Critiques pour l'événement Celui qui Tombe
Magique !
Si les créations de Yohan Bourgeois sont parfois un peu prévisibles, ici en associant Cirque et Danse il a conçu une belle pépite. Six danseuses et danseurs évoluent en gravité sur un plateau tournant et suspendu.
Le propos peut-être interprété mais la réalisation est tellement belle le sens n'a pas beaucoup d'importance. Avec un moment de pur bonheur sur la chanson de My Way.
Si les créations de Yohan Bourgeois sont parfois un peu prévisibles, ici en associant Cirque et Danse il a conçu une belle pépite. Six danseuses et danseurs évoluent en gravité sur un plateau tournant et suspendu.
Le propos peut-être interprété mais la réalisation est tellement belle le sens n'a pas beaucoup d'importance. Avec un moment de pur bonheur sur la chanson de My Way.
Le plateau descend des cintres, ou plutôt de la verrière du Centquatre, pour nous révéler trois femmes et trois hommes, allongés sur la surface dure d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur. Ils sont donc six à défier les lois de l’apesanteur sur un terrain de jeu incliné qui s’arrête brutalement.
Une fois libéré des câbles qui le retenaient, il se met à tourner sur lui-même, comme un tourniquet dans un jardin d’enfants. Cette toupie géante présente une incroyable force centrifuge qui entraîne le plateau carré dans une course effrénée, à vive allure, de plus en plus vite. On les imagine sur une patinoire : ils avancent, tombent, s’agrippent les uns aux autres, se regroupent de manière organisée dans un angle tels des oiseaux en plein vol pour économiser et mutualiser leurs forces. Puis, la voix de Franck Sinatra s’élève dans les airs avec son inoubliable My Way. Les couples se font et se défont. Ils s’apprivoisent, s’abandonnent, se séparent, se retrouvent... C’est toute la vie qui défile en accéléré. Alors ils chutent un à un, comme happés par la mort. La musique et le plateau sont mis en sens inverse pour symboliser le temps que l’on remonte au fil des souvenirs.
C’est alors que le plateau s’incline de haut en bas puis de gauche à droite. En effet, après avoir mis en espace l’expression de celui qui tombe amoureux, nous assistons à celle de celui qui tombe, au sens le plus brut du terme, à savoir celui qui passe d’une position verticale à une position horizontale. Les six corps en mouvement n’en forment plus qu’un seul pour faire face au bloc que représente le plateau instable. Ils sont tous « dans le même bateau », ils ne peuvent quitter ce navire infernal et ne pourront qu’en sortir en unissant leurs forces. Ils sont malmenés mais luttent contre des forces invisibles. Au moment d’enlever la tournette, seul un homme reste accroché sur le plateau, complètement incliné à la verticale. L’un des tableaux marquants du spectacle, par sa beauté et sa profondeur, est certainement le moment où ils entonnent un chant sacré à six voix. Alors que cinq d’entre eux sont suspendus, même par les pieds avec la tête dans le vide, sous le plateau, symbole d’une nouvelle naissance, ils subliment cet instant dans un silence quasi religieux qui invite à une très belle élévation spirituelle. La clôture du spectacle place la barre encore plus haute dans un formidable mouvement de balancier. Par groupe, ils repoussent le plateau, le retiennent, s’en amusent, nous font des frayeurs, passent dessous, dessus, entre, se relèvent in extremis... Ils se font traîner, bousculer, comme s’ils affrontaient en tant qu’humains les éléments naturels qui se déchaînent. C’est beau, et même époustouflant. Il faut le voir pour ressentir toutes ces émotions qui se précipitent dans nos corps. La performance n’est pas dépourvue d’humour malgré l’extrême sensibilité qui s’en dégage. Et lorsque s’amorce le tableau final, symbolisant la mort qui s’égraine, un premier corps chute. Puis, suspendus sous le plateau, les autres tombent les uns après les autres, telle l’épreuve ultime des poteaux dans Koh Lanta où la survie trouve ses limites dans des corps épuisés.
Yoann Bourgeois présente un spectacle hors-norme, une sorte de numéro de cirque chorégraphié par des mouvements réglés au millimètre et à la nanoseconde près tout en défiant les lois de l’équilibre et de la gravité. Nous assistons à une vertigineuse et captivante performance à couper le souffle. Suspendus au moindre mouvement, nous faisons corps avec les interprètes de ce moment qui donne le tournis mais qui nous envoûte et nous fait vibrer, en nous faisant rêver comme les grands enfants que nous sommes restés.
Une fois libéré des câbles qui le retenaient, il se met à tourner sur lui-même, comme un tourniquet dans un jardin d’enfants. Cette toupie géante présente une incroyable force centrifuge qui entraîne le plateau carré dans une course effrénée, à vive allure, de plus en plus vite. On les imagine sur une patinoire : ils avancent, tombent, s’agrippent les uns aux autres, se regroupent de manière organisée dans un angle tels des oiseaux en plein vol pour économiser et mutualiser leurs forces. Puis, la voix de Franck Sinatra s’élève dans les airs avec son inoubliable My Way. Les couples se font et se défont. Ils s’apprivoisent, s’abandonnent, se séparent, se retrouvent... C’est toute la vie qui défile en accéléré. Alors ils chutent un à un, comme happés par la mort. La musique et le plateau sont mis en sens inverse pour symboliser le temps que l’on remonte au fil des souvenirs.
C’est alors que le plateau s’incline de haut en bas puis de gauche à droite. En effet, après avoir mis en espace l’expression de celui qui tombe amoureux, nous assistons à celle de celui qui tombe, au sens le plus brut du terme, à savoir celui qui passe d’une position verticale à une position horizontale. Les six corps en mouvement n’en forment plus qu’un seul pour faire face au bloc que représente le plateau instable. Ils sont tous « dans le même bateau », ils ne peuvent quitter ce navire infernal et ne pourront qu’en sortir en unissant leurs forces. Ils sont malmenés mais luttent contre des forces invisibles. Au moment d’enlever la tournette, seul un homme reste accroché sur le plateau, complètement incliné à la verticale. L’un des tableaux marquants du spectacle, par sa beauté et sa profondeur, est certainement le moment où ils entonnent un chant sacré à six voix. Alors que cinq d’entre eux sont suspendus, même par les pieds avec la tête dans le vide, sous le plateau, symbole d’une nouvelle naissance, ils subliment cet instant dans un silence quasi religieux qui invite à une très belle élévation spirituelle. La clôture du spectacle place la barre encore plus haute dans un formidable mouvement de balancier. Par groupe, ils repoussent le plateau, le retiennent, s’en amusent, nous font des frayeurs, passent dessous, dessus, entre, se relèvent in extremis... Ils se font traîner, bousculer, comme s’ils affrontaient en tant qu’humains les éléments naturels qui se déchaînent. C’est beau, et même époustouflant. Il faut le voir pour ressentir toutes ces émotions qui se précipitent dans nos corps. La performance n’est pas dépourvue d’humour malgré l’extrême sensibilité qui s’en dégage. Et lorsque s’amorce le tableau final, symbolisant la mort qui s’égraine, un premier corps chute. Puis, suspendus sous le plateau, les autres tombent les uns après les autres, telle l’épreuve ultime des poteaux dans Koh Lanta où la survie trouve ses limites dans des corps épuisés.
Yoann Bourgeois présente un spectacle hors-norme, une sorte de numéro de cirque chorégraphié par des mouvements réglés au millimètre et à la nanoseconde près tout en défiant les lois de l’équilibre et de la gravité. Nous assistons à une vertigineuse et captivante performance à couper le souffle. Suspendus au moindre mouvement, nous faisons corps avec les interprètes de ce moment qui donne le tournis mais qui nous envoûte et nous fait vibrer, en nous faisant rêver comme les grands enfants que nous sommes restés.
Même pour quelqu'un comme moi qui connais l'univers de Yoann Bourgeois (et de Marie Fonte qui conçoit les spectacles avec lui) Celui qui tombe est un choc. Visuel bien entendu, mais pas que. Tous les sens du spectateur sont mobilisés de la première à la dernière seconde.
J'hésite à dire que c'est du cirque, parce que vous allez croire que ce sera difficile d'accès. J'hésite à écrire que c'est de la danse parce que c'est aussi du théâtre, malgré l'absence de dialogues parlés. J'hésite à souligner que c'est de l'opéra parce qu'on va me traiter de menteuse alors que les chants qui sont interprétés en direct sont une prouesse et une occasion de nouvelles émotions.
Tout est remarquable. Mais très franchement point n'est besoin d'être spécialiste du monde circassien contemporain pour vivre une soirée d'exception. Il suffit de regarder et de se laisser porter.
Après avoir fait chuter et voler ses acrobates sur L'Art de la fugue de Bach dans un spectacle précédent, Yoann Bourgeois leur demande de se tenir debout, du moins garder l'équilibre quand le sol peut à tout instant se dérober sous leurs pieds. Le geste est radical pour un cirque à la portée existentielle. La scénographie est un sol, un simple plancher de six mètres sur six mobilisé par différents mécanismes (l'équilibre, la force centrifuge, le ballant…) et qui pèse tout de même deux tonnes. La création a eu lieu en septembre 2014 à l'Opéra de Lyon.
Au commencement ce ne sont que quelques craquements dans un noir absolu à peine troublé par un flood. Le plateau semble descendre du ciel, s'incliner lentement tandis que s'égrènent les premières notes du deuxième mouvement de la Septième Symphonie de Beethoven. C'est un Allegretto mais il véhicule une certaine angoisse à mesure que l'on devine les corps luttant contre l'apesanteur dans la pénombre. Ils glissent, se redressent. Le plateau devient un radeau sur des éléments déchainés.
La structure de bois remonte, redescend. La musique s'amplifie à mesure. Comment le bois peut-il souffrir ainsi ? On imagine que la structure se déforme ... La chorégraphie évoque quelque chose d'enfoui dans les souvenirs d'enfance, comme ces parties de 1, 2, 3, soleil que les gosses enchainent avec des séances de "chat glacé" ou de tentative d'imitation de Michael Jackson exécutant sa moon walk.
Tout s'arrête. Le théâtre s'offre à nos yeux sous un plein feu. Difficile d'avoir moins de décors, moins de costumes. et pourtant le dispositif est extrêmement sophistiqué, avec son vérin, ses filins, une motorisation décuplée revue pour s'adapter à la salle du Monfort.
Les six artistes nous dévisagent. A peine on les pense tirés d'affaire que maintenant ça tourne, et ma foi plus vite que le plateau des tasses de thé de Disneyland. Cà continue encore et encore. On en aurait le tournis. Ils partent à l'envers, se cramponnent, penchent dangereusement. Assise au deuxième rang je sens le souffle du déplacement d'air.
Ils se lèvent et ils se bousculent, ... mettant en actes les paroles de Comme d'habitude, le tube planétaire co-écrit en 1968 par Gilles Thibaut et Claude François, repris l'année suivante par Paul Anka, immense succès de Franck Sinatra ... My way. C'est comme une danse. Cela tient du mime et beaucoup d'émotions se lisent sur les visages et dans le jeu des regards. Une vraie prouesse quand on mesure qu'aucun ne peut jamais se reposer une seconde. Ils terminent tous à plat ventre à la fin. Tout s'arrête dans le silence.
On repart à l'envers. Le plateau, les artistes et la musique que l'on peine à reconnaitre. Le disque est rayé, les corps se disloquent. My way redevient audible. Ça recraque. Un son sourd, une vibration, une explosion. Ils tombent.
Piano. Tous solidaires sauf un d'un bateau en dérive ou d'une grande balaçoire. Maria Callas chante la Casta Diva de Bellini. La Norma est entêtante alors qu'ils se regroupent et qu'un seul s'échappe. Chacun au pied du mur en quelque sorte ... rejouant la scène finale au Mount Rushmore de la Mort aux trousses avant de revivre le mythe de Sisyphe en boucle et de nous faire craindre l'écrasement.
Les six artistes nous embarquent dans leur(s) monde(s) dans un corps à corps polysémique avec la structure. Et quand ils chantent a capella, tête en bas on pense qu'il ne sera pas possible de pousser la performance plus loin encore.
On les accompagne jusqu'au bout de leur singulier voyage en oubliant le danger. Et quand il n'en reste plus qu'un, pendant au-dessus du vide et continuant à lutter contre lui-même on se dit qu'il faut inventer des mots nouveaux pour leur signifier notre admiration.
Celui qui tombe cherche inlassablement la limite en lisière des jeux de vertige et des jeux de masques.
La compagnie est née il y a quatre ans. Cette petite équipe invente inlassablement des esquisses qui parfois deviennent des numéros. Je les avais découvert sautant sur d'époustouflants trampolines devant le château de Sceaux en 2013. J'avais moi-même fait l'expérience de la gravité en participant au spectacle l'année suivante dans le cadre du Festival Solstice. Et je suis devenue fan inconditionnelle de leur talent.
J'hésite à dire que c'est du cirque, parce que vous allez croire que ce sera difficile d'accès. J'hésite à écrire que c'est de la danse parce que c'est aussi du théâtre, malgré l'absence de dialogues parlés. J'hésite à souligner que c'est de l'opéra parce qu'on va me traiter de menteuse alors que les chants qui sont interprétés en direct sont une prouesse et une occasion de nouvelles émotions.
Tout est remarquable. Mais très franchement point n'est besoin d'être spécialiste du monde circassien contemporain pour vivre une soirée d'exception. Il suffit de regarder et de se laisser porter.
Après avoir fait chuter et voler ses acrobates sur L'Art de la fugue de Bach dans un spectacle précédent, Yoann Bourgeois leur demande de se tenir debout, du moins garder l'équilibre quand le sol peut à tout instant se dérober sous leurs pieds. Le geste est radical pour un cirque à la portée existentielle. La scénographie est un sol, un simple plancher de six mètres sur six mobilisé par différents mécanismes (l'équilibre, la force centrifuge, le ballant…) et qui pèse tout de même deux tonnes. La création a eu lieu en septembre 2014 à l'Opéra de Lyon.
Au commencement ce ne sont que quelques craquements dans un noir absolu à peine troublé par un flood. Le plateau semble descendre du ciel, s'incliner lentement tandis que s'égrènent les premières notes du deuxième mouvement de la Septième Symphonie de Beethoven. C'est un Allegretto mais il véhicule une certaine angoisse à mesure que l'on devine les corps luttant contre l'apesanteur dans la pénombre. Ils glissent, se redressent. Le plateau devient un radeau sur des éléments déchainés.
La structure de bois remonte, redescend. La musique s'amplifie à mesure. Comment le bois peut-il souffrir ainsi ? On imagine que la structure se déforme ... La chorégraphie évoque quelque chose d'enfoui dans les souvenirs d'enfance, comme ces parties de 1, 2, 3, soleil que les gosses enchainent avec des séances de "chat glacé" ou de tentative d'imitation de Michael Jackson exécutant sa moon walk.
Tout s'arrête. Le théâtre s'offre à nos yeux sous un plein feu. Difficile d'avoir moins de décors, moins de costumes. et pourtant le dispositif est extrêmement sophistiqué, avec son vérin, ses filins, une motorisation décuplée revue pour s'adapter à la salle du Monfort.
Les six artistes nous dévisagent. A peine on les pense tirés d'affaire que maintenant ça tourne, et ma foi plus vite que le plateau des tasses de thé de Disneyland. Cà continue encore et encore. On en aurait le tournis. Ils partent à l'envers, se cramponnent, penchent dangereusement. Assise au deuxième rang je sens le souffle du déplacement d'air.
Ils se lèvent et ils se bousculent, ... mettant en actes les paroles de Comme d'habitude, le tube planétaire co-écrit en 1968 par Gilles Thibaut et Claude François, repris l'année suivante par Paul Anka, immense succès de Franck Sinatra ... My way. C'est comme une danse. Cela tient du mime et beaucoup d'émotions se lisent sur les visages et dans le jeu des regards. Une vraie prouesse quand on mesure qu'aucun ne peut jamais se reposer une seconde. Ils terminent tous à plat ventre à la fin. Tout s'arrête dans le silence.
On repart à l'envers. Le plateau, les artistes et la musique que l'on peine à reconnaitre. Le disque est rayé, les corps se disloquent. My way redevient audible. Ça recraque. Un son sourd, une vibration, une explosion. Ils tombent.
Piano. Tous solidaires sauf un d'un bateau en dérive ou d'une grande balaçoire. Maria Callas chante la Casta Diva de Bellini. La Norma est entêtante alors qu'ils se regroupent et qu'un seul s'échappe. Chacun au pied du mur en quelque sorte ... rejouant la scène finale au Mount Rushmore de la Mort aux trousses avant de revivre le mythe de Sisyphe en boucle et de nous faire craindre l'écrasement.
Les six artistes nous embarquent dans leur(s) monde(s) dans un corps à corps polysémique avec la structure. Et quand ils chantent a capella, tête en bas on pense qu'il ne sera pas possible de pousser la performance plus loin encore.
On les accompagne jusqu'au bout de leur singulier voyage en oubliant le danger. Et quand il n'en reste plus qu'un, pendant au-dessus du vide et continuant à lutter contre lui-même on se dit qu'il faut inventer des mots nouveaux pour leur signifier notre admiration.
Celui qui tombe cherche inlassablement la limite en lisière des jeux de vertige et des jeux de masques.
La compagnie est née il y a quatre ans. Cette petite équipe invente inlassablement des esquisses qui parfois deviennent des numéros. Je les avais découvert sautant sur d'époustouflants trampolines devant le château de Sceaux en 2013. J'avais moi-même fait l'expérience de la gravité en participant au spectacle l'année suivante dans le cadre du Festival Solstice. Et je suis devenue fan inconditionnelle de leur talent.
Circassien, comédien, acrobate, Yoann BOURGEOIS, qui s'est formé à l'école du Cirque Plume Yoann est un peu tout cela.
Ce mélange peu commun lui permet de créer un univers à part, d'une stupéfiante originalité et d'une intense poésie. CELUI QUI TOMBE est un spectacle indescriptible, où 6 artistes / danseurs / acrobates vont explorer toutes les possibilités d'équilibre et de déséquilibre qui leur sont offertes par un plateau mobile et en bois de 6m x 6m. L'équilibre est toujours précaire. Le déséquilibre les guette à chaque seconde, à chaque mouvement de l'un ou de l'autre, les rendant solidaires à chaque instant. Pendant un peu plus d'une heure ils vont jouer avec les contraintes physiques que leur impose la structure.
Défiant les lois de la gravité, chaque mouvement, chaque position crée un doute, une surprise, une interrogation, suscitant une réaction immédiate, une adaptation instantanée. Le plateau se fait ronde, balançoire, mur, plancher, plafond. Les possibilités semblent infinis. Les artistes doivent alors redoubler d'audace et nous font trembler devant les risques qu'ils prennent, nous laissant le souffle suspendu, Sous nos yeux naît un univers magique, poétique. Et l'émotion est là, intense, profonde.
Lorsque tombe la dernière note, le dernier corps, on reste abasourdi par la technique ahurissante de précision de ces artistes, et par la poésie du voyage qui nous a été offert. Comme un rêve éveillé dont on ne veut pas sortir et que l'on ne voudrait jamais arrêter. Un des plus beaux spectacles qu'il m'ait été donné à voir.
Et si vous l'avez manqué au Monfort rien n'est perdu : il sera au 104 en avril 2016.
Ce mélange peu commun lui permet de créer un univers à part, d'une stupéfiante originalité et d'une intense poésie. CELUI QUI TOMBE est un spectacle indescriptible, où 6 artistes / danseurs / acrobates vont explorer toutes les possibilités d'équilibre et de déséquilibre qui leur sont offertes par un plateau mobile et en bois de 6m x 6m. L'équilibre est toujours précaire. Le déséquilibre les guette à chaque seconde, à chaque mouvement de l'un ou de l'autre, les rendant solidaires à chaque instant. Pendant un peu plus d'une heure ils vont jouer avec les contraintes physiques que leur impose la structure.
Défiant les lois de la gravité, chaque mouvement, chaque position crée un doute, une surprise, une interrogation, suscitant une réaction immédiate, une adaptation instantanée. Le plateau se fait ronde, balançoire, mur, plancher, plafond. Les possibilités semblent infinis. Les artistes doivent alors redoubler d'audace et nous font trembler devant les risques qu'ils prennent, nous laissant le souffle suspendu, Sous nos yeux naît un univers magique, poétique. Et l'émotion est là, intense, profonde.
Lorsque tombe la dernière note, le dernier corps, on reste abasourdi par la technique ahurissante de précision de ces artistes, et par la poésie du voyage qui nous a été offert. Comme un rêve éveillé dont on ne veut pas sortir et que l'on ne voudrait jamais arrêter. Un des plus beaux spectacles qu'il m'ait été donné à voir.
Et si vous l'avez manqué au Monfort rien n'est perdu : il sera au 104 en avril 2016.
Qui est Yoann Bourgeois ? Un circassien, un metteur en scène, un chorégraphe ? Sans aucun doute ces trois talents à la fois. La nature de ses travaux semble fraîchement hybride et métissée.
L'intéressé se qualifie lui-même de "Joueur" et c'est un petit échantillon d'humanité qu'il s'amuse à manipuler sous nos yeux ébahis tel un dieu tout puissant. Tapi dans l'ombre, le jeune artiste, qui a séduit le public en 2011 avec L'Art de la fugue, actionne ici les ficelles du plateau du monde, bouleversant l'équilibre des hommes et les précipitant dans le vide.
Bourgeois, aidé de ses marionnettes complices, tient l'assistance en haleine dès les premières secondes de Celui qui tombe. Trois hommes et trois femmes, corps informes dans la pénombre, glissent dangereusement sur une plate-forme de bois suspendue à plusieurs mètres du sol. Habillés d'une admirable sobriété, les six acrobates se débattent sur ce sol mouvant craquant de manière inquiétante sous leur poids, apprivoisant peu à peu l'instabilité de leur situation, chacun faisant connaissance avec les autres pauvres créatures abandonnées là. Les voilà bientôt qui courent à toute vitesses sur le rouage du monde, jouant comme des enfants à celui qui tiendra le plus longtemps debout face au vent. Ils sont sublimes. Marie Fonte, petite brune lunaire, collaboratrice de Yoann Bourgeois depuis la création de la compagnie, illumine la scène d'une grâce déconcertante.
La dynamique de cette allégorie de l'homme face à sa condition est tout simplement fascinante. Seule une goutte de sueur perlant du front de l'un des équilibristes trahit l'effort physique dissimulé derrière l'émotion et l'élégance de ces tableaux collectifs troublants de justesse. Yoann Bourgeois est un poète des temps modernes, utilisant les lois de la physique pour questionner notre raison d'être et mettre le doigt sur une évidence, sans colère, tristesse ou amertume : la vie ne nous laisse jamais tranquille.
La vie, ça fout la gerbe.
L'intéressé se qualifie lui-même de "Joueur" et c'est un petit échantillon d'humanité qu'il s'amuse à manipuler sous nos yeux ébahis tel un dieu tout puissant. Tapi dans l'ombre, le jeune artiste, qui a séduit le public en 2011 avec L'Art de la fugue, actionne ici les ficelles du plateau du monde, bouleversant l'équilibre des hommes et les précipitant dans le vide.
Bourgeois, aidé de ses marionnettes complices, tient l'assistance en haleine dès les premières secondes de Celui qui tombe. Trois hommes et trois femmes, corps informes dans la pénombre, glissent dangereusement sur une plate-forme de bois suspendue à plusieurs mètres du sol. Habillés d'une admirable sobriété, les six acrobates se débattent sur ce sol mouvant craquant de manière inquiétante sous leur poids, apprivoisant peu à peu l'instabilité de leur situation, chacun faisant connaissance avec les autres pauvres créatures abandonnées là. Les voilà bientôt qui courent à toute vitesses sur le rouage du monde, jouant comme des enfants à celui qui tiendra le plus longtemps debout face au vent. Ils sont sublimes. Marie Fonte, petite brune lunaire, collaboratrice de Yoann Bourgeois depuis la création de la compagnie, illumine la scène d'une grâce déconcertante.
La dynamique de cette allégorie de l'homme face à sa condition est tout simplement fascinante. Seule une goutte de sueur perlant du front de l'un des équilibristes trahit l'effort physique dissimulé derrière l'émotion et l'élégance de ces tableaux collectifs troublants de justesse. Yoann Bourgeois est un poète des temps modernes, utilisant les lois de la physique pour questionner notre raison d'être et mettre le doigt sur une évidence, sans colère, tristesse ou amertume : la vie ne nous laisse jamais tranquille.
La vie, ça fout la gerbe.
Difficile de décrire la beauté de ce spectacle : prisonniers de ce gigantesque plateau qui tourne, ondule, monte, descend, bascule, six hommes et femmes tentent de se maintenir en équilibre.
Cela donne des tableaux magnifiques dessinés par la force centrifuge, les points d'équilibre, l'attraction terrestre ou la puissance d'un ballant... C'est un spectacle magnifique, entre acrobatie et chorégraphie.
Et si vous êtes d'un naturel suspicieux sur les productions contemporaines, sachez que le spectacle ne dure qu'une heure (hélas) : vous ne prenez pas de grands risques !
Vraiment, courez-y !
A voir aussi avec des enfants à partir de 10 ans.
Cela donne des tableaux magnifiques dessinés par la force centrifuge, les points d'équilibre, l'attraction terrestre ou la puissance d'un ballant... C'est un spectacle magnifique, entre acrobatie et chorégraphie.
Et si vous êtes d'un naturel suspicieux sur les productions contemporaines, sachez que le spectacle ne dure qu'une heure (hélas) : vous ne prenez pas de grands risques !
Vraiment, courez-y !
A voir aussi avec des enfants à partir de 10 ans.
Étourdiissantes performances !
Les rapports de force entre le corps et l'espace nous offrent ici une série de performances acrobatiques spectaculaires. La volonté apparente de théâtralité serait servie par une esthétique plus recherchée (lumières, costumes, jeux).
Mais sans aucun doute, c'est un grand spectacle !
Les rapports de force entre le corps et l'espace nous offrent ici une série de performances acrobatiques spectaculaires. La volonté apparente de théâtralité serait servie par une esthétique plus recherchée (lumières, costumes, jeux).
Mais sans aucun doute, c'est un grand spectacle !
Les avis de la rédaction