Critiques pour l'événement A tort et à raison
Là où la raison a eu tort et l'instinct raison.
Mon instinct me disait de ne pas aller voir cette pièce (vous savez cette présence éveillée et franche qui vous murmure dans le cortex malgré tout le brillant ou le succès promis). Mais, les critiques dithyrambiques, le fait que ce soit une reprise autrefois couronnée, les solides acteurs dont un monument, l’auteur dont on connait le savoir faire de conteur à travers ses scénario, nous conduisent finalement à nous fustiger d’être si réservée dans notre envie d’y aller. Alors on claque la porte à notre instinct…
………………Et on se reprend le retour de battant en pleine face.
Le texte est d’une grande faiblesse tant intellectuelle que littéraire. Vouloir aborder dans une pièce la question de l’artiste face au nazisme, de la dénazification, du traumatisme de la découverte des camps d’extermination, tout en saupoudrant le tout d’un peu d’humour pour faire passer ces thématiques lourdes, aurait demandé une écriture autrement plus chevronnée, percutante et rigoureuse : or tout est mou, bâclé, sans subtilité.
Pire encore, la distribution du rôle de Furtwängler devient un choix de mise en scène qui confine à la malhonnêteté intellectuelle. Il avait soixante ans en 1946, ce n’était pas un vieillard. A partir de là, donner ce personnage aux 90 ans de Michel BOUQUET génère un contresens malheureux (voulu ?) : on y voit un vieillard épuisé se défendre d’une quelconque accointance avec un régime face à l’acharnement d’un homme culturellement mal dégrossi et en pleine force, ce qui vicie le débat, laissant entrer une forme de pitié envers ce « pauvre vieillard ».
Ce célèbre musicien (ainsi que la réalité de sa position pendant la guerre) aurait mérité mieux que ce cliché théâtreux.
Et puisque nous y sommes, allons-y dans les clichés ! Le jeune soldat américain, juif, fin et cultivé (bien sur) qui prend noblement le parti du musicien, l’officier américain revanchard, manipulateur de dossier, évidemment inculte. Il reste ce pendant le personnage le plus intéressant, traumatisé par sa découverte physique des camps de la mort et qui engage un combat quasi personnel envers celui qu’il considère comme un apparatchik du régime du simple fait qu’il est resté « neutre ».
Quant à la fin, j’avais parié à mi- pièce que la dernière réplique serait une variante du « qu’auriez vous fait » et ça n’a pas raté !
C’est non seulement théâtralement désastreux par son aspect attendu mais encore totalement indigent quant à la réflexion intellectuelle : ne prenons pas partie, n’ayons pas d’opinion, n’assumons pas nos engagements ou nos abstentions et excusons nous à l’avance de toutes nos positions dans la vie car « vous ne sauriez pas ce que vous auriez fait à notre place »; une philosophie déplaisante de la déresponsabilisation.
Avec ce type d’argument il n’y a plus de critique historique possible, or ces questions méritent un peu plus de profondeur et de nuances dans leurs réponses que cet expédient.
Avec cela la quasi-standing ovation à la fin, (par les groupies octogénaires de Michel BOUQUET), laissant la nette impression qu’on salue plus le fait qu’il soit à 90 ans sur scène (et c’est vrai que c’est admirable) que son jeu. En effet Michel BOUQUET remplit son contrat avec sa précision habituelle mais il n’est pas à son meilleur et on sent malgré tout le poids des années, dans sa diction notamment.
Reste Francis LOMBRAIL, excellentissime, une coudée au dessus des autres, seule nuance positive à cette pièce et dont on déplore que son personnage n’ait pas été mieux développé.
Pour la prochaine fois : écouter mon bienveillant instinct et aller relire l’excellent « Méphisto » de Klaus MANN, qui sur le même thème est considérablement plus consistant ou encore, revoir le passionnant documentaire allemand sur FURTWANGLER.
Mon instinct me disait de ne pas aller voir cette pièce (vous savez cette présence éveillée et franche qui vous murmure dans le cortex malgré tout le brillant ou le succès promis). Mais, les critiques dithyrambiques, le fait que ce soit une reprise autrefois couronnée, les solides acteurs dont un monument, l’auteur dont on connait le savoir faire de conteur à travers ses scénario, nous conduisent finalement à nous fustiger d’être si réservée dans notre envie d’y aller. Alors on claque la porte à notre instinct…
………………Et on se reprend le retour de battant en pleine face.
Le texte est d’une grande faiblesse tant intellectuelle que littéraire. Vouloir aborder dans une pièce la question de l’artiste face au nazisme, de la dénazification, du traumatisme de la découverte des camps d’extermination, tout en saupoudrant le tout d’un peu d’humour pour faire passer ces thématiques lourdes, aurait demandé une écriture autrement plus chevronnée, percutante et rigoureuse : or tout est mou, bâclé, sans subtilité.
Pire encore, la distribution du rôle de Furtwängler devient un choix de mise en scène qui confine à la malhonnêteté intellectuelle. Il avait soixante ans en 1946, ce n’était pas un vieillard. A partir de là, donner ce personnage aux 90 ans de Michel BOUQUET génère un contresens malheureux (voulu ?) : on y voit un vieillard épuisé se défendre d’une quelconque accointance avec un régime face à l’acharnement d’un homme culturellement mal dégrossi et en pleine force, ce qui vicie le débat, laissant entrer une forme de pitié envers ce « pauvre vieillard ».
Ce célèbre musicien (ainsi que la réalité de sa position pendant la guerre) aurait mérité mieux que ce cliché théâtreux.
Et puisque nous y sommes, allons-y dans les clichés ! Le jeune soldat américain, juif, fin et cultivé (bien sur) qui prend noblement le parti du musicien, l’officier américain revanchard, manipulateur de dossier, évidemment inculte. Il reste ce pendant le personnage le plus intéressant, traumatisé par sa découverte physique des camps de la mort et qui engage un combat quasi personnel envers celui qu’il considère comme un apparatchik du régime du simple fait qu’il est resté « neutre ».
Quant à la fin, j’avais parié à mi- pièce que la dernière réplique serait une variante du « qu’auriez vous fait » et ça n’a pas raté !
C’est non seulement théâtralement désastreux par son aspect attendu mais encore totalement indigent quant à la réflexion intellectuelle : ne prenons pas partie, n’ayons pas d’opinion, n’assumons pas nos engagements ou nos abstentions et excusons nous à l’avance de toutes nos positions dans la vie car « vous ne sauriez pas ce que vous auriez fait à notre place »; une philosophie déplaisante de la déresponsabilisation.
Avec ce type d’argument il n’y a plus de critique historique possible, or ces questions méritent un peu plus de profondeur et de nuances dans leurs réponses que cet expédient.
Avec cela la quasi-standing ovation à la fin, (par les groupies octogénaires de Michel BOUQUET), laissant la nette impression qu’on salue plus le fait qu’il soit à 90 ans sur scène (et c’est vrai que c’est admirable) que son jeu. En effet Michel BOUQUET remplit son contrat avec sa précision habituelle mais il n’est pas à son meilleur et on sent malgré tout le poids des années, dans sa diction notamment.
Reste Francis LOMBRAIL, excellentissime, une coudée au dessus des autres, seule nuance positive à cette pièce et dont on déplore que son personnage n’ait pas été mieux développé.
Pour la prochaine fois : écouter mon bienveillant instinct et aller relire l’excellent « Méphisto » de Klaus MANN, qui sur le même thème est considérablement plus consistant ou encore, revoir le passionnant documentaire allemand sur FURTWANGLER.
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