- En tournée
- En tournée dans toute la France
Barbe-Neige et les Sept Petits cochons au bois dormant

- Dorel Brouzeng Lacoustille
- John Degois
- François Lamargot
- Céline Lefèvre
- Sandrine Monar
- Karla Pollux
- Mélanie Sulmona
- Jean-Charles Zambo
- En tournée dans toute la France
Mangez ma pomme !
Une princesse inerte, un chevalier à cheval et un baiser qui sauve. Les contes de fées en charrient depuis le plus bas âge, des clichés qui collent à la vie. Il leur fallait une bacchanale délirante pour balayer les idées reçues et les modèles imposés. Les stéréotypes explosent sur une scène minée. Ici, le Chaperon rouge court après un fauve domestiqué. Trois petites cochonnes coursent un ours. Blanche-Neige est noire, ça lui va très bien. Les Sept Nains ne sont plus qu’un. Et la Belle au bois dormant n’attend personne et encore moins un prince charmant.
Née à Milan, formée à Rome, Laura Scozzi étudie à Paris, à l’École Marcel Marceau. En 2010, elle met en scène au Rond-Point Et puis j’m’en fous, vas-y, prends-la ma bagnole, pour Olivier Sferlazza. Pour le Festival Suresnes cités danse 2014, la chorégraphe revient jouer du mélange des genres, met les idoles de l’enfance à l’épreuve de la danse urbaine. Paganini s’accointe avec le hip-hop dans un album en relief et en couleurs, festin d’irrévérences. Huit danseurs livrent une psychanalyse délurée des contes de fées, avec pantoufles qu’on ne retrouvera pas et baguettes dont on ne sait plus se servir. Ils dynamitent les dénouements prévisibles, cassent les élans moralisateurs des histoires connues et font place nette à la satire, à la liberté et à la fête. Pierre Notte
Un peu décontenancée au début du spectacle par l'aspect répétitif des scènes, et par l'humour un peu salace (j'étais avec mes enfants...), je me suis vite laissée emporter par le formidable crescendo comique. Et nous sommes tous passés d'une esquisse de sourire à un énooooooorme éclat de rire final.
Un spectacle court (1h15) à ne pas rater, avec des enfants à partir de 9 ans.
Le spectacle qui nous est proposé par Laura Scozzi et ses huit danseurs tangue en permanence entre le burlesque et la grâce, la technique et le délire, l'extravagance et la complicité qui parle à tous les enfants, y compris ceux que nous sommes. C'est superbe et bluffant. On reste bouché bée et on rit à gorge déployée, ce qui n'est pas si simple, essayez pour voir.
L'histoire est presque très conventionnelle : Il était une fois... Non, il était des fois... Enfin je ne sais plus bien. Attendez si ! Il y a un petit chaperon cendrillonné, amoureux du loup avec aussi le nain et ses 7 blanches neige... euh non, enfin bon… Et c'est comme ça du début à la fin. Je le jure, je ne mélange pas tout, c'est eux, ils le font exprès, j'en suis sûr !
C'est à y perdre son latin, son Grimm ou son Perrault mais que c'est drôle, agréable et jubilatoire. Un très beau spectacle visuel, musical et dansé à ne rater sous aucun prétexte ! Au risque que la fée ne redevienne sorcière et là, je ne réponds plus de rien mais j'aurais prévenu.
Dès cette entrée, nous savons que les personnages de contes de fée seront rendus plus proches de nous pour mieux faire tomber nos illusions et envoyer valser les clichés tenaces de cet univers aseptisé. La chorégraphe et metteure en scène italienne insuffle un grain de folie dans ce monde féérique pour notre plus grand plaisir et nous nous laissons séduire par sa vision satirique des contes qui nous entraîne dans un hip-hop déjanté haut en couleur.
Dans une scénographie acidulée dans les teintes rose bonbon des contes de fée, nous croiserons une fée survoltée, des abeilles qui semblent se faire des lignes de pollen comme des droguées en manque avant de se faire gazer à grands coups d’insecticide, sept Blanche-Neige qui jetteront leur dévolu sur un unique nain qui cherchera à combler leur appétit sexuel avec une pomme et devra rapporter des bières pour le match de foot diffusé à la télé, trois petites cochonnes tapinant et flirtant avec un loup dans une maison close aux rideaux roses à paillettes, des ours videurs de boîte de nuit, un petit chaperon rouge masculin, poilu et viril à souhait dans sa robe à pois dansant un duo enflammé et gracieux avec le loup psychopathe qui le poursuivra avec une scie, une belle au bois dormant qui refusera le baiser du prince qui, désespéré, recherche dans le conte ce qu’il a mal fait, des Cendrillon en baskets prêtes pour aller en discothèque ou semant différents objets, du string à la jambe en passant par le bébé ou le ballon oval, des princes charmants déboussolés batifolant entre eux ou se soulageant dans les roseaux entourant le lit de la belle, un barbe bleue crooner sous la domination de la fée du logis le rappelant à l’ordre ou encore des animaux divers malmenés.
Prenant le contre-pied de ces histoires, Laura Scozzi nous amène à la désillusion du mythe du prince charmant en confrontant rêve et réalité. Loin de l’aspect guimauve de Walt Disney, elle monte une satire joyeuse mêlant des formes artistiques variées. Tout ce petit monde évolue dans des scénettes expressives et suggestives orchestrées par la baguette magique de la fée entremetteuse et déjantée. La musique, signée Niccolò Paganini, est vive et bien intégrée dans un univers survolté où Cendrillon obéit à l’appel de la fée, qui reprend le titre culte des Forbans « Viens, chante, danse et mets tes baskets » pour rétablir un semblant d’ordre établi.
La proposition décalée, acidulée et vitaminée de Laura Scozzi, ponctuée d’une bonne dose d’humour, bouscule nos représentations de l’amour et de la vie dans leur dimension d’idéal. Les huit danseurs déjantés font exploser les stéréotypes les plus ancrés dans notre culture collective. C’est drôle, un peu trash mais jouissif de bout en bout. Une farce pétillante et surprenante qui ravira un large public par sa vivacité et son grain de folie.