Critiques pour l'événement Expo Ecce Homo, Ernest Pignon-Ernest
L'exposition sur Ernest Pignon -Ernest, artiste niçois né en 1942 et travaillant à Paris, a pour objet de nous montrer ses « interventions » de 1966 à 2019 : des affiches dessinées au fusain ou à la pierre noire et collées aux murs des villes. Oui, cet artiste atypique, est bien un « interventionniste ». Il intervient sur des lieux « lieu(x) de vie » bien définis auparavant ; il intervient sur « l'histoire, les souvenirs enfouis, la charge symbolique » des lieux urbains.
Ernest Pignon- Ernest est un fin limier qui scrute l'environnement, analyse l'architecture de la ville, cherche des indices symboliques pour afficher une narration engagée politiquement et socialement. Son univers est sombre et parfois nous plonge dans l'effroi mais la poésie et la vie planent aussi sur ces lieux choisis. Cet artiste, doué, met l'humain au coeur de son œuvre et ose l'éphémère : coller des affiches qui seront condamnées, voire mises en lambeau par des passants. Pionnier de l'art urbain, il commence à dessiner sur du papier journal quand il était militaire en Kabylie. Puis, sur les traces de Maïakovski, il souhaite renouveler les commandes sociales. En 1971, Paris lui commande les Communards. Pour Ernest Pignon-Ernest, il s'agira certes de coller des affiches de Communards morts, mais pas n'importe où, pas n'importe comment ; il faut coller à l'environnement. Et cela donnera ses corps morts, plaqués sur les marches du métro de Charonne. L'émotion nous gagne … Comment montrer les agressions invisibles du travail sur l'homme , comme la pollution ? Ce seront les affiches de l'Homme blessé de Grenoble en 1976. L'émotion nous gagne encore … Ernest Pignon-Ernest sait associer la souffrance subie par les hommes et les lieux d'histoire. Ce sera Calais en 1974, les immigrés à Avignon en 1975, les expulsés à Paris en 1979, le sida avec « Epidémie » à Naples en 1990, la torture avec Maurice Audin à Alger en 2003, les prisonniers de Saint Paul à Lyon en 2012, l'apartheid en Afrique du Sud. L'émotion nous gagne encore et encore …
En dehors des causes sociales actuelles, il élargit sa palette en s'approchant de la mythologie grecque « Prométhée » à Martigues en 1982 ou des icônes chrétiennes comme le Christ ou la Vierge, à Naples, autres symboles de souffrance. Témoigner de la souffrance est essentiel à Ernest Pignon-Ernest, voire serrer la mort au plus près. Mais toujours dans un espace de vie où les femmes bavardent sur des chaises, où les enfants jouent dans les rues. Des lieux accessibles à tous : un coin de rue, un marché, un pont d'autoroute . Mais que serait la souffrance, que serait un lieu de vie, sans nos poètes ? Ernest Pignon-Ernest dit lui-même « quand la poésie refuse d'être un ornement ou une collection d'afféteries formelles, elle garde trace des expériences vécues et des risques pris. Elle dit le réel mais en le révélant plus vaste ». Nos poètes sont aujourd'hui nos icônes païennes. Alors ce seront les affiches de Baudelaire 1978 , de Jean Genet 2006, de Mahmoud Darwich 2009 (affiche qui m'a noué la gorge ; ce poète me manque tant!) et Pasolini « Se torno- Pasolini assassiné » 2015. Un film sur Pasolini vient compléter cette exposition et nous laisse à penser qu'il s'agit peut-être d'un crime d'état. Alors, ne manquez pas cette exposition « Ecce Homo » dans la Grande Chapelle du Palais des Papes. Plus de 400 œuvres d'Ernest Pignon- Ernest (photographies, collages, dessins) vous sont présentées jusqu'au 29 février 2020.
Ernest Pignon- Ernest est un fin limier qui scrute l'environnement, analyse l'architecture de la ville, cherche des indices symboliques pour afficher une narration engagée politiquement et socialement. Son univers est sombre et parfois nous plonge dans l'effroi mais la poésie et la vie planent aussi sur ces lieux choisis. Cet artiste, doué, met l'humain au coeur de son œuvre et ose l'éphémère : coller des affiches qui seront condamnées, voire mises en lambeau par des passants. Pionnier de l'art urbain, il commence à dessiner sur du papier journal quand il était militaire en Kabylie. Puis, sur les traces de Maïakovski, il souhaite renouveler les commandes sociales. En 1971, Paris lui commande les Communards. Pour Ernest Pignon-Ernest, il s'agira certes de coller des affiches de Communards morts, mais pas n'importe où, pas n'importe comment ; il faut coller à l'environnement. Et cela donnera ses corps morts, plaqués sur les marches du métro de Charonne. L'émotion nous gagne … Comment montrer les agressions invisibles du travail sur l'homme , comme la pollution ? Ce seront les affiches de l'Homme blessé de Grenoble en 1976. L'émotion nous gagne encore … Ernest Pignon-Ernest sait associer la souffrance subie par les hommes et les lieux d'histoire. Ce sera Calais en 1974, les immigrés à Avignon en 1975, les expulsés à Paris en 1979, le sida avec « Epidémie » à Naples en 1990, la torture avec Maurice Audin à Alger en 2003, les prisonniers de Saint Paul à Lyon en 2012, l'apartheid en Afrique du Sud. L'émotion nous gagne encore et encore …
En dehors des causes sociales actuelles, il élargit sa palette en s'approchant de la mythologie grecque « Prométhée » à Martigues en 1982 ou des icônes chrétiennes comme le Christ ou la Vierge, à Naples, autres symboles de souffrance. Témoigner de la souffrance est essentiel à Ernest Pignon-Ernest, voire serrer la mort au plus près. Mais toujours dans un espace de vie où les femmes bavardent sur des chaises, où les enfants jouent dans les rues. Des lieux accessibles à tous : un coin de rue, un marché, un pont d'autoroute . Mais que serait la souffrance, que serait un lieu de vie, sans nos poètes ? Ernest Pignon-Ernest dit lui-même « quand la poésie refuse d'être un ornement ou une collection d'afféteries formelles, elle garde trace des expériences vécues et des risques pris. Elle dit le réel mais en le révélant plus vaste ». Nos poètes sont aujourd'hui nos icônes païennes. Alors ce seront les affiches de Baudelaire 1978 , de Jean Genet 2006, de Mahmoud Darwich 2009 (affiche qui m'a noué la gorge ; ce poète me manque tant!) et Pasolini « Se torno- Pasolini assassiné » 2015. Un film sur Pasolini vient compléter cette exposition et nous laisse à penser qu'il s'agit peut-être d'un crime d'état. Alors, ne manquez pas cette exposition « Ecce Homo » dans la Grande Chapelle du Palais des Papes. Plus de 400 œuvres d'Ernest Pignon- Ernest (photographies, collages, dessins) vous sont présentées jusqu'au 29 février 2020.