Critiques pour l'événement Au dessus de la mêlée
24 juil. 2016
8/10
61
Cédric Chapuis, je l’ai rencontré alors qu’il incarnait Hadrien, jeune autiste fou de batterie. Je l’ai tellement aimé que j’y suis retournée. Que j’ai aussi acheté le DVD. Regardé plusieurs fois. Et que, quand j’ai appris qu’il présentait à Avignon non pas un mais deux spectacles en alternance, que ce deuxième spectacle s’appelle Au dessus de la mêlée, j’ai aussitôt pensé vestiaires, troisième mi-temps, calendrier des dieux du stade, chevelu barbu, sueur, muscles… bref…

En fait je me suis souvenue, une fois rentrée dans la salle du Pandora d’Avignon, que Cédric Chapuis est aussi et surtout un magicien. Qu’à partir d’un simple ballon, de simples accessoires comme un banc, il réussit à transporter son public d’Avignon à Brignac, à Toulouse, à Brives, dans toutes ces villes qui sentent bon l’ovalie.

Au dessus de la mêlée, cette fois, c’est l’histoire de Bastien. Bastien a cinq ans quand son papa, joueur aguerri, l’inscrit dans un club de rugby. Commence alors le récit de cette passion dévorante qui petit à petit s’installe, monte, s’agrippe, se greffe par tous les pores dans la peau du petit garçon. Avec peu de moyens mais cent fois plus de belles idées et une mise en scène simple et ingénieuse de Mira Simova, Cédric Chapuis réussit à nous promener des vestiaires au stade, des entraînements aux compétitions. Habité, possédé, Cédric Chapuis raconte les entraînements, les doutes, les encouragements des amis, les petites amies. Il se transforme, devient le meilleur pote, le père, la mère, l’entraineur (émouvant puis bouleversant). Au fil du récit, on suit le jeune garçon qui deviendra jeune homme, ses études, ses premières amours, ses déceptions, l’amitié, la rivalité, et surtout, surtout, cet amour, cette passion, cet esprit d’équipe et cette cohésion qui lie indissolublement les joueurs d’une équipe et ces valeurs qui sont indissociables du ballon ovale : solidarité, fraternité, courage, et surtout sens de l’équipe-famille.

C’est drôle, émouvant, touchant, on rit autant que l’on s’émeut, on applaudit encore, encore, la salle se lève, et on se réjouit de voir les petits nouveaux, ceux qui n’avaient pas vu Une vie sur mesure, la bande que l’on a traînée et les autres, se précipiter à la billetterie pour réserver à leur tour.

A quand le prochain ?
19 juil. 2016
9/10
97
C’est un spectacle qui fait du bien. Cédric Chapuis incarne ses personnages avec une dextérité impressionnante.

De l’entraîneur de rugby avec un bon accent gascon jusqu’à Jennifer, la supportrice numéro 1 et petite copine d’un joueur de l’équipe, le comédien joue tous les rôles. Au-dessus de la mêlée, c’est d’abord une belle histoire d’amitié entre des jeunes soudés par ce sport collectif, mais cette pièce est aussi un vrai récit de fraternité. Cédric Chapuis met en avant la solidarité et la force du rugby. De ce sport de ballon parfois brutal, il fait une véritable œuvre d’art et sublime les mouvements du joueur dans une chorégraphie impressionnante de grâce. La mise en scène de Mira Simova est musicale et rythmée, et les jeux de lumières de Cilia Trocmée-Léger donnent l’impression d’être dans un stade, comme au cœur d’un match de rugby.

Cédric Chapuis est beau dans ses crampons, et ses personnages sont attachants. Il y a Patou, le cliché du rugbyman au grand cœur mais à la cervelle assez peu remplie, mais aussi Kiki le joueur qu’on préfère voir sur le banc de touche, il y a Sylvain le beau-gosse un peu casse-cou qui sort avec la jolie supporter Jennifer. Et surtout, il y a Moustache, l’entraîneur passionné qui refuse de prendre sa retraite malgré ses problèmes cardiaques, parce que cette équipe du RC Brignac, c’est toute sa vie.