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887, Robert Lepage

887, Robert Lepage
De Robert Lepage
Mis en scène par Robert Lepage
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Robert Lepage, en solo, interroge la persistance des souvenirs.

Que vous évoque 887 ? Pour Robert Lepage, c’est à ce numéro qu’habite son enfance… Depuis ce point de fuite, son adresse interroge le souvenir, intime et commun. Persistance de fragments futiles, oubli de l’essentiel, comment la mémoire fonctionne-t-elle ? Mystérieuse et infidèle, affective et vive, poétique et précise, elle est à l’ère du numérique en profonde mutation.

 

« À quoi nous sert-il de nous rappeler ? De quelle façon le théâtre fondé sur l’exercice de la mémoire, est-il toujours pertinent aujourd’hui ? » Dans une scénographie intimiste qui se transforme et se dévoile sous nos yeux au gré de ses souvenirs, Lepage s’offre un territoire expérimental et ludique pour ses recherches sur la mémoire.

Après l’emblématique Les Aiguilles et l’opium, 887 est l’occasion de voir Robert Lepage au plateau, dans le dernier de ses solos qui ont fait sa réputation.

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12 sept. 2015
8/10
109
Deux heures durant, Lepage revient sur son enfance heureuse dans un quartier populaire de la Belle Province.

Cette plongée intime dans des souvenirs précieux s’interroge sur les sélections de la mémoire, sur l’entrecroisement entre la grande Histoire perturbée par la montée des nationalismes et le désir d’indépendance revendiqué par le FLQ (le Front de Libération du Québec), la venue en fanfare de de Gaulle et les échos personnels du petit Robert, déchiré par sa double culture et des conditions de vie précaires.

L’idée de revenir sur sa jeunesse est apparue comme une épiphanie pour Lepage lors d’une cérémonie culturelle rendant hommage à la poésie québécoise contemporaine. Invité à déclamer « Speak White » de Michèle Lalonde, le troubadour peine à apprendre par cœur ce court texte retraçant les combats douloureux d’un Québec en proie à de profondes crises identitaires.

Loin de se cantonner à une bête introspection narcissique, Lepage se met en scène au sens propre avec l’effusion magique d’un Prospero, maître de l’illusion. Débordant d’imagination, le magicien dévoile ses tours épatants grâce à une boite aux merveilles délicieusement régressive.

Ce grand enfant déambule dans sa maison de poupée grandeur nature comme un poisson dans l’eau. Se jouant des focalisations, Lepage se transforme à l’envi en démiurge se filmant en gros plan ou en fourmi évoluant au milieu de figurines de plomb. Conférencier pédagogue sans jamais être pédant, il illustre aussi l’Histoire de son pays avec vidéos à l’appui, reconstitutions militaires.

La fluidité impressionnante de la scénographie propulse aussi bien dans des appartements que dans un immeuble, une cuisine dernier cri ou une bibliothèque encombrée. Lepage maîtrise sur le bout des doigts le propre récit de son enfance et se livre avec une belle générosité, sans se prendre au sérieux.

Quoi de mieux pour clôturer ce numéro de prestidigitation que la performance pure et dure de « Speak White » ? Une interprétation au cordeau, engagée et noble. Du pur théâtre.

Mêlant jeu d’ombres primitif et stylisé revenant sur sa découverte précoce du théâtre, adresse amusée au public et témoignage sans fard de la révolution québécoise, 887 ouvre le Festival 2015 par un feu d’artifice bleuté au verbe haut.
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Texte
Jeu des acteurs
Rire
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor