Pour moi, hier, c'était jour Ferrier.
Bon, ça c'est fait...
En même temps, le spectacle s'appelle « A ma place, vous Ferrier quoi ? »
Alors hein...

Mais quelle vis comica ! Mais quelle force comique émane de cette Julie Ferrier-là !
Voila une demoiselle qui sait faire rire son public ! Un rire vrai, franc, massif, un rire sain, un rire salvateur, libérateur. « La liberté, tu vois, chéri ! La liberté ! Profite ! »

Melle Ferrier commence son spectacle hors du théâtre.
Nous voyons arriver, médusés que nous sommes, une grande bringue en robe rouge à petits liserés de dentelle, tignasse finement bouclée, accompagnée d'un sévère garde du corps (« Sécurité, sécurité ! ») et d'un étrange petit homme à la coiffure très, mais alors très improbable.

La Julie s'en donne à cœur joie. Elle improvise, joue avec ses futurs spectateurs, les fait s'aligner correctement, etc, etc...

Le ton est immédiatement donné.

Tout ceci se poursuit en rentrant dans la salle, où elle apostrophe, tance, vanne gentiment. Elle joue avec nous.
Sans compter qu'une étrange et drôle de spectatrice fait son apparition et repart l'air très vexé.

Tout peut vraiment commencer. Un cabaret très sauvage va nous être proposé, avec une dizaine de tableaux différents. (« Tu fois ce que che feux tire ? »)
C'est bien simple, nous allons assister à deux heures hilarantes.
Vous voyez le concept d'hilarité ? Eh bien, nous sommes encore au-delà.
J'avais mal aux zygomatiques en sortant de la salle. (« Oh my god ! It's amazing ! »)

Julie Ferrier va camper des personnages hauts en couleur. Très hauts, même.
Ces personnages, que je vous laisserai découvrir, bien entendu, nous renvoient l'image de notre société. Les caractères qu'elle interprète sont tous drôlissimes parce qu'ils sont tirés de la réalité, puis exagérés, caricaturés, mais à peine.

Prenant des accents jubilatoires, jouant de sa (superbe !) plastique, se dépensant sans compter (je serais curieux de savoir combien la comédienne perd de calories par soirée...), dans un abattage furieusement diabolique, elle provoque les fou-rires de la salle.

Elle n'est pas seule sur scène. (« Ouh là làààààààà ! »)
L'accompagnent trois acolytes surréalistes.
D'excellents comédiens doués de beaucoup de talents.

Des mimiques et des gestuelles à la Jim Carrey, des passages très réussis de danse, une goguette très « princière », des moments à la fois loufoques et absurdes, le tout résonant comme un miroir.
Ce qui nous fait rire, à travers les caricatures de ces quatre artistes, c'est nous, nous les humains.
« Jamais vu ça d'my life ! »

Bien entendu, le public est mis à rude contribution. Certains messieurs sont gentiment provoqués, un autre monte sur scène (je pense qu'il s'en souviendra longtemps...), votre serviteur qui a démontré sa nullité au freesbee, etc, etc...

Les quatre représentants du genre humain n'ont pas le monopole du plateau.
Rejoindront le quatuor sur scène deux mammifères (là encore, je vous laisse découvrir...) qui eux aussi ravissent tout le monde. Notamment grâce à une carotte.
Ca donne envie, non ?

Le spectacle se termine sur un inénarrable final (« Allez, tu te casses maintenant... ») !

Julie Ferrier a beaucoup de métier. Et de talent.
Faite rire est très difficile. Elle y parvient sans problème, avec une sorte de surréaliste facilité qui est évidemment très travaillée.
Le show est réglé au millimètre, avec des changements de costumes souvent « improbables »..., des effets lumières, de la fumée, des accessoires épatants, et une bande son elle aussi aux petits oignons.

Ses mimiques, ses double-takes, ses ruptures, ses adresses au public, ses répliques assassines qu font mouche, ses grands gestes sont autant d'ingrédients savoureux de ce cabaret déjanté, à savoir de de très beaux moments de comédie et d'humour.

En ces temps de morosité ambiante, il faut aller voir Julie Ferrier.
C'est un spectacle qui fait du bien. Vraiment !