Son balcon
SAISON 2020-2021
Son challenge culturel !
Objectif de voir 50 pièces de théâtre
34%
17 pièces vues
Objectif de voir 15 expositions
27%
4 expos vues
Mini Molières
65 496reçus
Mini-Molière du Critique
Son classement : 1 / 5262
Après elle


Yves Poey
827 critiques
Niveau
20 / 20
20 / 20
854
critiques
filatures
6
82
Espions
Derniers curieux qui ont visité son profil
Actualités de ses filatures
The man in the low castle...
Pour cet homme là, pour Rudolf Höller, juge allemand à six mois de la retraite, le 7 octobre est une date très importante.
C'est l'anniversaire de la naissance d'un certain Heinrich Himmler.
En tant qu'ancien commandant-adjoint d'un camp de concentration, caché dix ans par sa sœur dès la déroute nazie, cette date est symbolique.
C'est, pour l'ancien officier supérieur SS qu'il est, l'occasion de faire la fête à la maison.
Cette fête annuelle, c'est un repas d'anniversaire, avec ses deux sœurs (l'une, Véra, qui abonde dans son sens de la nostalgie et de la volonté de revoir à nouveau le parti nazi au pouvoir est également son incestueuse épouse), l'autre, Clara, handicapée clouée dans un fauteuil, qui vomit littéralement le discours idéologique de ses frère et sœur, et à qui il a demandé lors du précédent anniversaire de porter le costume rayé de déporté et d'avoir la tête tondue.
Un charmante réunion d'une épouvantable fratrie, quoi.
Alain Françon a pris a bras le corps le brûlot écrit en 1979 par le dramaturge autrichien Thomas Bernhard.
Un brûlot, qui ne l'oublions pas, s'inspire de la véritable histoire d'un juge allemand ancien nazi.
Hiegel. Lvovsky. Marcon. Françon.
Ces quatre-là nous donnent une véritable, magistrale et explosive leçon de théâtre.
Une leçon de mots. Les mots et leur musique, parfois magnifique, parfois horrible.
Bernhard, le dramaturge de la conversation...
C'est bien simple, le metteur en scène, avec sa précision habituelle, avec cette impression qu'il donne à chaque fois de nous faire oublier qu'il a mis en scène, avec cette fluidité magnifique, Alain Françon donc nous livre deux heures rares de théâtre.
Un terrible affrontement entre trois êtres humains, dont deux monstres.
Melle Hiegel et M. Marcon sont ces deux monstres-là, qui vont proférer de véritables horreurs dans des tirades homériques et dans des dialogues sidérants de violence verbale totalement décomplexée.
Les deux, tour à tour, nous font rire tellement ce qu'ils disent et surtout ce qu'ils pensent est pour eux naturel, sans conséquence. (Ah ! Les ruptures de la grande Catherine !...)
Mais ils nous glacent également, lorsqu'ils nous assurent que « le bon temps » reviendra, et que les fascistes en général et le parti nazi en particulier reviendront au pouvoir !
Il serait superfétatoire et inutile de relater ici les mérites des deux merveilleux comédiens.
Ce qu'ils font sur le plateau est une nouvelle fois tout simplement extraordinaire.
Tous les élèves-comédiens, tous les apprentis-acteurs, tous les jeunes (et moins jeunes d'ailleurs) aspirants à se produire devant un public devraient venir les voir jouer.
Une véritable leçon, vous dis-je ! C'en est bouleversant !
Et puis une formidable surprise nous attend, à savoir la présence sur une scène pour la première fois de la comédienne et cinéaste Noémie Lvovsky.
C'est elle qui va nous représenter, nous le public, nous les spectateurs qui ne partageons pas le moins du monde les ignominies proférées.
C'est elle qui osera contredire sa perverse sœur, et qui sera désespérée tout le long du repas et de la remarquable scène de l'album de souvenirs.
Sans rien dire, rien qu'en marquant par son visage sa désapprobation, son mépris, son horreur, son désespoir aussi, Melle Lvovsky nous sidère, elle aussi. En contrepoids du couple frangin-frangine, elle humanise toute la pièce.
Je parlais un peu plus haut de la précision de la mise en scène, je ne résiste pas à l'envie de vous donner un exemple de ces petits détails qui font tout.
Avant la scène du repas, André Marcon a enfilé en coulisse son costume d'Obersturmbannfürher.
Une fois installé, il pose sa casquette noire devant lui, mais à l'envers.
D'un geste sidérant de naturel, il la retourne pour avoir devant lui la tête de mort située au-dessus de la visière.
Tout est dit...
Il faut également remercier Alain Françon : une dernière scène fort réussie permet au comédien de ne pas avoir à saluer en uniforme nazi.
Applaudissements on ne peut plus sonores. Standing ovation. Nombreux rappels.
Normal.
Si vous n'avez qu'une seule pièce à voir cet automne, c'est bien celle-ci !
Pour cet homme là, pour Rudolf Höller, juge allemand à six mois de la retraite, le 7 octobre est une date très importante.
C'est l'anniversaire de la naissance d'un certain Heinrich Himmler.
En tant qu'ancien commandant-adjoint d'un camp de concentration, caché dix ans par sa sœur dès la déroute nazie, cette date est symbolique.
C'est, pour l'ancien officier supérieur SS qu'il est, l'occasion de faire la fête à la maison.
Cette fête annuelle, c'est un repas d'anniversaire, avec ses deux sœurs (l'une, Véra, qui abonde dans son sens de la nostalgie et de la volonté de revoir à nouveau le parti nazi au pouvoir est également son incestueuse épouse), l'autre, Clara, handicapée clouée dans un fauteuil, qui vomit littéralement le discours idéologique de ses frère et sœur, et à qui il a demandé lors du précédent anniversaire de porter le costume rayé de déporté et d'avoir la tête tondue.
Un charmante réunion d'une épouvantable fratrie, quoi.
Alain Françon a pris a bras le corps le brûlot écrit en 1979 par le dramaturge autrichien Thomas Bernhard.
Un brûlot, qui ne l'oublions pas, s'inspire de la véritable histoire d'un juge allemand ancien nazi.
Hiegel. Lvovsky. Marcon. Françon.
Ces quatre-là nous donnent une véritable, magistrale et explosive leçon de théâtre.
Une leçon de mots. Les mots et leur musique, parfois magnifique, parfois horrible.
Bernhard, le dramaturge de la conversation...
C'est bien simple, le metteur en scène, avec sa précision habituelle, avec cette impression qu'il donne à chaque fois de nous faire oublier qu'il a mis en scène, avec cette fluidité magnifique, Alain Françon donc nous livre deux heures rares de théâtre.
Un terrible affrontement entre trois êtres humains, dont deux monstres.
Melle Hiegel et M. Marcon sont ces deux monstres-là, qui vont proférer de véritables horreurs dans des tirades homériques et dans des dialogues sidérants de violence verbale totalement décomplexée.
Les deux, tour à tour, nous font rire tellement ce qu'ils disent et surtout ce qu'ils pensent est pour eux naturel, sans conséquence. (Ah ! Les ruptures de la grande Catherine !...)
Mais ils nous glacent également, lorsqu'ils nous assurent que « le bon temps » reviendra, et que les fascistes en général et le parti nazi en particulier reviendront au pouvoir !
Il serait superfétatoire et inutile de relater ici les mérites des deux merveilleux comédiens.
Ce qu'ils font sur le plateau est une nouvelle fois tout simplement extraordinaire.
Tous les élèves-comédiens, tous les apprentis-acteurs, tous les jeunes (et moins jeunes d'ailleurs) aspirants à se produire devant un public devraient venir les voir jouer.
Une véritable leçon, vous dis-je ! C'en est bouleversant !
Et puis une formidable surprise nous attend, à savoir la présence sur une scène pour la première fois de la comédienne et cinéaste Noémie Lvovsky.
C'est elle qui va nous représenter, nous le public, nous les spectateurs qui ne partageons pas le moins du monde les ignominies proférées.
C'est elle qui osera contredire sa perverse sœur, et qui sera désespérée tout le long du repas et de la remarquable scène de l'album de souvenirs.
Sans rien dire, rien qu'en marquant par son visage sa désapprobation, son mépris, son horreur, son désespoir aussi, Melle Lvovsky nous sidère, elle aussi. En contrepoids du couple frangin-frangine, elle humanise toute la pièce.
Je parlais un peu plus haut de la précision de la mise en scène, je ne résiste pas à l'envie de vous donner un exemple de ces petits détails qui font tout.
Avant la scène du repas, André Marcon a enfilé en coulisse son costume d'Obersturmbannfürher.
Une fois installé, il pose sa casquette noire devant lui, mais à l'envers.
D'un geste sidérant de naturel, il la retourne pour avoir devant lui la tête de mort située au-dessus de la visière.
Tout est dit...
Il faut également remercier Alain Françon : une dernière scène fort réussie permet au comédien de ne pas avoir à saluer en uniforme nazi.
Applaudissements on ne peut plus sonores. Standing ovation. Nombreux rappels.
Normal.
Si vous n'avez qu'une seule pièce à voir cet automne, c'est bien celle-ci !
Michka
Chez les jouets, c'est peluche que c'était !
La révolte gronde : Elisabeth, leur petite propriétaire les maltraite !
Il est en un, de ces jouets, qui ne va pas se laisser faire. Rébellion !
C'est Michka, l'ourson, qui va prendre la décision de sa vie : devant tant de maltraitance, il se sauve de chez sa jeune maîtresse, pour vivre sa vie.
Et surtout accomplir une bonne action, car c'est la nuit de Noël.
Ce conte, écrit par Marie Colmont, et publié en 1941 aux mythiques éditions du Père Castor, ce conte, tout le monde le connaît.
Et surtout les très jeunes enfants venus retrouver sur scène ce véritable héros.
Certains tout petits spectateurs dans la salle avaient juste un peu plus de trois ans, c'était pour eux leur tout premier spectacle.
Oui, il ne sont pas si fréquents que cela, les spectacles pour très jeunes enfants, et surtout les très bons spectacles pour très jeunes enfants.
On pouvait faire confiance à l'équipe artistique de Michka, qui nous avait déjà enchantés avec Marlaguette, toujours d'après Marie Colmont !
Ce sont en effet Thierry Jahn, le metteur en scène, ainsi que Pauline Paris et Simon Bensa, les comédiens, qui nous proposent cette adaptation fort réusie.
A tel point d'ailleurs qu'ils s'agit d'une reprise au Lucernaire.
Michka, c'est Pauline Paris, qui a revêtu un pantalon en velours côtelé rouge vermillon, une chemise à gros carreaux, et surtout deux oreilles bien rondes du plus bel effet.
Impossible de s'y tromper, c'est bien un ourson qui va s'exprimer, parlant, chantant, et jouant du banjo-ukulélé.
Tous les autres personnages seront interprétés par son complice Simon Bensa.
Les personnages du conte, et ceux inventés pour l'occasion et pour notre plus grand plaisir , comme par exemple le journaliste narrateur, Elisabeth (M. Bensa est alors magnifique en chemise de nuit et en perruque blonde...), les oies, ou encore Joël le renne.
Et quel renne, avec un bonnet de cuir et des lunettes d'aviateur du édbut du XXème siècle !
Les deux artistes ont en effet eu la bonne idée de concocter d'épatants saynettes qui permettent d'illustrer ou de faire avancer l'action, et ce de façon souvent burlesque.
Ces moments-là sont également souvent musicaux.
Ces chansons sont suffisamment parlantes, explicites pour que tous les petits comprennent de quoi il retourne.
Il ne leur faut pas longtemps à chaque fois pour accompagner les artistes en tapant à qui mieux-mieux dans les mains.
De vraies scènes de comédie provoquent les rires de tous les spectateurs, petits comme grands, et notamment celle, loufoque, de l'arrivée du renne sur le plateau recouvert pour l'occasion de « neige ».
Les thèmes du conte sont eux aussi bien assimilés par les petits : le refus d'accepter d'être maltraité, le refus de subir, mais aussi le besoin d'empathie et de venir en aide à son prochain, quitte à sacrifier son désir d'accéder à une autre condition.
Devenu humain, comme un certain Pinocchio, Michka redeviendra un jouet, afin de guérir un petit garçon malade.
Au cours de ces quarante-cinq minutes, les petits ne bougent pas d'un pouce, sauf pour taper dans les mains, sauf pour chanter eux aussi.
C'est long, quarante-cinq minutes, pour des petiots de trois ans...
Cette attention soutenue, cette participation active est un signe qui ne trompe évidemment pas quant à la qualité de ce spectacle.
Cette réjouissante et très réussie adaptation permet donc à tous de passer un excellent début d'après-midi.
Un très joli moment de théâtre fait de charme et d'humour.
Chez les jouets, c'est peluche que c'était !
La révolte gronde : Elisabeth, leur petite propriétaire les maltraite !
Il est en un, de ces jouets, qui ne va pas se laisser faire. Rébellion !
C'est Michka, l'ourson, qui va prendre la décision de sa vie : devant tant de maltraitance, il se sauve de chez sa jeune maîtresse, pour vivre sa vie.
Et surtout accomplir une bonne action, car c'est la nuit de Noël.
Ce conte, écrit par Marie Colmont, et publié en 1941 aux mythiques éditions du Père Castor, ce conte, tout le monde le connaît.
Et surtout les très jeunes enfants venus retrouver sur scène ce véritable héros.
Certains tout petits spectateurs dans la salle avaient juste un peu plus de trois ans, c'était pour eux leur tout premier spectacle.
Oui, il ne sont pas si fréquents que cela, les spectacles pour très jeunes enfants, et surtout les très bons spectacles pour très jeunes enfants.
On pouvait faire confiance à l'équipe artistique de Michka, qui nous avait déjà enchantés avec Marlaguette, toujours d'après Marie Colmont !
Ce sont en effet Thierry Jahn, le metteur en scène, ainsi que Pauline Paris et Simon Bensa, les comédiens, qui nous proposent cette adaptation fort réusie.
A tel point d'ailleurs qu'ils s'agit d'une reprise au Lucernaire.
Michka, c'est Pauline Paris, qui a revêtu un pantalon en velours côtelé rouge vermillon, une chemise à gros carreaux, et surtout deux oreilles bien rondes du plus bel effet.
Impossible de s'y tromper, c'est bien un ourson qui va s'exprimer, parlant, chantant, et jouant du banjo-ukulélé.
Tous les autres personnages seront interprétés par son complice Simon Bensa.
Les personnages du conte, et ceux inventés pour l'occasion et pour notre plus grand plaisir , comme par exemple le journaliste narrateur, Elisabeth (M. Bensa est alors magnifique en chemise de nuit et en perruque blonde...), les oies, ou encore Joël le renne.
Et quel renne, avec un bonnet de cuir et des lunettes d'aviateur du édbut du XXème siècle !
Les deux artistes ont en effet eu la bonne idée de concocter d'épatants saynettes qui permettent d'illustrer ou de faire avancer l'action, et ce de façon souvent burlesque.
Ces moments-là sont également souvent musicaux.
Ces chansons sont suffisamment parlantes, explicites pour que tous les petits comprennent de quoi il retourne.
Il ne leur faut pas longtemps à chaque fois pour accompagner les artistes en tapant à qui mieux-mieux dans les mains.
De vraies scènes de comédie provoquent les rires de tous les spectateurs, petits comme grands, et notamment celle, loufoque, de l'arrivée du renne sur le plateau recouvert pour l'occasion de « neige ».
Les thèmes du conte sont eux aussi bien assimilés par les petits : le refus d'accepter d'être maltraité, le refus de subir, mais aussi le besoin d'empathie et de venir en aide à son prochain, quitte à sacrifier son désir d'accéder à une autre condition.
Devenu humain, comme un certain Pinocchio, Michka redeviendra un jouet, afin de guérir un petit garçon malade.
Au cours de ces quarante-cinq minutes, les petits ne bougent pas d'un pouce, sauf pour taper dans les mains, sauf pour chanter eux aussi.
C'est long, quarante-cinq minutes, pour des petiots de trois ans...
Cette attention soutenue, cette participation active est un signe qui ne trompe évidemment pas quant à la qualité de ce spectacle.
Cette réjouissante et très réussie adaptation permet donc à tous de passer un excellent début d'après-midi.
Un très joli moment de théâtre fait de charme et d'humour.
Ce n’est vraiment pas ma pièce préférée de Feydeau.
Je ne connaissais pas ce texte et ai trouvé que l’humour était très pipi-caca. Quelques passages sont malgré tout amusants.
J’ai aussi un avis contrasté sur la mise en scène avec de très bonnes idées (qu’il serait dommage de divulguer) et une direction d’acteurs qui n'est pas ma tasse de thé avec un jeu face au public et beaucoup de grimaces.
Les petites chansons sont assez drôles et bienvenues.
Une pièce adaptée au jeune public pour leur faire découvrir le théâtre.
Je ne connaissais pas ce texte et ai trouvé que l’humour était très pipi-caca. Quelques passages sont malgré tout amusants.
J’ai aussi un avis contrasté sur la mise en scène avec de très bonnes idées (qu’il serait dommage de divulguer) et une direction d’acteurs qui n'est pas ma tasse de thé avec un jeu face au public et beaucoup de grimaces.
Les petites chansons sont assez drôles et bienvenues.
Une pièce adaptée au jeune public pour leur faire découvrir le théâtre.
Ruthy Scetbon, ou le corps de balai à elle toute seule.
C'est la femme de ménage du théâtre, qui pénètre à jardin, dans les gradins en hauteur de la toute nouvelle « piccola scala », le petit amphithéâtre maison.
Son outil de travail à la main, donc. Blouse bleue assortie à la déco maison, banane noire et serpillère à la ceinture. Et chignon brinquebalant...
Et puis surtout, un léger maquillage blanc et un nez rouge, qui tirerait d'ailleurs vers le bordeaux.
Une clown donc. Mais pas une clown trop traditionnelle. Comme une déclinaison assumée de l'Auguste.
Durant pratiquement une heure, Melle Scetbon sera cette clown-là.
Après avoir été ouvreuse ici-même.
C'est un peu par hasard que Frédéric Biessy, le patron des lieux, a découvert que son employée fréquentait la célèbre école de théâtre physique Jacques-Lecoq.
Après lui avoir demandé de lui montrer un extrait de son seule-en-scène, il lui propose donc en ce mois d'octobre d'inaugurer la nouvelle salle.
Et elle de se retrouver devant nous, mise en scène par Mitch Riley...
Ou plutôt nous de se retrouver... derrière elle.
En effet, une fois les gradins descendus, le personnage va s'apercevoir de notre présence.
Une présence qui va l'effrayer un peu, l'amuser, la questionner.
D'une petite voix haut perchée, avec tout d'abord des borborygmes avec des fulgurances subitement compréhensibles, elle va s'adresser à nous et nous faire prendre conscience de son job.
Dans une première demi-heure hilarante, elle va pour ce faire, étirer le mouvement, dilater le temps.
Ce qui prendrait trois minutes pour balayer le plateau, va lui en prendre à peu près trente.
Ce faisant, elle va nous proposer de formidables rapports au corps, aux gestes, aux mains, au visage.
Et puis également un rapport différent au langage.
Cette clown est celle qui ne fonctionne pas tout à fait comme nous.
Ses déplacements, ses mouvements, brusques ou ralentis, son analyse à haute voix de son boulot (la séquence de la poussière, celle sur les points A, B, A2, B2, etc, ces séquences sont épatantes...), ses gestes, ses runing-gags, sa capacité à montrer un décalage permanent entre sa réalité et la nôtre, tout ceci provoque les rires nourris du public.
Devant nous, cette technicienne de surface nous force à prendre en compte de manière très drôle les tenants et les aboutissants de son métier.
Et puis la deuxième partie va arriver. Ayant passé la serpillère mouillée, l'employée prend sa pause.
Nous allons rentrer dans le vif du sujet. La perte, à proprement parler...
La perte des identités passée du lieu, (oui, à l'époque, on pouvait trouver ici-même un cinéma porno... Enfin, c'est ce qu'on m'a dit...), la perte des objets trouvés, la perte d'une certaine innocence.
La perte de la liberté, également. Cette perte qui a abouti à une forme d'aliénation, et qui va pousser le personnage à nous faire partager sa vision de la liberté.
Durant ce « deuxième acte », la clown laisse presque uniquement la place à la comédienne.
Le propos devient plus grave, plus philosophique, presque.
La liberté... Vaste sujet.
La voix devient plus forte, le personnage va même crier.
Et puis, le corps va adopter une horizontalité voulue, à même le sol.
Elle en profite pour nous interpréter à terre une autre séquence très drôle, à savoir la prise de positions improbables, qui elle, semblent grandement la satisfaire.
Toujours ce décalage entre nos deux réalités.
C'est également dans la deuxième demi-heure du spectacle que l'on se rend compte de la relation différente aux objets. Les objets trouvés deviennent presque vivants, comme ce col de fourrure qui devient un animal mort.
Il faut également regarder les mains du personnage, qui se retrouvent elles aussi dans des positions souvent inhabituelles.
Une bien jolie séquence poétique vient clore le spectacle.
Tout comme chez les grands clowns, ce que fait Melle Scetbon a l'air simple, évident, un peu décousu.
Et pourtant, tout ceci est réglé au millimètre, tout ce qui se passe sur la scène demande un énorme travail.
Certes ce spectacle nous fait rire, beaucoup, mais il nous questionne également sur notre propre fonctionnement et nos propres perceptions du monde qui nous entoure.
C'est drôle. C'est intelligent. C'est brillant !
Retenez bien le nom de Ruthy Scetbon.
C'est la femme de ménage du théâtre, qui pénètre à jardin, dans les gradins en hauteur de la toute nouvelle « piccola scala », le petit amphithéâtre maison.
Son outil de travail à la main, donc. Blouse bleue assortie à la déco maison, banane noire et serpillère à la ceinture. Et chignon brinquebalant...
Et puis surtout, un léger maquillage blanc et un nez rouge, qui tirerait d'ailleurs vers le bordeaux.
Une clown donc. Mais pas une clown trop traditionnelle. Comme une déclinaison assumée de l'Auguste.
Durant pratiquement une heure, Melle Scetbon sera cette clown-là.
Après avoir été ouvreuse ici-même.
C'est un peu par hasard que Frédéric Biessy, le patron des lieux, a découvert que son employée fréquentait la célèbre école de théâtre physique Jacques-Lecoq.
Après lui avoir demandé de lui montrer un extrait de son seule-en-scène, il lui propose donc en ce mois d'octobre d'inaugurer la nouvelle salle.
Et elle de se retrouver devant nous, mise en scène par Mitch Riley...
Ou plutôt nous de se retrouver... derrière elle.
En effet, une fois les gradins descendus, le personnage va s'apercevoir de notre présence.
Une présence qui va l'effrayer un peu, l'amuser, la questionner.
D'une petite voix haut perchée, avec tout d'abord des borborygmes avec des fulgurances subitement compréhensibles, elle va s'adresser à nous et nous faire prendre conscience de son job.
Dans une première demi-heure hilarante, elle va pour ce faire, étirer le mouvement, dilater le temps.
Ce qui prendrait trois minutes pour balayer le plateau, va lui en prendre à peu près trente.
Ce faisant, elle va nous proposer de formidables rapports au corps, aux gestes, aux mains, au visage.
Et puis également un rapport différent au langage.
Cette clown est celle qui ne fonctionne pas tout à fait comme nous.
Ses déplacements, ses mouvements, brusques ou ralentis, son analyse à haute voix de son boulot (la séquence de la poussière, celle sur les points A, B, A2, B2, etc, ces séquences sont épatantes...), ses gestes, ses runing-gags, sa capacité à montrer un décalage permanent entre sa réalité et la nôtre, tout ceci provoque les rires nourris du public.
Devant nous, cette technicienne de surface nous force à prendre en compte de manière très drôle les tenants et les aboutissants de son métier.
Et puis la deuxième partie va arriver. Ayant passé la serpillère mouillée, l'employée prend sa pause.
Nous allons rentrer dans le vif du sujet. La perte, à proprement parler...
La perte des identités passée du lieu, (oui, à l'époque, on pouvait trouver ici-même un cinéma porno... Enfin, c'est ce qu'on m'a dit...), la perte des objets trouvés, la perte d'une certaine innocence.
La perte de la liberté, également. Cette perte qui a abouti à une forme d'aliénation, et qui va pousser le personnage à nous faire partager sa vision de la liberté.
Durant ce « deuxième acte », la clown laisse presque uniquement la place à la comédienne.
Le propos devient plus grave, plus philosophique, presque.
La liberté... Vaste sujet.
La voix devient plus forte, le personnage va même crier.
Et puis, le corps va adopter une horizontalité voulue, à même le sol.
Elle en profite pour nous interpréter à terre une autre séquence très drôle, à savoir la prise de positions improbables, qui elle, semblent grandement la satisfaire.
Toujours ce décalage entre nos deux réalités.
C'est également dans la deuxième demi-heure du spectacle que l'on se rend compte de la relation différente aux objets. Les objets trouvés deviennent presque vivants, comme ce col de fourrure qui devient un animal mort.
Il faut également regarder les mains du personnage, qui se retrouvent elles aussi dans des positions souvent inhabituelles.
Une bien jolie séquence poétique vient clore le spectacle.
Tout comme chez les grands clowns, ce que fait Melle Scetbon a l'air simple, évident, un peu décousu.
Et pourtant, tout ceci est réglé au millimètre, tout ce qui se passe sur la scène demande un énorme travail.
Certes ce spectacle nous fait rire, beaucoup, mais il nous questionne également sur notre propre fonctionnement et nos propres perceptions du monde qui nous entoure.
C'est drôle. C'est intelligent. C'est brillant !
Retenez bien le nom de Ruthy Scetbon.
Il ou elle ? Et si la réponse à cette question était je ?
Qu'est-ce qui fait qu'on est un homme ou une femme ?
Une simple échographie, qui avant même votre naissance détecte ou non un minuscule vermisseau entre les jambes d'un fœtus baignant dans le liquide amniotique ?
Une éducation ?
Un choix qu'on a fait pour vous ?
Ce qui fait qu'on est un homme ou une femme c'est en tout cas et avant tout ce que ressent un être humain, au plus profond de lui.
Alors quand on n'est pas d'accord avec le postulat initial, d'autres questions se posent : peut-on et comment faire pour choisir soi même, comment se dégager de ce qui a été déterminé pour vous, comment affronter le regard des autres, comment exister ?
Comment être ?
Etre... Ce verbe si simple, et en même temps si compliqué.
Dans son roman éponyme, d'où toute cette aventure artistique est partie, Léonor de Récondo s'empare de ces questions en narrant le chemin de vie d'un homme marié, père de famille, qui se découvre et se sent être une femme.
Depuis longtemps, il pressent intimement cet état de fait, et puis un jour, il en est certain.
C'est cette découverte, ce parcours qu'elle nous raconte.
C'est ce cheminement humain qu'a adapté pour la scène Sébastien Desjours, après la lecture du roman, après une première ébauche de dramaturgie montrée à l'auteure qui a donné son plein et entier accord.
Sébastien Desjours est cisgenre, apprend-on dans le dossier de presse. Il est né homme et se sent homme.
Il a donc entrepris dans un premier temps un travail de recherche, il a participé à des débats, a rencontré et surtout écouté des personnes transgenres.
Un temps d'écoute important. Parce qu'il s'agissait de trouver une vérité à montrer. A restituer. A interpréter.
Parce qu'il était également question de témoigner.
Ce travail a payé.
Sur scène, nous allons assister à un moment intense de vérité la plus intense, la plus profonde.
Durant une heure, le comédien m'a bouleversé, de par cette justesse absolue des sentiments et des émotions.
Le sujet est délicat.
Il était évidemment hors de question de caricaturer ce Laurent qui deviendra Lauren après avoir expulsé de lui Mathilda, et de le faire devenir une folle à la Michel Serrault dans La cage aux folles, ou alors d'en faire un type introverti n'exprimant rien.
Sébastien Desjours a placé le curseur à l'exacte position. Là où il fallait qu'il soit.
Ce qui m'a frappé avant tout, c'est la restitution de la subtile progression qui découle de cette histoire-là.
Ce père de famille qui découvre en lui une Mathilda, qui se confie à Cynthia, une personne transgenre rencontrée dans le Zanzi-bar, cet homme qui va devoir de transformer son paraître pour enfin être, on y croit tout à fait.
Seul en scène, le comédien interprète tous les personnages.
Avec délicatesse, pudeur, appelant un chat un chat, avec parfois un trait d'humour qui ressort (le Dr Morel, le psy de service est épatant... Un lacanien, sans doute...), les mots de Léonor de Récondo sont dits.
La force de l'interprétation est telle qu'il est impossible de ne pas se dire que l'être humain en face de nous témoigne de sa propre expérience.
Les scènes de famille ou dans l'entreprise sont particulièrement réussies, là où il faut dire, il faut expliquer aux autres, ces autres dont il faut affronter le regard.
Anne Lezervant a signé une sobre mais très parlante scénographie, placée sous le signe du carré.
Le carré de fines bandes lumineuses au sol, qui délimitent un espace d'enfermement, le carré du revêtement de petites particules, qui va se déliter au fur et à mesure de l'heure.
Tout ceci est également très subtil.
Tout comme le sont les lumières et la création musicale d'Olivier Maignan. (La scène de danse au Zanzi-bar est parfaite ! )
Nous finirons salle allumée. Nous serons les autres, nous saurons, nous verrons, nous assisterons à la mue. Là encore, beaucoup de finesse dans la manière de nous montrer tout ceci.
Voici un très beau moment de théâtre, intense, poignant et bouleversant de justesse et de vérité.
Et la complainte de Melody Gardot de nous accompagner...
My soul is wearying
Beating down from all of my misery yeh
Oh Lord who will comfort me ?
Qu'est-ce qui fait qu'on est un homme ou une femme ?
Une simple échographie, qui avant même votre naissance détecte ou non un minuscule vermisseau entre les jambes d'un fœtus baignant dans le liquide amniotique ?
Une éducation ?
Un choix qu'on a fait pour vous ?
Ce qui fait qu'on est un homme ou une femme c'est en tout cas et avant tout ce que ressent un être humain, au plus profond de lui.
Alors quand on n'est pas d'accord avec le postulat initial, d'autres questions se posent : peut-on et comment faire pour choisir soi même, comment se dégager de ce qui a été déterminé pour vous, comment affronter le regard des autres, comment exister ?
Comment être ?
Etre... Ce verbe si simple, et en même temps si compliqué.
Dans son roman éponyme, d'où toute cette aventure artistique est partie, Léonor de Récondo s'empare de ces questions en narrant le chemin de vie d'un homme marié, père de famille, qui se découvre et se sent être une femme.
Depuis longtemps, il pressent intimement cet état de fait, et puis un jour, il en est certain.
C'est cette découverte, ce parcours qu'elle nous raconte.
C'est ce cheminement humain qu'a adapté pour la scène Sébastien Desjours, après la lecture du roman, après une première ébauche de dramaturgie montrée à l'auteure qui a donné son plein et entier accord.
Sébastien Desjours est cisgenre, apprend-on dans le dossier de presse. Il est né homme et se sent homme.
Il a donc entrepris dans un premier temps un travail de recherche, il a participé à des débats, a rencontré et surtout écouté des personnes transgenres.
Un temps d'écoute important. Parce qu'il s'agissait de trouver une vérité à montrer. A restituer. A interpréter.
Parce qu'il était également question de témoigner.
Ce travail a payé.
Sur scène, nous allons assister à un moment intense de vérité la plus intense, la plus profonde.
Durant une heure, le comédien m'a bouleversé, de par cette justesse absolue des sentiments et des émotions.
Le sujet est délicat.
Il était évidemment hors de question de caricaturer ce Laurent qui deviendra Lauren après avoir expulsé de lui Mathilda, et de le faire devenir une folle à la Michel Serrault dans La cage aux folles, ou alors d'en faire un type introverti n'exprimant rien.
Sébastien Desjours a placé le curseur à l'exacte position. Là où il fallait qu'il soit.
Ce qui m'a frappé avant tout, c'est la restitution de la subtile progression qui découle de cette histoire-là.
Ce père de famille qui découvre en lui une Mathilda, qui se confie à Cynthia, une personne transgenre rencontrée dans le Zanzi-bar, cet homme qui va devoir de transformer son paraître pour enfin être, on y croit tout à fait.
Seul en scène, le comédien interprète tous les personnages.
Avec délicatesse, pudeur, appelant un chat un chat, avec parfois un trait d'humour qui ressort (le Dr Morel, le psy de service est épatant... Un lacanien, sans doute...), les mots de Léonor de Récondo sont dits.
La force de l'interprétation est telle qu'il est impossible de ne pas se dire que l'être humain en face de nous témoigne de sa propre expérience.
Les scènes de famille ou dans l'entreprise sont particulièrement réussies, là où il faut dire, il faut expliquer aux autres, ces autres dont il faut affronter le regard.
Anne Lezervant a signé une sobre mais très parlante scénographie, placée sous le signe du carré.
Le carré de fines bandes lumineuses au sol, qui délimitent un espace d'enfermement, le carré du revêtement de petites particules, qui va se déliter au fur et à mesure de l'heure.
Tout ceci est également très subtil.
Tout comme le sont les lumières et la création musicale d'Olivier Maignan. (La scène de danse au Zanzi-bar est parfaite ! )
Nous finirons salle allumée. Nous serons les autres, nous saurons, nous verrons, nous assisterons à la mue. Là encore, beaucoup de finesse dans la manière de nous montrer tout ceci.
Voici un très beau moment de théâtre, intense, poignant et bouleversant de justesse et de vérité.
Et la complainte de Melody Gardot de nous accompagner...
My soul is wearying
Beating down from all of my misery yeh
Oh Lord who will comfort me ?