Critiques pour l'événement Les particules élémentaires
Pièce très INTENSE à l'Odéon en ce moment : c'est une vraie expérience à vivre.
Pour les indécis : cette pièce est très clivante. Si mes voisins sont partis avant l'entracte, je suis restée sous tension (et en complète oppression) jusqu'à la fin. En tous les cas, il faut aller voir cette pièce pour ce faire un avis : personne n'en sort indifférent.
En bref, Michel Djerzinski et Bruno Clément sont demi frères. Ils racontent leur histoire, à commencer par la naissance dans les années post 68, puis l'adolescence dans une nouvelle société obnubilée par le désir et les libertés individuelles. L'un devient chercheur en biologie moléculaire et consacre ses travaux au clonage de l'espèce humaine ; l'autre devient professeur et consacre son temps au sexe. Un constat : à travers les deux frères, la société court à sa perte. Les deux frères deviennent des particules élémentaires : des êtres libres, qu'aucune pesanteur ne retient (ni filiation, ni religion, ni croyance). Leur liberté les détruit à petit feu.
Cette pièce est d'une intensité rare : 4 heures dans le vacillement des néons, dans les cris, les hurlements, la fornication frénétique. Le rythme est haletant. Le jeune metteur en scène (génial) insiste violemment sur tous les comportements excessifs : la scène au camping, les différents viols, le Tribute to Richard Manson (rites sataniques à la limite du supportable j'ai trouvé), les débauches. On ne nous épargne rien.
Les thèmes abordés sont extrêmement provoquant : le sexe à outrance, sans amour mais uniquement par excitation, l'obsession du jeune et du beau dans nos sociétés, la place de la femme : unique récéptacle de l'excitation masculine, puis féministe, castratrice et finalement vendeuse de confiture bonne maman avec un macho latino. L'être sans désir de filiation (tant pour Bruno qui s'adonne au sexe uniquement pour le plaisir ; que pour Michel qui veut créer des hommes sans reproduction humaine), au stade de particule élémentaire, est en pleine destruction de son espèce.
Sur la scène, comme souvent au théâtre de l'Odéon, la nudité est constante sans aucune pudeur. La high tech dans le théâtre est fascinante : écran géant, micro, cameras, guitare électrique, soufflerie... Totalement captivant.
Peut-être peut-on conseiller à Michel Houellebecq, après la déconstruction des vivants, de les réparer ;). Deux pièces, tout aussi intéressantes, dans lesquelles la société dépeinte est diamétralement opposée.
Je recommande fortement cette pièce ; pour tous les débats qu'elle ouvre.
Pour les indécis : cette pièce est très clivante. Si mes voisins sont partis avant l'entracte, je suis restée sous tension (et en complète oppression) jusqu'à la fin. En tous les cas, il faut aller voir cette pièce pour ce faire un avis : personne n'en sort indifférent.
En bref, Michel Djerzinski et Bruno Clément sont demi frères. Ils racontent leur histoire, à commencer par la naissance dans les années post 68, puis l'adolescence dans une nouvelle société obnubilée par le désir et les libertés individuelles. L'un devient chercheur en biologie moléculaire et consacre ses travaux au clonage de l'espèce humaine ; l'autre devient professeur et consacre son temps au sexe. Un constat : à travers les deux frères, la société court à sa perte. Les deux frères deviennent des particules élémentaires : des êtres libres, qu'aucune pesanteur ne retient (ni filiation, ni religion, ni croyance). Leur liberté les détruit à petit feu.
Cette pièce est d'une intensité rare : 4 heures dans le vacillement des néons, dans les cris, les hurlements, la fornication frénétique. Le rythme est haletant. Le jeune metteur en scène (génial) insiste violemment sur tous les comportements excessifs : la scène au camping, les différents viols, le Tribute to Richard Manson (rites sataniques à la limite du supportable j'ai trouvé), les débauches. On ne nous épargne rien.
Les thèmes abordés sont extrêmement provoquant : le sexe à outrance, sans amour mais uniquement par excitation, l'obsession du jeune et du beau dans nos sociétés, la place de la femme : unique récéptacle de l'excitation masculine, puis féministe, castratrice et finalement vendeuse de confiture bonne maman avec un macho latino. L'être sans désir de filiation (tant pour Bruno qui s'adonne au sexe uniquement pour le plaisir ; que pour Michel qui veut créer des hommes sans reproduction humaine), au stade de particule élémentaire, est en pleine destruction de son espèce.
Sur la scène, comme souvent au théâtre de l'Odéon, la nudité est constante sans aucune pudeur. La high tech dans le théâtre est fascinante : écran géant, micro, cameras, guitare électrique, soufflerie... Totalement captivant.
Peut-être peut-on conseiller à Michel Houellebecq, après la déconstruction des vivants, de les réparer ;). Deux pièces, tout aussi intéressantes, dans lesquelles la société dépeinte est diamétralement opposée.
Je recommande fortement cette pièce ; pour tous les débats qu'elle ouvre.
On retrouve l’univers un peu démoralisant si cher à Houellebecq, dans cette histoire de fratrie qui n’a rien pour elle : à travers l’évolution de Michel et Bruno, demi-frères aux problème relationnels importants, Houellebecq dépeint la société libertaire des années 70 et surtout la liberté sexuelle qui va avec. Julien Gosselin semble avoir sélectionné les passages les plus crus (voire les plus gores ?), évinçant avec soin, par exemple, le personnage de la grand-mère de Michel, pourtant un beau personnage féminin. La caricature, déjà présente dans le roman, est ici poussée à son paroxysme, tant dans les choix scéniques que les chapitres sélectionnés, entraînant probablement un dégoût profond pour qui n’est pas au départ un inconditionnel de l’auteur. Dommage, car à l’écoute, le texte comprend de très beaux passages.
J’aime beaucoup Houellebecq – en tout cas, pour le peu que j’en connais. Je pense que c’est la raison pour laquelle j’ai pu résister et survivre à l’entracte : je m’accrochais à la seule chose que je trouvais intéressante dans ce spectacle, à savoir le texte. A part cela, j’ai du mal à comprendre l’intérêt de la pièce. Il s’agit d’une translation brute du roman de Houellebecq, sans aucun ajout, aucune mise en situation, et j’ajouterais même assez peu de mise en scène. Je parlerais ici plutôt de mise en espace, puisque l’essentiel du spectacle montre les différents acteurs récitant le bouquin sans forcément interagir entre eux, simplement disposés à des endroits différents du plateau. Les rares choix de mise en scène m’ont semblé totalement flous : pourquoi cette musique, pourquoi cette fumée, pourquoi ces acteurs tous en ligne par moments ?
Il faut ajouter que ce texte est plutôt difficile, composé de phrases longues et complexes, qui sous-tendent la pensée de l’auteur. Cela entraîne un problème ici, à savoir que cette pensée est bien plus adaptée à la lecture qu’à l’écoute, et qu’on se perd très facilement dans les tirades des acteurs. D’autant plus qu’ils articulent parfois mal, parlent beaucoup trop vite et peinent à se faire comprendre, leur diction approximative encore détériorée par les micros dégradant les voix. Ajoutons à cela des cris incessants et incompréhensibles – le personnage principal finissant avec la voix totalement cassée – et me voilà totalement perplexe devant le bon accueil de ce spectacle.
La perte de temps est d’autant plus rageante que la saison abonde de spectacles intéressants…
J’aime beaucoup Houellebecq – en tout cas, pour le peu que j’en connais. Je pense que c’est la raison pour laquelle j’ai pu résister et survivre à l’entracte : je m’accrochais à la seule chose que je trouvais intéressante dans ce spectacle, à savoir le texte. A part cela, j’ai du mal à comprendre l’intérêt de la pièce. Il s’agit d’une translation brute du roman de Houellebecq, sans aucun ajout, aucune mise en situation, et j’ajouterais même assez peu de mise en scène. Je parlerais ici plutôt de mise en espace, puisque l’essentiel du spectacle montre les différents acteurs récitant le bouquin sans forcément interagir entre eux, simplement disposés à des endroits différents du plateau. Les rares choix de mise en scène m’ont semblé totalement flous : pourquoi cette musique, pourquoi cette fumée, pourquoi ces acteurs tous en ligne par moments ?
Il faut ajouter que ce texte est plutôt difficile, composé de phrases longues et complexes, qui sous-tendent la pensée de l’auteur. Cela entraîne un problème ici, à savoir que cette pensée est bien plus adaptée à la lecture qu’à l’écoute, et qu’on se perd très facilement dans les tirades des acteurs. D’autant plus qu’ils articulent parfois mal, parlent beaucoup trop vite et peinent à se faire comprendre, leur diction approximative encore détériorée par les micros dégradant les voix. Ajoutons à cela des cris incessants et incompréhensibles – le personnage principal finissant avec la voix totalement cassée – et me voilà totalement perplexe devant le bon accueil de ce spectacle.
La perte de temps est d’autant plus rageante que la saison abonde de spectacles intéressants…
Cette adaptation du roman de Michel Houellebecq use de tous les "trucs" de mise en scène contemporain: sonorisation, musique live, vidéo, nudité, etc. et pourtant, ceux-ci n'ont jamais autant marché qu'ici !
Une mise en scène majeure des années 2010, et qui incarne mieux que quiconque l'esthétique de la nouvelle génération de metteurs en scène. Incontournable !
Une mise en scène majeure des années 2010, et qui incarne mieux que quiconque l'esthétique de la nouvelle génération de metteurs en scène. Incontournable !
Une adaptation déjantée d'un ouvrage totalement décalé, mais qui permet justement d'en restituer la force et la lucidité, de façon souvent plus percutante et pénétrante que la lecture du livre elle-même.
L'excellent travail de mise en scène de Julien Gosselin est le point fort de cette pièce : une scène centrale autour de laquelle gravitent les personnages, qui y entrent et sortent pendant les différentes séquences, avec des jeux de lumière et de projection qui permettent de varier les angles.
Les personnages sont convaincants, justes et capables de basculer en un instant du rire à l'émotion, du poétique au pathétique. Leur énergie est communicative, et cette troupe survitaminée tient la scène pendant les 3h45 de la représentation sans fléchir.
Là où le roman peut vous égarer, la troupe de Julien Gosselin vous prend par la main et vous permet d'en saisir le rythme, les nuances, l'essence. Des sujets tels que la sexualité, omniprésent dans l'ouvrage, sont abordés sans détour, mais c'est pour mieux dépasser ce 1er degré de lecture et comprendre l'analyse de Houellebecq.
Le seul bémol se situe sur certaines séquences de la pièce hystérisées, et tout particulièrement la reprise après l'entracte, où les acteurs s'égosillent sur un fond de musique déchaînée, qui les oblige à crier leur texte sans que cela ne soit justifié par le sens de leur propos, empêche d'entendre ce qu'ils disent et s'avère au final extrêmement désagréable pour le spectateur.
L'excellent travail de mise en scène de Julien Gosselin est le point fort de cette pièce : une scène centrale autour de laquelle gravitent les personnages, qui y entrent et sortent pendant les différentes séquences, avec des jeux de lumière et de projection qui permettent de varier les angles.
Les personnages sont convaincants, justes et capables de basculer en un instant du rire à l'émotion, du poétique au pathétique. Leur énergie est communicative, et cette troupe survitaminée tient la scène pendant les 3h45 de la représentation sans fléchir.
Là où le roman peut vous égarer, la troupe de Julien Gosselin vous prend par la main et vous permet d'en saisir le rythme, les nuances, l'essence. Des sujets tels que la sexualité, omniprésent dans l'ouvrage, sont abordés sans détour, mais c'est pour mieux dépasser ce 1er degré de lecture et comprendre l'analyse de Houellebecq.
Le seul bémol se situe sur certaines séquences de la pièce hystérisées, et tout particulièrement la reprise après l'entracte, où les acteurs s'égosillent sur un fond de musique déchaînée, qui les oblige à crier leur texte sans que cela ne soit justifié par le sens de leur propos, empêche d'entendre ce qu'ils disent et s'avère au final extrêmement désagréable pour le spectateur.
Bonne surprise du Festival d'Avignon 2013, le spectacle du jeune metteur en scène Julien Gosselin et de sa compagnie "si vous pouviez lecher mon coeur" aborde sans complexe le roman culte et difficile Les particules élémentaires de Michel Houellebecq. Dans une adaptation subtilement écrite, mettant l'accent sur le parcours des frères, le ridicule, le tragique de certains évènements et certains épisodes du livre, Gosselin offre un spectacle fascinant, où se mêlent les rires du pathétique et les larmes du drame quotidien, derrière lequel se niche la desespérance. Les mutations des sociétés se sont succédées jusqu'à celle qui nous guette, mise en mot par Houellebecq et brutalement mise en images par Gosselin.
Si l'amour des hommes reste intact, la foi en lui n'existe guère plus que dans l'idéal : résolument pessimiste, ou plutôt fataliste, Les particules élémentaires font aimer l'homme en même temps qu'elles nous font le mépriser.
Gosselin a su saisir cette folie douce qui aveugle tant l'homme, dans sa quête effrénée de la sexualité et son rapport à la reproducction, dans le lien qui l'unit à la volonté du changement, comme une fuite. Il met en scène cette frénésie, avec peu de moyens pourtant, et surtout avec un talent fou du spectacle, jouant de la lumière comme du son , des projections comme des registres de jeu : les comédiens y sont formidables.
Un spectacle à voir, assurément.
Si l'amour des hommes reste intact, la foi en lui n'existe guère plus que dans l'idéal : résolument pessimiste, ou plutôt fataliste, Les particules élémentaires font aimer l'homme en même temps qu'elles nous font le mépriser.
Gosselin a su saisir cette folie douce qui aveugle tant l'homme, dans sa quête effrénée de la sexualité et son rapport à la reproducction, dans le lien qui l'unit à la volonté du changement, comme une fuite. Il met en scène cette frénésie, avec peu de moyens pourtant, et surtout avec un talent fou du spectacle, jouant de la lumière comme du son , des projections comme des registres de jeu : les comédiens y sont formidables.
Un spectacle à voir, assurément.
Après avoir électrisé Avignon l’année dernière, Julien Gosselin et sa troupe investissent les Ateliers Berthier de l’Odéon pour présenter Les Particules élémentaires.
Cette adaptation du roman-fleuve de Michel Houellebecq s’appuie sur la vitalité de jeunes acteurs donnant vie à la langue révoltée de l’écrivain futuriste. Bruit et fureur portent quatre heures durant cette épopée fougueuse et déchirante, aussi désenchantée que confiante en l’avenir. Malgré une tendance au verbiage fumeux et une musique anxiogène, cette partition chorale entraîne la foule dans un bordel sentimental enchanteur.
Cette adaptation du roman-fleuve de Michel Houellebecq s’appuie sur la vitalité de jeunes acteurs donnant vie à la langue révoltée de l’écrivain futuriste. Bruit et fureur portent quatre heures durant cette épopée fougueuse et déchirante, aussi désenchantée que confiante en l’avenir. Malgré une tendance au verbiage fumeux et une musique anxiogène, cette partition chorale entraîne la foule dans un bordel sentimental enchanteur.
[NOTA BENE : Je tiens à prévenir mes lecteurs, ce texte est long. Néanmoins pour m’assurer que vous le lisiez en entier j’ai caché une blague poilante quelque part dans ma critique.]
J’ai un rapport très amour/haine avec Houellebecq. Voilà c’est dit je crache le morceau et j’ai même pas peur. Je suis subjuguée par ce personnage public qui représente encore un des rares artistes à exercer une fascination hypnotisante sur son audience mais ces livres me rendent malheureuses, je déteste sa vision du monde je la trouve exécrable et pourtant pleine de sens.
En fait, j’ai un peu peur de ce qu’il écrit ; ma vague naïveté enfantine est comme violée par ses propos nihilistes et je l’avoue, j’aimerais bien manier le point-virgule comme lui. Loin d’être la seule à vivre ce trouble bipolaire houellebecquien il était évident que la compagnie « Si vous pouviez lécher mon cœur » allait attirer les foules avec son adaptation des Particules Elémentaires (millésime Avignon 2013). D’abord, beaucoup y vont parce que l’on est toujours curieux de voir comment un roman culte peut être adapté sur scène, et a fortiori, un roman de Houellebecq et encore plus a fortiori CE roman de Houellebecq.
Si son écriture invite parfois à des ambitions cinématographiques, le résultat n’a pas été fameux jusque là (cf. La possibilité d’une île, réalisé par lui-même #douleur). C’est peut être parce que son écriture est en fin de compte profondément théâtrale et exalte son sens sur une scène avec des personnes vivantes, qui incarne l’œuvre de tout leur corps, de chair et d’os. Je dois l’avouer, j’avais peu apprécié son roman à la lecture, énervée par ce défaitisme sordide, et finalement peu passionnée par cette histoire de deux frangins abandonnés qui n’ont jamais su aimer faute de l’avoir été par leur mère perverse et violemment irresponsable.
A la rigueur, je l’avais trouvé divertissant, peut être le pire compliment à faire d’un roman de Houellebecq. Et pourtant ce spectacle m’a profondément ému, remué et même fait muer (oui, ça n’a rien à voir mais l’usage offensif de la fumée sur scène m’a fait chuter d’une tessiture en quelques heures). Comme si ce à côté de quoi j’étais passée à la lecture du livre m’étais rendu dans ce spectacle… son humour, sa beauté et son final poignant, un hommage à l’humain dans toute sa faiblesse magnifique.
Cela dit, Julien Gosselin le metteur en scène a mis le paquet et si on en a certes plein les poumons on en a aussi plein la vue et les oreilles, de telle sorte que ce spectacle devient une expérience des cinq sens pour les spectateurs (bon d’accord, pour le toucher je pousse un peu, quoique comme le spectacle nous « touche » finalement si ça marche, et toc.). Tous les comédiens sont en permanence sur scène, le plus souvent en retrait dans la périphérie de la scène qui surplombe le centre du plateau, installés dans des canapés à enchaîner clope sur clope et à observer en silence le centre de l’action, dans une écoute neutre et enfumée. L’action vaque ainsi d’un espace à un autre avec un jeu de caméra qui projette sur le grand écran en fond de scène et sous un autre angle ce qui se déroule devant nous. Procédé couramment utilisé mais qui ne lasse pas et enrichit considérablement la perspective de la scène.
Progressivement une musique s’installe et ne quitte plus la pièce, des instruments sont disposés entre les fauteuils et canapés et les comédiens prennent tour à tour la batterie, Guillaume Bachelé à la guitare fait évoluer la bande-son au fil du texte. Pas étonnant, il interprète aussi David Di Meola, fils d’une des conquêtes de la mère de Michel et Bruno, rock star ratée qui deviendra une ordure tyrannique des cercles satanistes et star de snuff movies immondes. Il est l’incarnation déchue de la génération descendante des soixante-huitards sans repère et sans morale. Car quand on a épuisé tout de ce qu’offrait la liberté sexuelle, il ne reste plus que la violence et la torture de la dissection explorer dans l’être vivant. C’est pourquoi la génération 68 aura engendré des créatures comme Charles Manson et ses disciples selon notre bon Michel.
Sa critique de l’individualisme repose principalement sur la sexualité ou plutôt le marché du sexe car c’est bien d’un marché qu’il s’agit avec ses inégalités, ses injustices, son marketing, et le bel emballage cadeau qui contribuent à l’impossibilité de connaître le bonheur. Ce sont les questions que posent Les particules élémentaires, pourquoi le bonheur est impossible ? Comment améliorer l’humain pour que le bonheur soit naturel et accessible à tous ? Ce autour de quoi portent les recherches sur le clonage du personnage de Michel Djerzinski.
Un Houellebecq troublant de ressemblances avec le vrai erre sur scène (de quoi faire trembler le musée Grévin), toujours en observateur de ce qui se passe et en commentateur des vies de Bruno et Michel, les deux frères engendrés par la génération 68 qui ne sont pas devenus des tortionnaires comme David Di Meola mais qui symbolisent l’enfance désenchantée de la libération sexuelle.
S’adressant au public, le sosie de l’auteur incarne un pont entre les spectateurs et l’histoire et l’on suit la pièce à travers son regard. Malgré tout, chaque personnage a son moment de gloire et parle en son nom au micro pour raconter à un moment donné son histoire. C’est l’occasion de découvrir un ensemble de comédiens magistral incarnant chacun différents rôles toujours avec un naturel extraordinaire.
Si le spectacle est long (3h45 avec entracte), le jeu des comédiens en vaut la chandelle et rien n’est à jeter dans cette pièce qui nous prend à rebrousse poil avant de nous tondre la cervelle pour finalement nous prendre dans les bras.
Qu’on apprécie ou non Houellebecq, Julien Gosselin s’est approprié ce roman tout en lui rendant hommage et nous fait entendre un autre écho au texte.
Cavalez-y.
PS : Pour les deux ou trois qui sont arrivés au bout de cette critique (merci maman et tata) désolé j’ai menti, il n’y avait pas de blague c’était de la fausse publicité, de toute façon c’est clair je suis trop corrompue par ce monde pourri.
J’ai un rapport très amour/haine avec Houellebecq. Voilà c’est dit je crache le morceau et j’ai même pas peur. Je suis subjuguée par ce personnage public qui représente encore un des rares artistes à exercer une fascination hypnotisante sur son audience mais ces livres me rendent malheureuses, je déteste sa vision du monde je la trouve exécrable et pourtant pleine de sens.
En fait, j’ai un peu peur de ce qu’il écrit ; ma vague naïveté enfantine est comme violée par ses propos nihilistes et je l’avoue, j’aimerais bien manier le point-virgule comme lui. Loin d’être la seule à vivre ce trouble bipolaire houellebecquien il était évident que la compagnie « Si vous pouviez lécher mon cœur » allait attirer les foules avec son adaptation des Particules Elémentaires (millésime Avignon 2013). D’abord, beaucoup y vont parce que l’on est toujours curieux de voir comment un roman culte peut être adapté sur scène, et a fortiori, un roman de Houellebecq et encore plus a fortiori CE roman de Houellebecq.
Si son écriture invite parfois à des ambitions cinématographiques, le résultat n’a pas été fameux jusque là (cf. La possibilité d’une île, réalisé par lui-même #douleur). C’est peut être parce que son écriture est en fin de compte profondément théâtrale et exalte son sens sur une scène avec des personnes vivantes, qui incarne l’œuvre de tout leur corps, de chair et d’os. Je dois l’avouer, j’avais peu apprécié son roman à la lecture, énervée par ce défaitisme sordide, et finalement peu passionnée par cette histoire de deux frangins abandonnés qui n’ont jamais su aimer faute de l’avoir été par leur mère perverse et violemment irresponsable.
A la rigueur, je l’avais trouvé divertissant, peut être le pire compliment à faire d’un roman de Houellebecq. Et pourtant ce spectacle m’a profondément ému, remué et même fait muer (oui, ça n’a rien à voir mais l’usage offensif de la fumée sur scène m’a fait chuter d’une tessiture en quelques heures). Comme si ce à côté de quoi j’étais passée à la lecture du livre m’étais rendu dans ce spectacle… son humour, sa beauté et son final poignant, un hommage à l’humain dans toute sa faiblesse magnifique.
Cela dit, Julien Gosselin le metteur en scène a mis le paquet et si on en a certes plein les poumons on en a aussi plein la vue et les oreilles, de telle sorte que ce spectacle devient une expérience des cinq sens pour les spectateurs (bon d’accord, pour le toucher je pousse un peu, quoique comme le spectacle nous « touche » finalement si ça marche, et toc.). Tous les comédiens sont en permanence sur scène, le plus souvent en retrait dans la périphérie de la scène qui surplombe le centre du plateau, installés dans des canapés à enchaîner clope sur clope et à observer en silence le centre de l’action, dans une écoute neutre et enfumée. L’action vaque ainsi d’un espace à un autre avec un jeu de caméra qui projette sur le grand écran en fond de scène et sous un autre angle ce qui se déroule devant nous. Procédé couramment utilisé mais qui ne lasse pas et enrichit considérablement la perspective de la scène.
Progressivement une musique s’installe et ne quitte plus la pièce, des instruments sont disposés entre les fauteuils et canapés et les comédiens prennent tour à tour la batterie, Guillaume Bachelé à la guitare fait évoluer la bande-son au fil du texte. Pas étonnant, il interprète aussi David Di Meola, fils d’une des conquêtes de la mère de Michel et Bruno, rock star ratée qui deviendra une ordure tyrannique des cercles satanistes et star de snuff movies immondes. Il est l’incarnation déchue de la génération descendante des soixante-huitards sans repère et sans morale. Car quand on a épuisé tout de ce qu’offrait la liberté sexuelle, il ne reste plus que la violence et la torture de la dissection explorer dans l’être vivant. C’est pourquoi la génération 68 aura engendré des créatures comme Charles Manson et ses disciples selon notre bon Michel.
Sa critique de l’individualisme repose principalement sur la sexualité ou plutôt le marché du sexe car c’est bien d’un marché qu’il s’agit avec ses inégalités, ses injustices, son marketing, et le bel emballage cadeau qui contribuent à l’impossibilité de connaître le bonheur. Ce sont les questions que posent Les particules élémentaires, pourquoi le bonheur est impossible ? Comment améliorer l’humain pour que le bonheur soit naturel et accessible à tous ? Ce autour de quoi portent les recherches sur le clonage du personnage de Michel Djerzinski.
Un Houellebecq troublant de ressemblances avec le vrai erre sur scène (de quoi faire trembler le musée Grévin), toujours en observateur de ce qui se passe et en commentateur des vies de Bruno et Michel, les deux frères engendrés par la génération 68 qui ne sont pas devenus des tortionnaires comme David Di Meola mais qui symbolisent l’enfance désenchantée de la libération sexuelle.
S’adressant au public, le sosie de l’auteur incarne un pont entre les spectateurs et l’histoire et l’on suit la pièce à travers son regard. Malgré tout, chaque personnage a son moment de gloire et parle en son nom au micro pour raconter à un moment donné son histoire. C’est l’occasion de découvrir un ensemble de comédiens magistral incarnant chacun différents rôles toujours avec un naturel extraordinaire.
Si le spectacle est long (3h45 avec entracte), le jeu des comédiens en vaut la chandelle et rien n’est à jeter dans cette pièce qui nous prend à rebrousse poil avant de nous tondre la cervelle pour finalement nous prendre dans les bras.
Qu’on apprécie ou non Houellebecq, Julien Gosselin s’est approprié ce roman tout en lui rendant hommage et nous fait entendre un autre écho au texte.
Cavalez-y.
PS : Pour les deux ou trois qui sont arrivés au bout de cette critique (merci maman et tata) désolé j’ai menti, il n’y avait pas de blague c’était de la fausse publicité, de toute façon c’est clair je suis trop corrompue par ce monde pourri.
Les avis de la rédaction