Critiques pour l'événement Le Faiseur
Ennui, ronronnements et lassitude…
Balzac donnait à ses romans tout le talent qu’on lui reconnait d’un narrateur descriptif, minutieux, précis tendance pédagogique (névrotique, qui a dit névrotique ?), attendant du lecteur soit de la patience soit du lâcher de bouquin. Ça, je le savais avant d’aller voir la pièce. Mais je me suis dit : « Une pièce de théâtre de Balzac, faut aller voir quand même ! » Aie Aie Aie mon fils, qu’as-tu fait là !...
Certes, elle est jouée depuis 2013 par le Théâtre de la Ville et en tournée (je l’ai vue en banlieue hier). De plus, Robin Renucci la remonte avec les Tréteaux de France cette année…
Malheureusement, la pièce ne dépare pas de la littérature Balzacienne. Des longueurs, peu de rebondissements, les virages prévisibles et la fin convenue et évidente mais libératrice !
La mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota n’apporte pas le contrepoids salvateur. Le travail sur des plateaux inclinés et amovibles, soulignant l’instabilité des situations, se révèle lui aussi redondant et lasse, hélas.
La distribution inégale (ce jour-là ?) ne rehausse rien. Certains comédiens donnent l’impression de ne pas y croire. En tous cas, ils ne font pas passer la « ternitude » de l’ensemble par le dynamisme ou la coloration des personnages ou des jeux.
A ranger au rayon des oublis.
Balzac donnait à ses romans tout le talent qu’on lui reconnait d’un narrateur descriptif, minutieux, précis tendance pédagogique (névrotique, qui a dit névrotique ?), attendant du lecteur soit de la patience soit du lâcher de bouquin. Ça, je le savais avant d’aller voir la pièce. Mais je me suis dit : « Une pièce de théâtre de Balzac, faut aller voir quand même ! » Aie Aie Aie mon fils, qu’as-tu fait là !...
Certes, elle est jouée depuis 2013 par le Théâtre de la Ville et en tournée (je l’ai vue en banlieue hier). De plus, Robin Renucci la remonte avec les Tréteaux de France cette année…
Malheureusement, la pièce ne dépare pas de la littérature Balzacienne. Des longueurs, peu de rebondissements, les virages prévisibles et la fin convenue et évidente mais libératrice !
La mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota n’apporte pas le contrepoids salvateur. Le travail sur des plateaux inclinés et amovibles, soulignant l’instabilité des situations, se révèle lui aussi redondant et lasse, hélas.
La distribution inégale (ce jour-là ?) ne rehausse rien. Certains comédiens donnent l’impression de ne pas y croire. En tous cas, ils ne font pas passer la « ternitude » de l’ensemble par le dynamisme ou la coloration des personnages ou des jeux.
A ranger au rayon des oublis.
Le texte qu’Honoré de Balzac écrit en 1848 dépeint un monde qui se compose de ceux qui ont trop d’argent et ceux qui n’en ont pas assez. De nos jours rien n’a changé et « l’art de payer ses dettes et de satisfaire ses créanciers sans débourser un sou » se révèle être une idée visionnaire pour l’auteur qui écrivait cela dès 1827.
Il fait dans sa pièce rarement montée Le faiseur, un portait au vitriol de la bourgeoisie spéculante, manipulatrice et sans scrupule de son époque. Emmanuel Demarcy-Mota, actuel directeur du Théâtre de la Ville, choisit, en opposition, de traiter cela avec légèreté et modernité. Il confie la scénographie, originale et intelligente, à Yves Collet qui constitue le plateau en trois panneaux de bois sur lesquels évoluent les personnages. Ce décor, composé de pentes et de trappes, symbolise dans ses inclinaisons l’équilibre instable de la situation financière de la famille Mercadet qui fluctue entre ascensions et décrochages, telle la Bourse actuelle. D’ailleurs, le patriarche ressemble davantage à un trader des temps modernes qu’à un spéculateur de l’époque de Louis-Philippe.
Néanmoins, malgré des dialogues percutants et des acteurs convaincants, les rebondissements sont trop attendus et l’intrigue, plutôt répétitive, finit par lasser voire agacer. L’ensemble en devient pénible et nous nous raccrochons désespérément à cette fabuleuse scénographie, recherchée, travaillée et faisant sens avec le propos auquel nous n’avons pas été sensibles d’entrée de jeu. Emmanuel Demarcy-Mota a fait le choix étonnant de verser dans le registre de la comédie musicale en faisant Abba (Money, money, money), Pink Floyd (Money) ou encore David Bowie (The man who sold the world) à la troupe. Si l’idée se montre plutôt bonne, son aspect décousu et répétitif ne fait pas mouche systématiquement.
La mise en scène est également mitigée mais a le mérite d’aller au bout des choses (comme lorsque Julie se donne à son prétendant). Du côté de l’interprétation, Serge Maggiani campe parfaitement Auguste Mercadet, manipulateur prêt à sacrifier le bonheur de sa fille pour s’enrichir, poussé par son épouse, Valérie Dashwood dont le jeu manque de relief. Sandra Faure, qui hérite du rôle de Julie Mercadet, la fille laide qui devient l’enjeu des spéculations de ses parents, s’en sort très bien, tout comme Jauris Casanova (Adolphe Minard), parfait en amoureux naïf qui se révèlera être un riche héritier. Si les trois domestiques, Justin (Pascal Vuillemot), Thérèse (Gaëlle Guillou) et Virginie (Céline Carrère) se montrent plutôt convaincants, tout comme Sarah Karbasnikoff dans le rôle très secondaire de Mme Pierquin, les autres peinent à s’imposer et à sortir de l’effet masse de la troupe.
C’est donc un ressenti plutôt mitigé qui s’est emparé de nous à la sortie de ce Faiseur dont la version scénique proposée manque cruellement de rythme et nous conforte dans l’idée qu’Honoré de Balzac n’était pas un grand auteur de théâtre à défaut d’être un écrivain talentueux à qui l’on doit la fabuleuse Comédie humaine.
Il fait dans sa pièce rarement montée Le faiseur, un portait au vitriol de la bourgeoisie spéculante, manipulatrice et sans scrupule de son époque. Emmanuel Demarcy-Mota, actuel directeur du Théâtre de la Ville, choisit, en opposition, de traiter cela avec légèreté et modernité. Il confie la scénographie, originale et intelligente, à Yves Collet qui constitue le plateau en trois panneaux de bois sur lesquels évoluent les personnages. Ce décor, composé de pentes et de trappes, symbolise dans ses inclinaisons l’équilibre instable de la situation financière de la famille Mercadet qui fluctue entre ascensions et décrochages, telle la Bourse actuelle. D’ailleurs, le patriarche ressemble davantage à un trader des temps modernes qu’à un spéculateur de l’époque de Louis-Philippe.
Néanmoins, malgré des dialogues percutants et des acteurs convaincants, les rebondissements sont trop attendus et l’intrigue, plutôt répétitive, finit par lasser voire agacer. L’ensemble en devient pénible et nous nous raccrochons désespérément à cette fabuleuse scénographie, recherchée, travaillée et faisant sens avec le propos auquel nous n’avons pas été sensibles d’entrée de jeu. Emmanuel Demarcy-Mota a fait le choix étonnant de verser dans le registre de la comédie musicale en faisant Abba (Money, money, money), Pink Floyd (Money) ou encore David Bowie (The man who sold the world) à la troupe. Si l’idée se montre plutôt bonne, son aspect décousu et répétitif ne fait pas mouche systématiquement.
La mise en scène est également mitigée mais a le mérite d’aller au bout des choses (comme lorsque Julie se donne à son prétendant). Du côté de l’interprétation, Serge Maggiani campe parfaitement Auguste Mercadet, manipulateur prêt à sacrifier le bonheur de sa fille pour s’enrichir, poussé par son épouse, Valérie Dashwood dont le jeu manque de relief. Sandra Faure, qui hérite du rôle de Julie Mercadet, la fille laide qui devient l’enjeu des spéculations de ses parents, s’en sort très bien, tout comme Jauris Casanova (Adolphe Minard), parfait en amoureux naïf qui se révèlera être un riche héritier. Si les trois domestiques, Justin (Pascal Vuillemot), Thérèse (Gaëlle Guillou) et Virginie (Céline Carrère) se montrent plutôt convaincants, tout comme Sarah Karbasnikoff dans le rôle très secondaire de Mme Pierquin, les autres peinent à s’imposer et à sortir de l’effet masse de la troupe.
C’est donc un ressenti plutôt mitigé qui s’est emparé de nous à la sortie de ce Faiseur dont la version scénique proposée manque cruellement de rythme et nous conforte dans l’idée qu’Honoré de Balzac n’était pas un grand auteur de théâtre à défaut d’être un écrivain talentueux à qui l’on doit la fabuleuse Comédie humaine.
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