Sagan c’était Sagan, pas une autre, encore moins une imitation d’elle-même. Dans les yeux de la grande dame il y avait du caractère, un pli de paupière comme on séduit avec un rien parce que le charisme on l’a en soi tout entier.

Chez Caroline Loeb, indéniablement il y a du talent, d’imitation sûrement, et c’est peut-être ce qui rend la chose délicate, difficile, peut-être impossible à satisfaire pour quiconque veut vivre Sagan sur scène. Sagan, c’était un imbroglio de tempéraments, d’âmes différentes dans un corps de panthère. Et encore une fois, ce n’est pas assez démontré dans ce spectacle. C’est, du début à la fin, linéaire, avec des pauses certes fluides mais trop visibles pour ne pas voir les ficelles d’une mécanique de mise en scène si sage qu’elle en deviendrait presque soporifique.

Reste néanmoins que l’on passe un agréable moment si l’on abandonne ce rêve impossible à toucher qu’est celui de rencontrer un jour la vraie Sagan.

J'ai été beaucoup moins emballée que Grand Sage. Pourtant, j'ai été séduite d'entrée de jeu par la scène (le théâtre du Marais est un écrin parfait pour laisser Caroline Loeb nous parler de Françoise Sagan dont on sent qu'elle est fan). Peut-être cette nonchalance, qu'elle avait déjà choisi de mettre en avant en nous chantant "C'est la ouate".

En tout cas, Caroline Loeb reste une interprète hors pair lorsqu'elle choisit d'habiter les personnes qu'elle aime et dont elle décide de nous livrer quelques parcelles de vie dans ses spectacles. Elle a beaucoup travaillé la gestuelle de Françoise Sagan. Par exemple, sa façon de vous regarder, penchée sur le côté, ou d'exprimer le doute. Mais la vie de Françoise Sagan est trop superficielle pour moi. La paresse, le fait de tout jouer sur un coup de dé, aussi bien sa santé que sa fortune, ses amours, l'écriture... ça me parle moins. Certes, je sortais d'une négociation professionnelle et j'avais l'esprit préoccupé. Et j'espérais justement que Caroline Loeb allait m'embarquer et me faire oublier le reste. Car j'avais adoré son précédent spectacle sur Georges Sand. Mais là - peut-être plus à cause de la vacuité du personnage que du jeu de Caroline Loeb - la magie n'a pas pris. Mais cela, bien entendu n'engage que moi.