Expo Penser en formes et en couleurs
Outil de composition libératoire, vecteur de sentiments ou de projections symboliques, paysage mental, monochrome et levier pour repartir à zéro, éblouissante… la couleur est versatile et les artistes exploitent toutes ses facettes, jouant avec les sens du visiteur et sa perception.
La qualité vibratoire et lumineuse de la couleur, sa capacité à créer du mouvement sur une surface pourtant plane est cependant régulièrement mise à l’épreuve. Elle disparaît cependant au profit de réflexions autour du geste, du signe, du hasard ou encore de la lumière.
Cette exposition laisse délibérément libre-cours aux associations entre les œuvres s’émancipant ainsi du cadre chronologie. Elle est construite par thématiques et valorise les résonances entres les œuvres d’art moderne et la création plus contemporaine, créant un dialogue nourri de confrontations et de dissonances. Des liens sous-jacents naissent ainsi d’affrontements et de rencontres a priori impossibles.
À travers près de 120 peintures, sculptures, installations, dessins et objets, une soixantaine d’artistes emblématiques des deux collections seront présentés parmi lesquels Georges Adilon, Robert Delaunay, Jean Dubuffet, Jean Fautrier, Lucio Fontana, Hans Hartung, Fernand Léger, Christian Lhopital, François Morellet, Olivier Mosset ou Pierre Soulages.
Musée des Beaux-Arts de Lyon
Les tableaux présentés ne sont pas forcément des tableaux emblématiques ou majeurs d'artistes mais qu'importe … ils sont tout à fait représentatifs du parcours artistique de cette exposition. Dans la section « Sans y penser », les intentions farcesques et « la contrepèterie visuelle » d'Erik Dietman nous donnent des sculptures/objets pleines d'humour, comme « Pour Munch » 1993-1997 ou « Le nouvel an chinois » 1993-1997. De très beaux monochromes sont largement présents comme « Yellow » 1986 de Phil Sims ou « Le monochrome rouge A5 » de Bernard Aubertin 2015 dont la particularité est d'être en relief. La lumière transfigure l'outrenoir cher à Soulages - oeuvre de 2009. Steven Parrino froisse sa toile bleue « Turning blue » 1988 pour enlever la planéité du monochrome.
Olivier Mosset avec « Escort » 1987 fait réfracter une lumière rose/orange qui jaillit dans l'espace. Olivier Debré, quant à lui, avec « Bleu pâle de Loire » 1976 nous entraîne dans un paysage ligérien au calme soudain basculé de quelques pointes de vert. D'autres territoires sont exposés que ce soit les chemins cartographiques de la communauté aborigène Warlukurlangu 2000 dialoguant avec ceux de Philippe Dereux « La rose des vents » 1964 ; les territoires oniriques de Fred Deux ou ceux revenant d'outre-tombe « Guano » de Judith Reigl 1963-1964. Au final, une thématique intelligente et enrichissante à voir si vous êtes de passage à Lyon jusqu'au 5 janvier 2020.