tous les coups.

Alexandre Pesle va flinguer à tout va, dénonçant notamment tous les intégrismes, tous les radicalismes, toutes les hypocrisies qui rendent notre époque de plus en plus puritaine, imperméable au second degré, ou bien alors en proie à l'humour communautaire.

De grands moments vont émailler le spectacle.
Les ingénieurs de chez Volkswagen prouvant que les Allemands ont su s'adapter, l'arrivée au paradis des intégristes salafistes féminines, Jésus sur la croix (un passage irrésistible...), les intégristes protestants (l'un de mes sketches préférés), les salauds d'handicapés (qui jamais n'accordent de standing-ovation aux comédiens...), les nazis et la mode, j'en passe et des pires !...

Bien entendu, le comédien provoque le public, par des adresse hilarantes ou des ruptures qui déclenchent l'hilarité générale.
« Je voudrais m'adresser aux nazis dans la salle ! ».
« Qu'est-ce que c'est bien de jouer devant des antisémites ! »
Un runing-gag concernant notre capacité à saisir les métaphores est drôlissime.
Le public en général et votre serviteur en particulier éclatent de rire.

Puis, il va nous livrer une vraie réflexion sur le rire, la dérision, le rapport existant entre l'humoriste et ceux qui reçoivent ces horreurs et ces provocations.
L'humoriste, lui, sait bien le sens de ce qu'il a écrit et de ce qu'il raconte. Il est au clair avec lui-même sur le second, voire troisième, quatrième degré.
Lui, il dénonce par le biais de l'humour.
C'est à ceux qui l'écoutent de se positionner. C'est à nous de faire le job !

Et puis, ce sera la dernière partie du spectacle, comme un bouquet final de feu d'artifice.
Le comédien va chercher un petit paquet de fiches sur lesquelles il a préalablement écrit des vannes plus horribles et donc plus hilarantes les unes que les autres.
« Je garde, ou je ne garde pas ? » lance-t-il au public ?
Et nous de faire le tri.

Alexandre Pesle nous propose un spectacle nécessaire.
Un spectacle dans la lignée de ceux de Coluche ou de Pierre Desproges.

J'ai retrouvé cet humour noir, cette provoc indispensables qui permettent de nous interroger impitoyablement sur l'état du monde qui va mal.

Voici quatre-vingts minutes cathartiques qui font vraiment du bien !
Il faut aller applaudir le comédien toutes affaires cessantes.