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Moi la mort, je l'aime comme vous aimez la vie
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« Je me suis inspiré de l’affaire Merah pour écrire cette pièce.
Je voulais transposer au théâtre ce moment de sidération collectif pour voir en face cette violence qui habite de plus en plus notre vie. Remonter, pas à pas, le chemin qui fait d’un enfant perdu le symbole même du mal absolu. Une fois qu’on a crié « au monstre » se poser cette question : pourquoi notre société, qui fait désormais peu cas de l’humain, engendre-t-elle aujourd’hui de pareilles monstruosités ?
Les monstres ne tombent pas du ciel, ils sont en nous. »
Mohamed Kacimi
Toutes les critiques
Fan de théâtre comme je suis, j’ai suivi l’été dernier la ‘polémique’ d’Avignon sur cette pièce sans en comprendre le pourquoi car où est l’apologie du terrorisme dans cet échange plutôt fidèle entre la police et Mohamed Merah ? Puis j’ai su que la pièce allait être jouée à Rouen et j’ai profité de l’occasion pour y aller car aucunes autres dates n’étaient annoncées afin de me faire ma propre idée.
Grand bien m’en a pris car c’était la dernière fois qu’elle était jouée comme nous l’a malheureusement confirmé l’équipe de la pièce lors du débat proposé en fin de pièce. Il y a donc eu la pièce mais aussi, un débat avec l’auteur Mohamed Kassimi et le metteur en scène qui est aussi celui qui interprète le terroriste : Yohan Manca.
Alors, je n’irai pas par quatre chemins : cette pièce est nécessaire et elle est très bien faite que ce soit au niveau du fond qui est une transcription des 30 dernières heures de Mohamed Merad, qu’au niveau de la forme avec ce mur qui sépare la scène en deux et puis il y a les réflexions que cette pièce engendre et ça c’est vraiment important.
Comme cela a été dit, c’est une transcription des derniers échanges entre la police et Mohamed Merah qui est acculé à son domicile, publiée par Libération, pourquoi douterions nous de la véracité des verbatims présentés ? Oui, il y a des échanges surprenants au cours de ce dialogue mais cela fait parti de la négociation entre un policier et le terroriste, il y a aussi des phrases choc qui font mal et qui vous marquent : « Ce sont pas des enfants, ce sont des cibles ». Il y a deux comédiens, oui car ils sont bien deux il n’y a pas que le terroriste on stage, le négociateur de la police (Charles De Van de Vyever qui est excellent) est aussi important que le terroriste et tous les deux forment un couple particulier, on sent qu’il se connaissait déjà (il était déjà fiché, il avait été convoqué), les échanges sont parfois très personnels. Ma perception de cet échange est que ça a été reproduit de façon réaliste.
Ce qui m’a frappé en entrant dans la salle du Rexy, c’est l’ambiance sonore et lumineuse créé pour la pièce, on se sent oppressé par l’ombre et le bruit. La salle est plutôt petite, nous sommes sur des bancs avec une grande proximité avec les comédiens, on vit l’histoire avec eux même si on connait déjà la fin. La tension monte progressivement et la scène finale est saisissante car elle rappelle à la fois les conversations qui viennent d’avoir lieu et aussi nous font réfléchir à ce qui peut provoquer un basculement vers l’enfer de la violence.
Le mur qui sépare les deux protagonistes est symbolique et pourtant ils en jouent merveilleusement bien : lui tournant le dos ou s’éloignant quand Momo se replie sur lui même ou alors quand le négociateur fait face au mur comme s’il voulait parler face à face avec Momo pour gagner sa confiance.
Bref, j’ai beaucoup aimé et je ne peux que regretter que cette pièce ne soit plus jouée car elle permet le débat… Débattre c’est échanger ses idées de façon civile.
Grand bien m’en a pris car c’était la dernière fois qu’elle était jouée comme nous l’a malheureusement confirmé l’équipe de la pièce lors du débat proposé en fin de pièce. Il y a donc eu la pièce mais aussi, un débat avec l’auteur Mohamed Kassimi et le metteur en scène qui est aussi celui qui interprète le terroriste : Yohan Manca.
Alors, je n’irai pas par quatre chemins : cette pièce est nécessaire et elle est très bien faite que ce soit au niveau du fond qui est une transcription des 30 dernières heures de Mohamed Merad, qu’au niveau de la forme avec ce mur qui sépare la scène en deux et puis il y a les réflexions que cette pièce engendre et ça c’est vraiment important.
Comme cela a été dit, c’est une transcription des derniers échanges entre la police et Mohamed Merah qui est acculé à son domicile, publiée par Libération, pourquoi douterions nous de la véracité des verbatims présentés ? Oui, il y a des échanges surprenants au cours de ce dialogue mais cela fait parti de la négociation entre un policier et le terroriste, il y a aussi des phrases choc qui font mal et qui vous marquent : « Ce sont pas des enfants, ce sont des cibles ». Il y a deux comédiens, oui car ils sont bien deux il n’y a pas que le terroriste on stage, le négociateur de la police (Charles De Van de Vyever qui est excellent) est aussi important que le terroriste et tous les deux forment un couple particulier, on sent qu’il se connaissait déjà (il était déjà fiché, il avait été convoqué), les échanges sont parfois très personnels. Ma perception de cet échange est que ça a été reproduit de façon réaliste.
Ce qui m’a frappé en entrant dans la salle du Rexy, c’est l’ambiance sonore et lumineuse créé pour la pièce, on se sent oppressé par l’ombre et le bruit. La salle est plutôt petite, nous sommes sur des bancs avec une grande proximité avec les comédiens, on vit l’histoire avec eux même si on connait déjà la fin. La tension monte progressivement et la scène finale est saisissante car elle rappelle à la fois les conversations qui viennent d’avoir lieu et aussi nous font réfléchir à ce qui peut provoquer un basculement vers l’enfer de la violence.
Le mur qui sépare les deux protagonistes est symbolique et pourtant ils en jouent merveilleusement bien : lui tournant le dos ou s’éloignant quand Momo se replie sur lui même ou alors quand le négociateur fait face au mur comme s’il voulait parler face à face avec Momo pour gagner sa confiance.
Bref, j’ai beaucoup aimé et je ne peux que regretter que cette pièce ne soit plus jouée car elle permet le débat… Débattre c’est échanger ses idées de façon civile.
En mars 2012 le tueur de Montpellier et de Montauban est retranché dans son appartement, cerné par le RAID. Dans les jours précédents il a tué trois militaires, trois enfants juifs et un professeur dans une école. Pendant près de deux jours de négociations les policiers vont tenter de mieux cerner le personnage pour l'amener à se rendre. En vain. Le RAID finira par donner l'assaut tuant le meurtrier, enlevant ainsi aux familles des victimes toute possibilité de procès. Le public retient le nom du meurtrier, répété sans cesse sur les chaînes d'information, mais ne connaîtra pas celui des victimes. J'ai choisi de ne pas le nommer.
Mohamed KACIMI a créé ce spectacle en s'appuyant sur les verbatim des échanges entre le tueur et les policiers. Ceux-ci ont été publiés dans Libération. L'auteur en a tiré un texte pour le théâtre. D'un côté de la scène deux murs en angle droit symbolisent l'appartement de l'assassin. De l'autre côté le policier. Pour seuls accessoires quelques papiers pour l'un, une chaise et une bâche pour l'autre.
Charles Van de Vyver est le policier, le négociateur qui va déployer tact et patience pour tenter d'obtenir du forcené toutes les informations qui permettraient de reconstituer son parcours, ses motivations, ses soutiens, ses sources de financement, ses secrets, savoir s'il a agi seul ou non, quels étaient ses appuis. Tel un équilibriste il est constamment sur le fil. Chaque mot, chaque intonation peut ruiner tous les efforts précédents. Il faut adopter le langage du fou retranché, le questionner sans se montrer inquisiteur, doser la réaction à ses provocations, ne rien montrer de ce que le négociateur peut ressentir lui-même à son égard. Froid, calme, posé, usant de la voix et de la colère uniquement lorsque cela est nécessaire, le comédien fait passer toute la difficulté de la situation.
Yohan Hance est le tueur retranché dans un appartement. Le spectacle fait le portrait d'un jeune nourrit de la violence des jeux vidéo (il était accro à Call of Duty), qui ne fait pas la différence entre le jeu et la réalité, dont la seule inquiétude semble être de savoir si sa mère sait ce qu'il a fait. Aucun remords, aucun regret dans les paroles du tueur, si ce n'est de ne pas avoir pu faire plus de victimes. Les enfants juifs ? "ce ne sont pas des enfants, ce sont des cibles". Sa préoccupation au moment où il est cerné : savoir quelles chaînes de télé sont présentes et les informations transmises à BFM. A quoi pensait-il lors de ses actions "je pensais à Call of Duty, à Youtube". Un gosse nourrit de la violence des jeux vidéo et des informations.
Alors qu'avait lieu la dernière représentation dans le Festival OFF une polémique stérile naissait à propos du spectacle, une association en demandant l'interdiction, l'accusant de faire l'apologie du tueur et de l'antisémitisme. Tous ceux qui auront vu la pièce, déjà jouée à Paris en 2015 ou lu les verbatims parus dans Libération au moment des faits, s'étonneront de cette polémique. A aucun moment on n'est en empathie avec le tueur. L'objectif n'a jamais été d'en faire un héros mais bien de tenter de démontrer les mécanismes psychologiques et environnementaux qui amènent un jeune homme à devenir un monstre. Objectif atteint.
En bref : Du théâtre documentaire nécessaire pour comprendre l'enfermement psychologique de ces tueurs fous.
Mohamed KACIMI a créé ce spectacle en s'appuyant sur les verbatim des échanges entre le tueur et les policiers. Ceux-ci ont été publiés dans Libération. L'auteur en a tiré un texte pour le théâtre. D'un côté de la scène deux murs en angle droit symbolisent l'appartement de l'assassin. De l'autre côté le policier. Pour seuls accessoires quelques papiers pour l'un, une chaise et une bâche pour l'autre.
Charles Van de Vyver est le policier, le négociateur qui va déployer tact et patience pour tenter d'obtenir du forcené toutes les informations qui permettraient de reconstituer son parcours, ses motivations, ses soutiens, ses sources de financement, ses secrets, savoir s'il a agi seul ou non, quels étaient ses appuis. Tel un équilibriste il est constamment sur le fil. Chaque mot, chaque intonation peut ruiner tous les efforts précédents. Il faut adopter le langage du fou retranché, le questionner sans se montrer inquisiteur, doser la réaction à ses provocations, ne rien montrer de ce que le négociateur peut ressentir lui-même à son égard. Froid, calme, posé, usant de la voix et de la colère uniquement lorsque cela est nécessaire, le comédien fait passer toute la difficulté de la situation.
Yohan Hance est le tueur retranché dans un appartement. Le spectacle fait le portrait d'un jeune nourrit de la violence des jeux vidéo (il était accro à Call of Duty), qui ne fait pas la différence entre le jeu et la réalité, dont la seule inquiétude semble être de savoir si sa mère sait ce qu'il a fait. Aucun remords, aucun regret dans les paroles du tueur, si ce n'est de ne pas avoir pu faire plus de victimes. Les enfants juifs ? "ce ne sont pas des enfants, ce sont des cibles". Sa préoccupation au moment où il est cerné : savoir quelles chaînes de télé sont présentes et les informations transmises à BFM. A quoi pensait-il lors de ses actions "je pensais à Call of Duty, à Youtube". Un gosse nourrit de la violence des jeux vidéo et des informations.
Alors qu'avait lieu la dernière représentation dans le Festival OFF une polémique stérile naissait à propos du spectacle, une association en demandant l'interdiction, l'accusant de faire l'apologie du tueur et de l'antisémitisme. Tous ceux qui auront vu la pièce, déjà jouée à Paris en 2015 ou lu les verbatims parus dans Libération au moment des faits, s'étonneront de cette polémique. A aucun moment on n'est en empathie avec le tueur. L'objectif n'a jamais été d'en faire un héros mais bien de tenter de démontrer les mécanismes psychologiques et environnementaux qui amènent un jeune homme à devenir un monstre. Objectif atteint.
En bref : Du théâtre documentaire nécessaire pour comprendre l'enfermement psychologique de ces tueurs fous.
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