Critiques pour l'événement Portrait Craché
4 mars 2016
6,5/10
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Nous avons perdu de vue Julie Lescaut depuis deux ans. Mais on peut se réjouir car cette disparition a donné à son interprète illustre, Véronique Genest, la liberté de pouvoir remonter sur les planches, en l'occurrence, celles du Palais des Glaces de Paris où elle est à l'affiche de Portrait craché de Thierry Lassalle.

Il avait écrit la pièce pour Jacqueline Maillan, qui n'a pas eu la disponibilité pour la jouer et qui malheureusement nous a quitté avant que son emploi du temps ne lui en laisse la liberté.
Portrait craché est une comédie de boulevard où se tricotent secrets de famille et quiproquos.
C'est une tranche de vie de l'histoire de Marie, mère d'Arthur, 25 ans, qui n'a jamais su qui était son père. Ce dernier, Philippe, ignore sa naissance car Marie l'a quitté sans le lui dire. Mais lorsque la fille de Philippe tombe amoureuse d'Arthur, qui est donc son demi-frère, les choses se corsent pour Marie. La mère doit agir en tentant de limiter les dégâts.
Véronique Genest reprend fièrement et dignement le flambeau 20 ans plus tard sans pour autant copier ce que la grande Maillan aurait fait. Et puis le texte n'a pas pris une ride. C'est une comédie légère dans la droite ligne du pur boulevard.

L'actrice principale surgit, méconnaissable, dans son Cotten, la tête protégée d'un suroît Cap à larges bords tombant jusqu'au haut de son dos. Quand elle retire le suroît c'est vraiment le poussin qui sort de l'oeuf.

Les ennuis se succèdent. Après une fuite d'eau dans la salle de bains (qui justifie le port du Cotten) Marie doit très vite préparer un repas pour honorer les futurs beaux-parents de son fils Arthur (Gaspard Leclerc). On croit le pire atteint lorsque se présente son ancien amoureux, Philippe (Julien Cafaro) et qu'ils reprennent tous les deux une vieille dispute. Très vite on apprend que cet homme est le père (inconnu jusque là) du jeune Arthur.

Marie devrait l'avouer mais, c'est bien connu, toute vérité n'est pas bonne à dire. Alors elle enchaîne les mensonges ... jusqu'à la révélation finale, inattendue et pourtant si logique.

Entre temps Sophie, la future belle-mère, quasi sosie d'Arielle Dombasle, deviendra la bonne copine de Marie et reconnaîtra que son couple bat de l'aile. Le contraste entre Sophie et Marie provoque le rire. Leurs personnalités sont diamétralement opposées et on se demande comment Philippe a pu passer de l'une à l'autre. Caroline Devismes joue en finesse un rôle qui n'est pas évident à tenir, celui de la poupée sans tête.

Maxime Van Laer campe un plombier avec lequel il va falloir compter pour régler les problèmes, de fuite d'eau comme de fuite d'informations.
Le thème de l'enfant caché n'est pas nouveau. Il est d'ailleurs au centre d'un autre spectacle en ce moment, avec un titre équivalent, la Fille de son père. A ceci près que le plombier remplace le peintre.

On ne peut pas savoir ce que Jacqueline Maillan aurait dit de ce spectacle. Il est probable qu'elle aurait applaudi. On sait qu'elle appréciait le talent de Véronique Genest qui, pourtant ne lui ressemble pas tellement. Ce qui est certain en tout cas c'est que la comédienne remplit son contrat, entraînant le public dans le tourbillon déchaîné de ses maladresses pour endiguer le passé.
25 févr. 2016
5/10
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En 2016, il existe encore des comédies qui vous donnent l’impression de revenir au théâtre 20 ans en arrière. PORTRAIT CRACHÉ fait partie de cette catégorie : un enfant caché, un dîner imprévu, une fuite d’eau et un plombier plein de ressources. Et beaucoup de claquements de portes aussi. Un vaudeville à l’ancienne en quelque sorte, signé Thierry LASSALLE, scénariste pour la télévision (Alice Nevers,…), qui a écrit la pièce à l’origine pour… Jacqueline MAILLAN. Et si c’est souvent dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, cette soupe-ci n’en reste pas moins bien fade.

Il y a 25 ans Marie quitte Philippe, enceinte, et lui cache la naissance du bébé. Quand 25 ans plus tard elle se rend compte que son fils Arthur est tombé amoureux de la fille de Philippe, la situation devient inextricable, d’autant que tout ce petit monde est invité à dîner chez Marie. De ce postulat pas franchement original Le Palais de Glaces (au passage, une salle que j’apprécie particulièrement) nous propose une comédie qui ne joue pas dans la finesse, avec des personnages caricaturaux (le plombier, la blonde nunuche), des dialogues moyens (rendez-vous compte si Marie n’affiche pas au mur les photos de ses autres enfants c’est parce qu’ils sont trop moches) et des situations moins crédibles les unes que les autres, générées par les mensonges successifs de notre héroïne. Du quiproquos à la chaîne si vous voulez. Malheureusement dans PORTRAIT CRACHÉ tout se déroule sans grande surprise (mise en scène de Thomas LE DOUAREC incluse), et on voit arriver l’ultime rebondissement à des kilomètres. A l’ouest rien de nouveau donc.

A noter que pour une comédie les 20 premières minutes sont plombantes, sans aucun rire, même pas un sourire. Jusqu’à l’arrivée du plombier, interprété par Maxime qui en 2/3 répliques bien senties arrive à faire basculer la pièce, enfin, dans la catégorie comédie pure. Passé ce cap la pièce est rythmée et on n’a pas le temps de s’ennuyer. Mais dommage que tout soit surjoué, des personnages aux situations.

Heureusement que les comédiens sont plutôt bons, à commencer par Véronique GENEST qui prend un réel plaisir à jouer son personnage et dégage une vraie énergie communicative pour ses partenaires (et accessoirement pour le public). D’autant qu’elle n’a pas forcément les répliques les plus pertinentes. Les autres comédiens ne sont pas en reste : Julien CAFARO qui interprète Philippe est fidèle à lui même, impeccable. Caroline DEVISME excelle dans son rôle de blonde écervelée (même si elle en fait quand même des caisses) et MAXIME s’en sort plutôt bien (et pour une fois il n’a pas le rôle du beauf de service). Seule fausse note l’interprétation mi-figue mi-raison de Gaspard LECLERC (Arthur). Par contre il faut savoir que ça crie beaucoup. Et souvent. Véronique GENEST, entre autres, hurle pendant toute la pièce. Les personnes équipées auront ainsi tout loisir de régler avec précision leur prothèse auditive !

Pour conclure, si PORTRAIT CRACHÉ n’est pas la comédie du siècle, ça n’en reste pas moins un pur divertissement. Un peu lourd et sans saveur certes, mais avec un arrière goût sucré quand même. Juste ce qu’il faut pour que ça ne tourne pas à la catastrophe. Pour l’apprécier à sa juste valeur il est tout de même préférable de ne pas avoir d’attente particulière. Ou d’adorer inconditionnellement Véronique GENEST. Si le scénario est téléphoné, n’en demeure pas moins qu’il y avait quand même matière à faire quelque chose de moins conventionnel et de plus péchu. A la sauce 2016 en quelque sorte.
24 févr. 2016
6,5/10
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Je ne suis pas fan des pièces de boulevard pur mais celle la est plutôt réussie, on rit souvent devant l'escalade de quiproquos et des mensonges éhontés de Véronique Genest très à l'aise dans son rôle de maman célibataire.

Julien Carafo et Maxime s'en donnent à coeur joie pour nous faire rire alors que l'histoire reste conventionnelle et que les rebondissements sont sans surprise mais on sent que les comédiens s'amusent aussi donc ça reste très plaisant.