Critiques pour l'événement Inflammation du verbe vivre
Alors ?
Le plateau, avant le début du spectacle, laisse penser à une fan zone : un écran blanc géant trône fièrement, des bâches sont disposées en dessous en prévision des jets de bière.

Il ne sera rien de tout ça. Un homme, se présentant sous le nom de Wahid, fait une entrée simple. Il porte une doudoune sans manche, ce qui est totalement banal pour un parisien. Sauf que cet homme n'est nul autre que l'auteur de la pièce. Et le metteur en scène. Et le directeur du théâtre. Wajdi Mouawad expose sa situation : il s'est suicidé. Ambiance.

Le décès de son ami et traducteur Robert Davreu lui a donné envie d'abandonner le projet d'adapter "Philoctète" de Sophocle. Wahid/Wajdi est en panne d'inspiration... Et cela se fait ressentir. Les grands moyens sont utilisés : nudité (voilà, l'éternelle !), pornographie, gros décibels, intégration totale de procédés cinématographiques. Cela fait son petit effet car les images sont remarquables et l'écran strié de lamelles en caoutchou, épatant. On suit l'artiste au pays de Sophocle où il entreprend un voyage entre la vie et la mort. Il se rend compte qu'il n'y a pas de choc culturel entre l'un et l'autre puisque nous sommes déjà morts. Il puisera dans la mort le goût de la vie. Cela part un peu dans tous les sens : il se jette dans les vagues (représentation de la crise migratoire), il divague dans des lieux désaffectés (représentation de la crise économique), il se roule dans des sacs plastiques (la crise écologique), etc.

C'est un peu lourd et décousu mais le travail effectué pour trouver du sens 1. À la vie et 2. Au spectacle, mérite d'être souligné. Il n'y a plus d'idéal mais des désirs de rien, plus rien n'est grand. Apollon est obèse. Zeus est pauvre. Rien de poétique dans ce qui est donné à voir contrairement à ce qui est à comprendre.