- Comédie Musicale / Musique
- Studio Hébertot
- Paris 17ème
Dessine moi un piano
- Jean-Paul Farré
- Studio Hébertot
- 78bis, boulevard des Batignolles
- 75017 Paris
- Rome (l.2)
C’est l’histoire d’un pianiste qui prépare, entretient et astique le piano pour le concert du maestro…
C’est aussi l’histoire d’un pianiste qui découvre que les 88 touches du clavier ont disparu…
C’est encore l’histoire d’un pianiste qui s’aperçoit que son instrument de travail est sur écoute…
Et si c’était l’histoire d’un artiste qui interprète de trois différentes manières le début d’un spectacle et enchaîne directement sur la fin de la représentation… car dans un seul en scène, comme dans une pièce de théâtre, l’important c’est le début pour capter le public et la fin pour capter ses applaudissements… le milieu on s’en arrange toujours.
Dans le cadre de ce récital très déglingué, hors des normes musicales, dans un fatras de partitions, il y aura l’intervention d’un tourneur de pages, métier en voie de disparition dont la devise est : « Il faut qu’une page soit ouverte ou tournée ! »
N’oublions pas qu’un tourneur de pages, c’est quelqu’un qui sait lire la musique mais ne sait pas la jouer…
Yeux ronds comme des billes, cheveux indomptés, en costume queue-de-pie, Jean-Paul Farré a des airs de savant fou. Il est en réalité un pianiste lambda chargé de préparer le précieux instrument pour le « Maestro ». Curieux concert burlesque imaginé, partitionné et interprété par Jean-Paul Farré. Le comédien musicien virtuose fait le clown avec bonheur.
« C’est l’histoire d’un pianiste qui prépare, entretient et astique le piano pour le concert du maestro... C’est aussi l’histoire d’un pianiste qui découvre que les 88 touches du clavier ont dis- paru... C’est encore l’histoire d’un pianiste qui s’aperçoit que son instrument de travail est porté sur la boisson... Et si c’était l’histoire d’un artiste qui interprète de trois différentes manières le début d’un spectacle et enchaîne directement sur la fin de la représentation ?... »
Jean-Paul Farré n’est pas que musicien, conteur, clown, comédien (excellent au demeurant) et auteur. Il est tout cela à la fois mais c’est surtout un fou furieux artistique, un empêcheur de vie morne, un éviteur de moments fades, un bousculeur de normes, un revanchard des heures perdues.
Il faut absolument se laisser prendre au piège de ce spectacle jouissif, se laisser aller aux rires et aux sourires, à sa poésie, se faire surprendre chaque fois où on ne s’y attend pas. Lâcher prise enfin, encore et encore. Que c’est bon !
Une ambiance particulière que les fidèles de ses « spectacles en solitaire » comiques reconnaîtront. Une ambiance complice, chaleureuse et délibérément drôle. Là où la vis comica se fait tour à tour fourbe et poétique, Jean-Paul Farré n’est jamais loin. Le spectacle est ficelé façon gags et saillies. Tout tourneboule et ricoche.
L’écriture n’est pas oubliée dans ce spectacle. Elle se fait brillante et équilibrée. Le propos est bien pesé. Les notes explosent, glissent ou s'envolent. Les mots les accompagnent avec science et subtilité. Il y a comme une déclaration d'amour au Piano dans cette partition dite et ce récit musical.
L’ensemble est réglé au cordeau par la mise en scène inventive comme à son habitude de Stéphane Cottin qui donne au spectacle un rythme « allegro non serioso ». Une mise en place qui accompagne avec précision le ou les personnages dans ce délire déglingué et roublard. Une volonté évidente de furie drôle, tendre et merveilleuse traverse le spectacle tout le long.
Un spectacle aux charmes fous d'une poésie d'enfance dite par un clown majestueux. Des vagues déferlantes de rire intelligent, en verbe et en musique. Un artiste de grand talent. C’est la deuxième fois que je vois ce spectacle (comment y résister ?).
Un moment magique, singulier et drôle. Courez-y !