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Eugénie

Eugénie
De Côme de Bellescize
Mis en scène par Côme de Bellescize
Avec Philippe Bérodot
  • Philippe Bérodot
  • Jonathan Cohen
  • Eléonore Joncquez
  • Estelle Meyer
  • En tournée dans toute la France
Itinéraire
Billets de 14,00 à 31,00
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Est-ce qu’il y a l’espèce humaine d’un côté et moi de l’autre ?


Ils font l’amour dans l’arrière-boutique. Sarah veut un enfant. Samuel vend des photocopieuses. Sarah est enceinte, mais l’enfant ne reste pas, ne tient pas. Samuel vend ses machines reproductrices haute technologie. Certaines copient idéalement les traits cohérents d’un Mondrian, d’autres copient mieux les tracés imprévisibles d’un Pollock. Et Sarah choisit un prénom pour l’enfant qui cette fois-ci s’accroche. Eugénie, comme l’impératrice. Mais Eugénie est imparfaite, poupée tordue, mal foutue. Elle naîtra, si elle naît, handicapée. Sarah et Samuel ont une semaine pour se décider. Garder l’enfant ou non. La mère, les docteurs, les autorités en tout genre et même une méduse s’en mêlent. Sarah et Samuel sont-ils libres d’enfanter un monstre ?


Auteur et metteur en scène né en 1980, Côme de Bellescize écrit en 2004 Les Errants. Il évoque une société de gaspillage et de laissés-pour-compte. En 2012, il aborde la thématique de l’euthanasie dans Amédée. Son théâtre saisit des faits de société devenus les tabous de la vie moderne. Ici, un parcours chahuté dans une existence mise à l’épreuve, où s’accumulent les violences, les ruptures, les cas de conscience, les contradictions et les effrois de toute une société en proie à un choix crucial. Drôle, noire, poétique et fantasque, Eugénie est une épopée, une équipée sauvage dans les bouleversements d’un couple ordinaire à qui arrive l’impensable. Pierre Notte

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5 déc. 2015
8,5/10
79
Côme de Bellescize se plaît à bâtir des passerelles entre des dilemmes éthiques de notre temps et des trouées oniriques aussi étranges que fascinantes. Moyen surtout de défamiliariser des situations réalistes insoutenables dans leur cruauté.

Dans Amédée, le jeune metteur en scène abordait l’euthanasie avec une délicatesse poétique et brutale rare ; dans sa nouvelle pièce Eugénie, il se penche sur le handicap de l’enfant à naître dans une même dynamique d’ébranler les consciences. Pari réussi au Rond-Point.Sujet ultra touchy au possible donc pour ce nouveau bébé signé Côme de Bellescize. Comment réagir face à la pression d’une société qui nie votre propre arbitraire ? Entre une mère féministe, des médecins bonimenteurs et un mari qui pète les plombs, normal que Sarah craque. Le regard porté par le dramaturge possède une acuité et une véracité déconcertante : il ne juge jamais mais essaye de décortiquer les façons de se sortir d’un tel dilemme. Entre vénération et rejet, attente et pensées infanticides, les sentiments s’entrechoquent et brouillent les pistes.

Impossible de ne pas sentir sa gorge se nouer en sortant d’Eugénie : la « bien née » se transforme en bombe à retardement au sein d’un couple qui se déchire. Pourtant, aucun pathos n’émerge ici, et là réside la grande force de la pièce. Tout baigne dans un climat d’irréalité, voire d’absurde. Sensations troublantes lorsque l’enfant crie son mal-être et semble condamner ses parents du regard. Malaise quand une énorme pelle est à deux doigts de mettre fin aux jours de l’embryon…

Déjouant une quelconque logique temporelle, Eugénie se balade habilement entre les deux alternatives possibles : entre l’avortement et le retour à une vie « normale » et l’acceptation d’un enfant qui sera constamment jugé et pointé du doigt par la société.

Sur le plateau, ce floutage est rendu par une scénographie minérale exprimée par la terre, symbole de régénérescence et de putréfaction. Cocasse également, le décor prête à rire pour dédramatiser un tant soit peu la pesanteur de la situation. Pour preuve, cette scène hilarante au début de la pièce où Samuel conseille un client tout en couchant avec sa femme. Seule sa tête dépasse, d’où un double jeu truculent.

Enfin, chapeau bas au quatuor de comédiens à l’interprétation sans faille et à fleur de peau, à commencer par Éléonore Joncquez, déchirante d’humanité dans le rôle de cette mère à tout prix, perdue dans ses désirs. À ses côtés, Jonathan Cohen campe un Samuel, mi-abject-mi gamin avec une belle densité. Estelle Meyer irradie dans une double partition étonnante d’élasticité : foldingue en mama envahissante et désarmante de candeur triste dans le rôle-titre. Philippe Bérodot incarne quant à lui tous les rôles périphériques avec un abattage délectable.

Avec Eugénie, Côme de Bellescize bouleverse et amuse à la fois : doté d’une plume percutante qui laisse K.O, le dramaturge/metteur en scène réussit à se confronter à l’inacceptable sans a priori. Une leçon de vie qui laissera des traces.
21 nov. 2015
9/10
115
Pièce à la fois bouleversante et extrêmement juste, à la fois grave et drôle, le texte est très fin.

La mise en scène et le jeu des acteurs excellents, c'est un magnifique travail, bravo à Côme de Bellescize !
Je vous la recommande.
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Notes détaillées (pour les plus courageux)
Texte
Jeu des acteurs
Rire
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor