Critiques pour l'événement Le joueur d'échecs (avec F. Huster)
Sur un paquebot, le narrateur rencontre le champion d'échecs Csentovic ainsi que Monsieur B. dont nous ne connaîtrons pas le nom. Stefan Zweig va assister à une partie d'échecs entre le champion, réputé imbattable, et Monsieur B, puis une autre. Les parties se transforment en affrontement entre les deux joueurs, suscitant la fascination des autres passagers.
Si dans le roman de Zweig le narrateur est anonyme, ici Eric Emmanuel Schmitt a choisi dans son adaptation de faire parler Zweig lui-même, et sa femme Lotte, dont nous entendrons seulement la voix lors de ses conversations avec Zweig : le narrateur Zweig décide de se donner la mort à la fin du récit, tout comme l'a fait l'auteur Zweig après avoir écrit le roman, en 1943 : le roman, la pièce et l'histoire se rejoignent dans une judicieuse adaptation.
Le récit est captivant, le monologue presque envoûtant. Au fil du récit, grâce à des retours arrière et des apartés, on apprendra qui est ce mystérieux Monsieur B, l'enfermement subi pendant l'occupation nazie, la torture psychologique et la folie qui en a découlé. Francis Huster incarne seul plusieurs personnages (Stefan Zweig, Monsieur B. d'autres passagers comme Mr. Connor, Szentovic...) et réussit à donner à chacun d'entre eux un ton, un regard, une force et une intensité différentes, sans jamais tomber dans l'excès, grâce à cette distance qu'il conserve sans cesse, distance bienvenue ici.
Il passe d'un personnage à l'autre, oscille entre la brutalité primaire d'un champion suffisant, la folie insidieuse d'un ancien prisonnier devenu lui-même prisonnier de parties intérieures incessamment rejouées, la douleur résignée d'un Stefan Zweig décidé à quitter ce monde devenu fou... Si le micro et le retour son m'ont au début perturbée, je me suis vite habituée (et la représentation en plein air le nécessitait de toute façon) (j'ai vu la pièce lors du festival In Situ de Carqueiranne en plein air) et ai rapidement été subjuguée par la pièce et le texte.
La mise en scène mériterait peut-être davantage de déplacements : Francis Huster reste souvent immobile, assis tantôt à cour, tantôt à jardin sur une pile de valises, rendant presque inutile le très beau décor de paquebot. J'aurais aimé un peu plus de vitalité, un peu plus d'engagement corporel, notamment lors des parties d'échecs, mais c'est peut-être volontairement pour ne pas empiéter sur le texte et la force du récit.
Au final, une très belle pièce, d'abord et avant tout grâce aux mots fascinant de Stefan Zweig (il faut absolument lire ce si court et si beau roman), la bande son (clapotis, vent, musiques et conversations de paquebot jamais envahissante mais agréable bruits de fond) et surtout grâce à l'interprétation toute en justesse d'un Francis Huster qui m'a joliment surprise.
Si dans le roman de Zweig le narrateur est anonyme, ici Eric Emmanuel Schmitt a choisi dans son adaptation de faire parler Zweig lui-même, et sa femme Lotte, dont nous entendrons seulement la voix lors de ses conversations avec Zweig : le narrateur Zweig décide de se donner la mort à la fin du récit, tout comme l'a fait l'auteur Zweig après avoir écrit le roman, en 1943 : le roman, la pièce et l'histoire se rejoignent dans une judicieuse adaptation.
Le récit est captivant, le monologue presque envoûtant. Au fil du récit, grâce à des retours arrière et des apartés, on apprendra qui est ce mystérieux Monsieur B, l'enfermement subi pendant l'occupation nazie, la torture psychologique et la folie qui en a découlé. Francis Huster incarne seul plusieurs personnages (Stefan Zweig, Monsieur B. d'autres passagers comme Mr. Connor, Szentovic...) et réussit à donner à chacun d'entre eux un ton, un regard, une force et une intensité différentes, sans jamais tomber dans l'excès, grâce à cette distance qu'il conserve sans cesse, distance bienvenue ici.
Il passe d'un personnage à l'autre, oscille entre la brutalité primaire d'un champion suffisant, la folie insidieuse d'un ancien prisonnier devenu lui-même prisonnier de parties intérieures incessamment rejouées, la douleur résignée d'un Stefan Zweig décidé à quitter ce monde devenu fou... Si le micro et le retour son m'ont au début perturbée, je me suis vite habituée (et la représentation en plein air le nécessitait de toute façon) (j'ai vu la pièce lors du festival In Situ de Carqueiranne en plein air) et ai rapidement été subjuguée par la pièce et le texte.
La mise en scène mériterait peut-être davantage de déplacements : Francis Huster reste souvent immobile, assis tantôt à cour, tantôt à jardin sur une pile de valises, rendant presque inutile le très beau décor de paquebot. J'aurais aimé un peu plus de vitalité, un peu plus d'engagement corporel, notamment lors des parties d'échecs, mais c'est peut-être volontairement pour ne pas empiéter sur le texte et la force du récit.
Au final, une très belle pièce, d'abord et avant tout grâce aux mots fascinant de Stefan Zweig (il faut absolument lire ce si court et si beau roman), la bande son (clapotis, vent, musiques et conversations de paquebot jamais envahissante mais agréable bruits de fond) et surtout grâce à l'interprétation toute en justesse d'un Francis Huster qui m'a joliment surprise.
Avec un pari risqué au niveau de la mise en scène, le duo Schmitt et Suissa réussit à conquérir le public dans cette pièce issue de la nouvelle éponyme qui est portée par un 'seul en scène' de Francis Huster follement talentueux.
Tour à tour, il incarne avec brio les différents protagonistes et il nous emmène dans son voyage sans retour avec une facilité déconcertante.
Le public en redemande.
Tour à tour, il incarne avec brio les différents protagonistes et il nous emmène dans son voyage sans retour avec une facilité déconcertante.
Le public en redemande.
Francis Huster incarne Zweig, narrateur de cette rencontre du joueur d'échecs. Un jeu de personnages successifs très reussi, et bien sûr un Monsieur B qui nous tient à l'écoute par son récit poignant.
Une magnifique prestation de ce grand homme de théâtre, qui met la bonne mesure à ses interprétations !
Un joli moment de théâtre...
Une magnifique prestation de ce grand homme de théâtre, qui met la bonne mesure à ses interprétations !
Un joli moment de théâtre...
Les choix artistiques peuvent apparaître déroutants : le narrateur 'Monsieur B' est définitivement l'auteur Stefan Zweig, Francis Huster porte un micro, la mise en scène est plus 'cinéma' (ndlr : que dans la version jouée à l'Espace Marais), la folie de Monsieur B est plus douce que je l'ai imaginé en lisant la nouvelle, le décor ressemble à un plateau de talk show tv.
Si l’expérience du bon théâtre est celle qui consiste à nous faire oublier notre siège et son inconfort, et à coloniser notre esprit plusieurs jours encore après la représentation, cette pièce est géante.
Les choix de Schmitt et Suissa sont risqués mais ça marche. La salle est pleine et on aime tous assister à une pièce lorsque la salle est pleine.
Quant à F. Huster, il faut aller le voir au moins une fois pour se souvenir toute sa vie qu'on a été là, en 2014, dans ce théâtre pour voir cet immense artiste.
Si l’expérience du bon théâtre est celle qui consiste à nous faire oublier notre siège et son inconfort, et à coloniser notre esprit plusieurs jours encore après la représentation, cette pièce est géante.
Les choix de Schmitt et Suissa sont risqués mais ça marche. La salle est pleine et on aime tous assister à une pièce lorsque la salle est pleine.
Quant à F. Huster, il faut aller le voir au moins une fois pour se souvenir toute sa vie qu'on a été là, en 2014, dans ce théâtre pour voir cet immense artiste.
Le trio de choc Schmitt/ Suissa/ Huster du Rive-Gauche propose en première partie de soirée une adaptation du Joueur d’échecs, ultime nouvelle de Zweig.
Régulièrement transposée sur scène dans des versions monologuées, Le Joueur constitue le testament littéraire et idéologique de l’écrivain autrichien. L’image du voyage sans retour et des adieux déchirant traverse de part en part la nouvelle, au-delà de la thématique du jeu.
Seul sur scène, Huster confirme ses dons de métamorphose dans une interprétation engagée. Une heure à bord d’une traversée en eaux troubles sensible.
Régulièrement transposée sur scène dans des versions monologuées, Le Joueur constitue le testament littéraire et idéologique de l’écrivain autrichien. L’image du voyage sans retour et des adieux déchirant traverse de part en part la nouvelle, au-delà de la thématique du jeu.
Seul sur scène, Huster confirme ses dons de métamorphose dans une interprétation engagée. Une heure à bord d’une traversée en eaux troubles sensible.
Fuyant la guerre, Stefan Zweig prend le bateau pour le Brésil. A bord, s'engage un duel entre le champion du monde d'échecs et le mystérieux monsieur B., aristocrate viennois qui vient d'échapper aux griffes de la Gestapo.
Eric-Emmanuel Schmitt adapte la nouvelle de Stefan Zweig et c'est une grande réussite.
Avec Francis Huster, seul en scène, tout simplement génial.
A voir absolument.
Eric-Emmanuel Schmitt adapte la nouvelle de Stefan Zweig et c'est une grande réussite.
Avec Francis Huster, seul en scène, tout simplement génial.
A voir absolument.
Je suis allée voir Francis Huster seul en scène dans le « Joueur d’échecs » après avoir eu le plaisir d’assister le dimanche soir précédant ma venue à une autre version théâtrale fidèlement adaptée et remarquablement interprétée par quatre comédiens et proposée dans une autre salle parisienne à l’architecture intérieure des plus insolites.
Aussi, craignant d’être sous influence de toutes les critiques dithyrambiques à propos de la prestation de Francis Huster, j’ai tenu avant d’y aller, à relire la nouvelle de Stefan Zweig afin de me concentrer essentiellement sur le déroulé de l’histoire.
Tout d’abord, l’option prise transformant la fiction de l’histoire sensée se dérouler à bord d’un paquebot de luxe à destination de l’Argentine dans le roman, en un voyage devenu réel avec l’auteur et son épouse dans l’adaptation, ne m’a point trop dérangée, l’idée même m’a bien séduite, malgré les infidélités d’usage au texte originel.
Les qualités vocales et de présence de Francis Huster sont indéniables et même si le seul en scène ne peut pas se comparer à un spectacle animé par plusieurs comédiens, mon engouement s’est installé sans peine et notamment au moment de la magnifique interprétation de Monsieur B me faisant oublier que la truculence de Mac Connor et la suffisance de Czentovic bien décrites dans le livre ne sont pas suffisamment mises en exergue à mes yeux dans la bouche du comédien.
Par ailleurs, force est de constater, que le décor proposé sur la scène du « théâtre rive gauche » met bien en valeur l’acteur seul en scène à tel point que parfois je ne voyais plus que lui sans altérer pour autant l’émotion et le crescendo de la dramaturgie de la fable racontée.
Happée la plupart du temps, je regrette cependant le choix de mise en scène des parties d’échecs qui ne prévoit aucun déplacement dans le jeu.
En effet, il est dommage que le metteur en scène n’ait pas cherché à mieux utiliser tout le talent du comédien afin de mieux faire exister ces échanges où toute la tension psychologique prend si bien son envol dans le livre et est surtout si magnifiquement bien rendue dans la version théâtrale précitée.
Le seul bémol c’est la troisième catégorie pour ma place alors que j’avais réservé pour une première, mais au final, j’ai quand même bien aimé ce « Joueur d’échecs » qui est excellent pour un seul en scène et avec un Francis Huster qui a su gagner mon empathie et celle d’une salle attentive et visiblement conquise au vu de la réelle ferveur des applaudissements à la fin.
Aussi, craignant d’être sous influence de toutes les critiques dithyrambiques à propos de la prestation de Francis Huster, j’ai tenu avant d’y aller, à relire la nouvelle de Stefan Zweig afin de me concentrer essentiellement sur le déroulé de l’histoire.
Tout d’abord, l’option prise transformant la fiction de l’histoire sensée se dérouler à bord d’un paquebot de luxe à destination de l’Argentine dans le roman, en un voyage devenu réel avec l’auteur et son épouse dans l’adaptation, ne m’a point trop dérangée, l’idée même m’a bien séduite, malgré les infidélités d’usage au texte originel.
Les qualités vocales et de présence de Francis Huster sont indéniables et même si le seul en scène ne peut pas se comparer à un spectacle animé par plusieurs comédiens, mon engouement s’est installé sans peine et notamment au moment de la magnifique interprétation de Monsieur B me faisant oublier que la truculence de Mac Connor et la suffisance de Czentovic bien décrites dans le livre ne sont pas suffisamment mises en exergue à mes yeux dans la bouche du comédien.
Par ailleurs, force est de constater, que le décor proposé sur la scène du « théâtre rive gauche » met bien en valeur l’acteur seul en scène à tel point que parfois je ne voyais plus que lui sans altérer pour autant l’émotion et le crescendo de la dramaturgie de la fable racontée.
Happée la plupart du temps, je regrette cependant le choix de mise en scène des parties d’échecs qui ne prévoit aucun déplacement dans le jeu.
En effet, il est dommage que le metteur en scène n’ait pas cherché à mieux utiliser tout le talent du comédien afin de mieux faire exister ces échanges où toute la tension psychologique prend si bien son envol dans le livre et est surtout si magnifiquement bien rendue dans la version théâtrale précitée.
Le seul bémol c’est la troisième catégorie pour ma place alors que j’avais réservé pour une première, mais au final, j’ai quand même bien aimé ce « Joueur d’échecs » qui est excellent pour un seul en scène et avec un Francis Huster qui a su gagner mon empathie et celle d’une salle attentive et visiblement conquise au vu de la réelle ferveur des applaudissements à la fin.
Seul sur scène, Francis Huster se débrouille très bien pour nous tenir en haleine tout au long de la pièce avec les mots de Stefan Sweig. Il joue à merveille.
Texte superbe et émouvant, qui nous replonge dans la seconde guerre mondiale...
Texte superbe et émouvant, qui nous replonge dans la seconde guerre mondiale...