Critiques pour l'événement Les Misérables
26 déc. 2024
9/10
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J'ai découvert "Les Miz" en 2010, dans leur version anglaise présentée au Châtelet. L'œuvre m'avait alors considérablement bouleversée, suffisamment pour réserver bien à l'avance ma place en apprenant leur retour dans le même théâtre mais en VF.

La mise en scène a été confiée à Ladislas Chollat, qui prend le parti de structures polymorphes assez imposantes, et d'un écran projetant des "effets", à défaut d'un meilleur terme (volutes de fumée, reflets d'eau, ...).

Le tout semble une immense fresque grise, où soudainement jaillissent des notes de couleurs, une cocarde sur la veste d'un protagoniste, un drapeau bleu blanc rouge, ou un projecteur soulignant l'atmosphère pesante des barricades ensanglantées.
C'est une vision moderne, mais aussi patriotique, honorant l'Histoire de France, mais aussi celle de l'oeuvre ici adaptée...

Certaines scènes restent en tête, celle bien sûr de cette impressionnante barricade révolutionnaire, mais aussi celle de l'Auberge des Thénardier, avec son extérieur où tombe la neige, ou encore le retour de Marius dans le café, aux tables et chaises vides, hanté par les ombres de ses amis...
On retrouve avec enthousiasme ce récit, ces morceaux dont tant sont familiers à l'oreille.

Les textes ont été remaniés pour cette version 2024, peut-être mon petit bémol : ces nouvelles paroles m'ont semblé moins percutantes que le livret de Herbert Kretzmer.
Ce qui ne change pas, c'est la puissance de la partition, dès les premières notes, qui ouvrent comme un coup de tonnerre les pages du chef d'oeuvre de Hugo, et de cent émotions par tableau.

Un bel orchestre, dissimulé dans le fond de scène, apporte sa touche magique à la production, tout autant d'ailleurs qu'une distribution grandiose : pour n'en citer que quelques uns, David Alexis est parfait en Maître Thénardier, et Océane Demontis est une incroyable Eponine.

Ce spectacle reste donc un "must-see" absolu, dans la langue que vous voudrez...