Critiques pour l'événement De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites
Une ambiance assez pesante, des comédiennes bluffantes ! On ne sort pas indifférent de ce spectacle qui interroge notamment les rapports mère fille.
Le jeu des 3 comédiennes est épatant, elles passent d'une émotion à une autre avec virtuosité et parviennent à créer une tension palpable dans la salle !
Une expérience théâtrale intéressante !
Le jeu des 3 comédiennes est épatant, elles passent d'une émotion à une autre avec virtuosité et parviennent à créer une tension palpable dans la salle !
Une expérience théâtrale intéressante !
Béatrice Hundsdorfer est une mère « borderline », fantasque et abusive qui élève seule ses deux filles que tout oppose. Si la blonde Ruth, 17 ans, est du genre plutôt rebelle énergique et lolita à peine sortie de l’enfance mais souffrant de graves crises d’épilepsie, sa sœur, Matilda, 13 ans, est d’une timidité maladive dont la fragilité apparente en fait le souffre-douleur de son établissement scolaire lorsqu’elle est autorisée à y aller. Elles sont toutes deux sous l’influence toxique et néfaste de leur mère dont la douce folie irradie progressivement leur quotidien et le plateau.
La première est très attirée par le maquillage et les garçons, tandis que la cadette se passionne pour les sciences. Dans le cadre d’un concours, elle étudie l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites qu’elle garde dans une boîte, comme sa mère l’emprisonne dans l’appartement familial en désordre, huis-clos d’une cruauté d’amour et terreau de la jalousie maternelle dont le projet de cette femme narcissique est d’ouvrir un salon de thé.
Comment le trio féminin résistera-t-il psychiquement face aux aléas de la vie ?
Nous nous réjouissons de retrouver la fascinante Isabelle Carré dans un rôle aux antipodes de celui de la bonne copine candide et lunaire comme on lui propose très souvent au cinéma. Ici, elle peut montrer toute l’étendue de son talent avec un personnage noir et complexe, qui ne sait pas comment aimer alors, quand elle ne peut pas avoir tout ce qu’elle veut, elle essaye de détruire pour les autres. Dans une sorte de djellaba aux couleurs chaudes, lui donnant un air cool dans sa longue tunique hippie des seventies, elle fume cigarette sur cigarette et descend des litres de bières tout en jetant un œil sur Nanny, une vieille femme grabataire (un simple fauteuil roulant surmonté d’un chapeau de paille à fleurs) dont elle s’occupe pour gagner un peu d’argent ou en demandant à l’aînée de lui gratter le dos. Tantôt touchante dans ses rêves brisés, tantôt haïssante dans ses rapports abusifs avec sa progéniture, Isabelle Carré nous fait passer par une palette d’émotions, tout en justesse et en retenue. Sans jamais porter de jugement moral sur les personnages, elle nous livre un bel écrin pour un texte brut, fascinant. Alice Isaaz est incroyable sur scène dans le rôle de l’aînée qui a « encore perdu des neurones en se maquillant ». Elle est touchante et sa force fragile nous émeut. Bien qu’elle semble souffrir bien moins que sa sœur de l’influence de leur mère, elle est poignante dans la scène où, à bout, elle hurle son désespoir d’être abandonnée, lors de la finale du concours de Matilda. Nous assisterons à l’éclosion d’un nouveau regard, empli de tendresse et de fierté, qu’elle portera sur la cadette, jouée avec sensibilité par Armande Boulanger. Elle attire irrémédiablement l’empathie des spectateurs grâce à son jeu très juste, d’une douceur infinie. Elles sont formidables toutes les deux lorsque Matilda parle de son expérience scientifique en trois temps (passé, présent, futur), tandis que Ruth s’occupe des posters. Et malgré tout, c’est l’optimisme qui triomphera à la fin, lorsqu’elle contredira sa mère qui hait ce monde et le trouve horrible.
Isabelle Carré, qui avoue être admirative du travail de l’allemand Thomas Ostermeier, représentant tout ce qu’elle aime au théâtre, réalise un coup de maître pour sa première mise en scène en reprenant une pièce aux personnages complexes, portée à l’écran par Paul Newman dont l’adaptation a valu à son interprète principale, Joanne Woodward, le prix de la meilleure actrice au Festival de Cannes 1973. Gardant cette influence américaine des années 70, dans les décors et les costumes, Isabelle Carré gère parfaitement le temps et l’espace, distillant les silences avec parcimonie pour mieux faire résonner les répliques cinglantes d’une mère à ses filles. Elle dirige également très bien ses deux jeunes partenaires, Alice Isaaz et Armande Boulanger (en alternance avec Lily Taïeb) pour leur première fois au théâtre. Le trio d’actrices est convaincant et chacune tend à s’affranchir de l’influence des autres pour exister sur scène et rayonner. Dans le très bel écrin du Théâtre de l’Atelier, nous assistons, émerveillés, à l’éclosion d’une metteuse en scène prometteuse et à l’émergence de trois talentueuses comédiennes dont leur cohésion scénique tend à faire de De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, une pièce fascinante et exigeante, d’une rare intensité. Sans aucun doute, la bonne surprise de cette fin d’année 2015.
La première est très attirée par le maquillage et les garçons, tandis que la cadette se passionne pour les sciences. Dans le cadre d’un concours, elle étudie l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites qu’elle garde dans une boîte, comme sa mère l’emprisonne dans l’appartement familial en désordre, huis-clos d’une cruauté d’amour et terreau de la jalousie maternelle dont le projet de cette femme narcissique est d’ouvrir un salon de thé.
Comment le trio féminin résistera-t-il psychiquement face aux aléas de la vie ?
Nous nous réjouissons de retrouver la fascinante Isabelle Carré dans un rôle aux antipodes de celui de la bonne copine candide et lunaire comme on lui propose très souvent au cinéma. Ici, elle peut montrer toute l’étendue de son talent avec un personnage noir et complexe, qui ne sait pas comment aimer alors, quand elle ne peut pas avoir tout ce qu’elle veut, elle essaye de détruire pour les autres. Dans une sorte de djellaba aux couleurs chaudes, lui donnant un air cool dans sa longue tunique hippie des seventies, elle fume cigarette sur cigarette et descend des litres de bières tout en jetant un œil sur Nanny, une vieille femme grabataire (un simple fauteuil roulant surmonté d’un chapeau de paille à fleurs) dont elle s’occupe pour gagner un peu d’argent ou en demandant à l’aînée de lui gratter le dos. Tantôt touchante dans ses rêves brisés, tantôt haïssante dans ses rapports abusifs avec sa progéniture, Isabelle Carré nous fait passer par une palette d’émotions, tout en justesse et en retenue. Sans jamais porter de jugement moral sur les personnages, elle nous livre un bel écrin pour un texte brut, fascinant. Alice Isaaz est incroyable sur scène dans le rôle de l’aînée qui a « encore perdu des neurones en se maquillant ». Elle est touchante et sa force fragile nous émeut. Bien qu’elle semble souffrir bien moins que sa sœur de l’influence de leur mère, elle est poignante dans la scène où, à bout, elle hurle son désespoir d’être abandonnée, lors de la finale du concours de Matilda. Nous assisterons à l’éclosion d’un nouveau regard, empli de tendresse et de fierté, qu’elle portera sur la cadette, jouée avec sensibilité par Armande Boulanger. Elle attire irrémédiablement l’empathie des spectateurs grâce à son jeu très juste, d’une douceur infinie. Elles sont formidables toutes les deux lorsque Matilda parle de son expérience scientifique en trois temps (passé, présent, futur), tandis que Ruth s’occupe des posters. Et malgré tout, c’est l’optimisme qui triomphera à la fin, lorsqu’elle contredira sa mère qui hait ce monde et le trouve horrible.
Isabelle Carré, qui avoue être admirative du travail de l’allemand Thomas Ostermeier, représentant tout ce qu’elle aime au théâtre, réalise un coup de maître pour sa première mise en scène en reprenant une pièce aux personnages complexes, portée à l’écran par Paul Newman dont l’adaptation a valu à son interprète principale, Joanne Woodward, le prix de la meilleure actrice au Festival de Cannes 1973. Gardant cette influence américaine des années 70, dans les décors et les costumes, Isabelle Carré gère parfaitement le temps et l’espace, distillant les silences avec parcimonie pour mieux faire résonner les répliques cinglantes d’une mère à ses filles. Elle dirige également très bien ses deux jeunes partenaires, Alice Isaaz et Armande Boulanger (en alternance avec Lily Taïeb) pour leur première fois au théâtre. Le trio d’actrices est convaincant et chacune tend à s’affranchir de l’influence des autres pour exister sur scène et rayonner. Dans le très bel écrin du Théâtre de l’Atelier, nous assistons, émerveillés, à l’éclosion d’une metteuse en scène prometteuse et à l’émergence de trois talentueuses comédiennes dont leur cohésion scénique tend à faire de De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, une pièce fascinante et exigeante, d’une rare intensité. Sans aucun doute, la bonne surprise de cette fin d’année 2015.