Critiques pour l'événement 1993
18 janv. 2018
8,5/10
8
Une impression forte de FIN DU MONDE, où je n'ai pas tout compris !

En bref, un parallèle entre 3 événements : la chute du mur de Berlin et le triomphe du libéralisme, la construction du tunnel sous la manche (en 1993), et une soirée Erasmus à Calais.

Ce qui est absolument PRODIGIEUX :
- la mise en scène chaotique de la 1ère partie : musique transcendante, néons, brume, comédiens qui s'expriment avec un rythme effréné ; quelle violence, quel choc ! Je n'avais jamais vécu de sensations live aussi forte, dans le même registre que Les Particules Elémentaires, merci Julien GOSSELIN ;
- l'authenticité des comédiens, dans la soirée Erasmus ou ils parlent en Anglais, probablement grâce au caméraman

Je n'ai cependant pas bien compris la position que prend Aurélien BELLANGER sur ces 3 événements, difficilement critiquables :
> sur la chute du mur, l'auteur critique le triomphe du libéralisme, car cela conduit à la fin de l'Histoire (thèse de Francis FUKUYAMA), c'est à dire que les peuples ne se battent plus, n'ont donc plus de combat véritable, et du coup leur seule religion devient la consommation à outrance ; comment critiquer la paix européenne ?
> sur la construction du tunnel sous la manche, cette avancée technologique majeure a conduit à des effets désastreux (la crise migratoire de Calais) ; comment critiquer le développement des moyens de communication ?
> sur les soirées Erasmums, critique de la violence (sex, drogues, alcool), de l'incompréhension entre eux des différentes nationalités, peu d'échange, on est loin de l'idéal harmonieux d'une grande famille, européenne ; comment critiquer les échanges entre les peuples ?

J'ai mis du temps à comprendre le lien entre ces 3 événements. Une phrase nous aide dans le spectacle : "C'est à Calais que le monde est devenu moderne". En fait, la chute du mur a entraîné le triomphe du libéralisme et du progrès technique, dont l'une des avancées majeures est la construction du tunnel sous la Manche. Cependant, la modernité techno n'a pas suivi sur le volet social : on assiste a un recul social de l'Europe avec les camps de migrants à Calais et les soirées Erasmus de jeunes ultra nationalistes et pommés.

J'ai regretté deux choses :
- le peu de dialogues. Les comédiens s'expriment essentiellement en punchlines, avec des titres chocs et beaucoup de data, c'est super car le rythme est effréné et dingue, mais c'est difficile de comprendre le point de vue de l'auteur du coup ;
- le vide idéologique du libéralisme, la consommation à outrance, la rationnalité de la population européenne, ce sont des CONSTATS mais il n'y a pas de VISION de l'avenir, aucune proposition de futur

Beaucoup de sensations et beaucoup de réflexions !