Critiques pour l'événement Marco Polo et l'Hirondelle du Khan
11 oct. 2017
8,5/10
28
Quel voyage magnifique !!!

Kublai Khan, le roi mongol accueille le jeune Marco Polo, fils d’un marchand vénitien. Marco est jeune, impressionné par ce redoutable conquérant mais il est aussi sous le charme de l’hirondelle du Khan, la quatrième femme du Khan et sa préférée. Elle aussi, est tombée amoureuse du jeune aventurier. Le Khan est omniscient, il ‘sait’… Comment vont-ils s’en sortir ?

Dans le prolongement des Cavaliers d’après Joseph Kessel, Eric Bouvron a poursuivi son voyage oriental. Il a écrit et mis en scène avec brio cette rencontre entre le petit fils de Gengis Khan et Marco Polo.
Dès le début, nous sommes transportés dans une ambiance orientale, quelque part dans la steppe et nous suivons avec intérêt la rencontre de ces deux hommes. Superbe ambiance notamment grâce à l’univers sonore créé par Didier Simione assisté par deux excellentes musiciennes mongoles : Ganchimeg Sandag au shanz (banjo à 3 cordes) et Bouzhigmaa Santaro au morin khuur (vièle mongole) et accompagné par le chant magnifique de la mezzo-soprano Cécilia Meltzer. Ils sont omniprésents et intégrés dans la scénographie.

Le décor est simple, les changements de scène sont chorégraphiés avec une fluidité remarquable. Les costumes juste comme il faut. Tout est réuni pour nous faire voyager.

Et évidement les trois comédiens sont fantastiques. Laurent Maurel est un khan charismatique, imprévisible et impitoyable, je suis sous le charme. Kamel Isker campe un Marco Polo fougueux à souhait et Jade Phan-Gia est une hirondelle superbe et ensorcelante.

Je recommande cette sortie pour se changer les idées car le conte proposé par Eric Bouvron permet un dépaysement bienvenu.
27 sept. 2017
8/10
27
Spectacle troublant et merveilleux, à la lueur majestueuse d’un orient de splendeurs, de violences et de délices. Tout à la beauté d’un exotisme poussé jusqu’à l’illusion onirique et fantastique parfois lente et souvent secouée de soubresauts bondissants.

Spectacle envoutant où musiques, narrations et jeux s’entremêlent pour nous envelopper tout le long.

Récit de voyage, histoire d’amitié mêlée d’inimitié, long cri d’amour passionnel, péripéties fabuleuses de la vie d’un dictateur autant cruel et craint que sensible et amoureux, ce spectacle raconte ce qu'aurait pu être les 16 années de jeunesse que Marco Polo, fils de marchand vénitien, a passé auprès de l’empereur mongol Kubilai Khan, conquérant sauvage et puissant, devenu maître de l’empire de Chine.

Écrite et mise en scène par Éric Bouvron, cette aventure musicale et poétique autant que romanesque et épique crée avant tout une ambiance propice à une invitation vers un ailleurs merveilleux. Celui du conte ou du rêve éveillé dans lequel il convient de se laisser prendre pour le savourer tout à fait.

Une expression dramatique épurée égrène les séquences de ce périple mouvementé et initiatique de Marco Polo, de ses confrontations avec l’empereur Khan et de ses élans et ébats amoureux avec la quatrième épouse, l’Hirondelle de Khan.

Laurent Maurel joue l’empereur avec une puissance et une sensibilité remarquables. Jade Phan-Gia joue l’Hirondelle de Khan avec une présence éthérée charmante et charmeuse. Kamel Isker (ce soir-là) joue un Marco Polo à la jeunesse fougueuse, peut-être un peu trop en force par moments.

Ils sont tous les trois convaincants.

Quatre musiciens jouent en direct, quatre virtuoses.

Trois musiciennes évoluent parmi les comédiens, à la manière de bonzes errantes, dansant parfois des sortes de pantomimes à la gestuelle codifiée faisant penser à des rituels festifs.

Cécilia Meltzer, impressionnante mezzo-soprano, œuvrant d’une voix claire et veloutée, se déplace comme une déesse, glissant ici et là dans l’histoire. Ganchimeg Sandag, chante d’une voix blanche et crue des mélopées tenues, s’accompagnant d’un shanz (sorte de banjo à 3 cordes). Bouzhigmaa Santaro joue du morin khuur (sorte de vièle à 2 cordes).

Un autre musicien, Didier Simione, installé sur le côté cour derrière un ensemble synthétiseur/hang, accompagne le jeu des musiciennes et des comédiens.

Une surprenante histoire d’amour et de passions que cet étrange et merveilleux récit de voyage en musique, au pays de l’orient. Une échappée belle dans l’imaginaire d’un conte venu d’ailleurs.
24 sept. 2017
8/10
13
Magique et envoûtant. J'ai été embarquée dans ce conte, portée par la musique et par le chant lyrique.
Eric Bouvron nous embarque au cœur des steppes de la Mongolie, à la rencontre de 2 fortes personnalités avec des visions diamétralement opposées du monde : la conquête ou l'union des peuples !
Ces 2 hommes aiment la même femme : Marco Polo est jeune, enflammé ; Kublai Khan est souffrant, cruel, manipulateur mais suffisamment sensible pour sentir ce qui se trame et orgueilleux pour se venger.
Une belle invitation au voyage, je recommande !
23 sept. 2017
9,5/10
9
Magnifique, magique, envoûtant. Les mots revenaient en boucle unanimement dans les commentaires qui s'échangeaient dans le public ce soir de première ... parisienne, car le spectacle avait été joué avec succès cet été au festival d'Avignon.

Eric Bouvron nous embarque dans un Orient fabuleux, sur les traces de personnages historiques qui donnent leur nom au titre de la pièce Marco Polo et l’Hirondelle du Khan. Il aurait été trop long d'ajouter et Kublai Khan, petit‑fils de Ghengis Khan. Pourtant c'est à leur jeu pervers et de manipulation que nous assistons, fascinés.

Car c’est à un voyage dans le temps et dans un univers inhabituel auquel il faut se préparer.

Marco est jeune. 20 ans. Curieux. Ambitieux. Assoiffé d’aventure. Il sait très bien que son charme et sa fausse naïveté sont des armes dans la cour du Khan. Le souverain mongol a 60 ans. Souffrant des douleurs liées à l’âge, il suit son ambition d’unificateur. Il voit en Marco Polo un pion nécessaire à ses projets d'expansion. Il est patient, possessif, manipulateur et néanmoins une grande sensibilité se cache sous sa peau de conquérant.

Il voit tout, et la passion que sa quatrième et précieuse épouse va témoigner au jeune homme ne lui échappera pas.

Eric Bouvron est capable de restituer l'atmosphère singulière de la Mongolie du XVI° siècle avec un décor minimaliste.... mais des costumes somptueux, et surtout une musique enveloppante. Avec une direction d'acteurs sans faille.

Ce n'est pas une surprise : il nous avait déjà convaincu avec les Cavaliers, Molière du théâtre privé 2016, (créé dans ce même théâtre La Bruyère) qui partent demain en tournée aux États Unis puis au Maroc.

Marco Polo est dans la même veine. C'est encore une épopée, mais cette fois c'est Eric qui en a écrit la trame et les dialogues. Il n'est qu'un homme, c'est juste un homme dira au début Marco Polo qui cherche sans doute à se rassurer. Le Khan s'inquiète de son coté à propos du risque à introduire dans son cercle intime un jeune homme aventurier : Celui qu'on ne connaît pas on le craint.

La pièce déroule deux joutes, l'une politique, avec des visions opposées du monde, conquérir ou unir, et une autre, qui se place au niveau des sentiments puisque, c'était fatal, Marco Polo est séduit par l'hirondelle. Le discours religieux s'entend en filigrane. Existe-t-il un paradis et où est Dieu ?

On remarquera le nom de Damien Ricour au générique, collaborateur essentiel du spectacle, trop tôt disparu et auquel Eric Bouvron rendra hommage aux saluts.

La musique est essentielle. Un musicien, deux musiciennes-chanteuses mongoles, et une chanteuse lyrique, sont présents sur la scène, à l'instar d'un coryphée antique. Leurs interventions alimentent le mystère comme un feu toujours maintenu dans l'imaginaire du spectateur.

Les intonations du morin khuur (vièle mongole à tête de cheval) sont envoutantes. La puissance de Cecilia Meltzer est intense. L'émotion passe par de nombreux registres. La perversité des relations est mise en relief. On est subjugué.
NB : Chronique écrite en juillet 2016 lors de la création dans le Festival Off

LE NOUVEAU VOYAGE D'ERIC BOUVRON

Il y a deux ans Eric BOUVRON nous emportait dans les steppes afghanes, sur les pistes de Joseph KESSEL avec LES CAVALIERS. Cette fois-ci nous partons un peu plus loin en orient pour une nouvelle aventure sur les pas de Marco Polo. Alors que son empire est en pleine expansion le souverain mongol Kublai Khan accueille le marchand vénitien. Ce sera pense-t-il un atout pour ses futures conquêtes territoriales. Mais plus que la magnificence et la richesse du khan c'est la beauté de sa quatrième épouse qui va subjuguer l'italien. Entre les trois protagonistes de cette lutte pour l'amour un jeu de manipulation et de pouvoir se met en place, guidé par le désir commun de deux hommes pour une femme. Quel sera le prix à payer ?

CRÉATION ORIGINALE

Il ne s'agit plus d'une adaptation mais d'une création. Pour écrire cette histoire d'hommes et de femme charismatiques Eric BOUVRON s'est plongé dans les livres et documentaires sur cette époque. On sait peu de choses de la vie intime de ces deux personnages qui ont partagé 16 ans de leur vie. Il a fallu imaginer cette rencontre entre deux générations, deux cultures.

MARCO POLO ET L'HIRONDELLE DU KAHN nous plonge avec réussite dans l'atmosphère magique de l'Orient, sans toutefois avoir le souffle épique de sa précédente création. Le son est à nouveau un élément déterminant de ce voyage. Trois musiciennes / chanteuses présentes sur scène planent sur la pièce comme des esprits, créant cette ambiance orientale hors du temps avec leur musique ensorcelante et la voix angélique de Cécile MELTZER. La scénographie est légère : un décor nu hormis une petite scène en pente au centre du plateau, qu'une fourrure transforme en lit.

Les trois comédiens sont à l'unisson. Laurent MAUREL est l'imposant et redoutable Kublai Khan, petit-fils du grand Gengis Khan. Sa carrure, sa gestuelle, sa voix tonitruante, il est ce chef de guerre impitoyable qu'on imagine, affaibli par une maladie, mais redoutable adversaire sur le terrain de l'amour comme de la politique. Kamel ISKER interprète un Marco Polo charmeur, armé de la fougue de sa jeunesse et de son insouciance d'aventurier pour contrer le puissant souverain. Fou amoureux de la belle épouse de son hôte il ne sera pas à la hauteur du courage de cette dernière. C'est Jade PHAN-GIA qui donne sa grâce à la femme désirée. A la fois tendre et forte, magnifique danseuse au charme irradiant, elle laisse éclater la finesse de son jeu dans une magnifique scène ou explose la passion de l'hirondelle pour le khan, son unique amour.

NB : Changement de distribution pour la reprise au Théâtre La Bruyère. Les commentaires ci-dessus se réfèrent à la distribution de juillet 2016 lors du Festival Off au Théâtre Actuel

Bref : Reprenant ce qui a fait le succès des CAVALIERS, Eric BOUVRON nous emmène dans un nouveau voyage envoûtant. La distribution parfaite nous plonge avec réussite dans l'intimité du Khan, souverain de l'orient, sur les traces de l'aventurier Marco Polo, dans leur rivalité pour une troublante hirondelle. Une belle aventure.