Théâtre : Quel type de spectateur êtes-vous ?

 

En partenariat avec le supplément théâtre de Biba, nous avons mené une fine analyse sociologique afin de déterminer 13 différents profils de spectateurs.
Nous vous restituons aujourd’hui le résultat de 3 ans d’enquête, qui aura coûté 14 carnets de notes, 9 cartouches d’encre et 2 démissions au sein de la rédaction (à cause de différences idéologiques).
 
Nous vous épargnons évidemment tous les clichés faciles ou grotesques car nous détestons ranger les gens dans des cases. Chaque personnalité est unique avec autant de couches et de surprises que dans les entrées façon millefeuilles des restaurants étoilés.

 

 

Les 13 différents profils que vous rencontrerez dans nos belles salles de théâtre parisiennes : 

 

LE RIEUR FOU 

Dans un état euphorique incontrôlable, le rieur fou rirait de n’importe quoi une fois qu’il est lancé, même avant les blagues. Rien que le fait d’en voir arriver une le fait s’étouffer sur place.

Cet homme vient au théâtre en groupe. Ses amis semblent lui découvrir cette particularité et en éprouvent un peu de gêne. Nous vous expliquerons dans une prochaine étude pourquoi les rieurs préfèrent l’humour attendu, les blagues éculées, clichées et graveleuses.

Curieux : vous retrouverez surtout ces profils dans les petites salles où se jouent des pièces de boulevard comme Ma femme me prend pour un sextoy ou Ma voisine ne suce pas que de la glace.

 

L'IMPASSIBLE

Qu’il aille voir une comédie hilarante, une tragédie ou une pièce de théâtre contemporaine dans laquelle on égorge un porc sur scène, il gardera ce masque impassible sur le visage. Déjà enfant, il gagnait tout le temps au jeu du "premier qui rira aura une tapette" et encore aujourd’hui rien ne semble de l'extérieur le faire réagir.

Pourtant, figurez-vous qu’à l’intérieur ça bouillonne, ça explose. L’impassible savoure la pièce autant que le rieur fou et ses critiques pourront être élogieuses lorsqu’il aimera une pièce.

Heureusement que tous les spectateurs ne sont pas comme lui dans les spectacles d’humour, sinon bon nombre de comiques rendraient leurs tabliers, désespérés de ne déclencher aucune émotion.  

 

LE ROI DE LA SYNCOPE

Nous sommes allés voir une cinquantaine de pièces cette saison et cela est arrivé quatre fois. Les émotions, le climat de la salle et la légère sensation d’être oppressé sont malheureusement favorables aux malaises des spectateurs. Le mouvement de panique créé par la victime détourne souvent l’attention des spectateurs avides de sensations fortes, qui ne savent plus où donner de la tête entre la scène et la corbeille.

Nous nous tenons disponibles auprès des rois de la syncope pour leur raconter la fin des pièces qu’ils n’ont pas vu.

Curieux : vous pourrez retrouver ce profil dans les pièces Les Stars et La Colère du Tigre.

 

L’HOMME D'AFFAIRES 

Le théâtre attire plutôt un public éduqué, donc nombreux sont les businessmen dans les salles. Mais on reconnait le vrai homme d’affaires à une chose : il laisse son portable sur vibreur.

Au cas où.

Au cas où la fusion avec Alcatel se débloquerait dans la soirée.

Au cas où son associé en phase de signer un gros contrat avec les chinois l’appellerait.

Le plus souvent, il embête toute la salle alors que ce n’est que son pote Jojo qui l’appelle pour lui raconter sa soirée de la veille.

 

 

LE COUPLE SOURD

Nous adorons les petits couples de retraités, très mignons, habillés sur leur 31 pour aller écouter les vulgarités de Laurent Baffie. N’ayant plus toutes leurs capacités auditives, ils s’entraident et se répètent à voix hautes les répliques que les acteurs articulent moins que les animateurs de maison de retraite.

« - Il a dit quoi ? »

« - Il a dit "Ecarte les fesses que j’enlève mon doigt." »

« - Ahhhhh… Haha ! »

Merci à eux de multiplier par deux le bonheur des blagues grasses de Sans Filtre au Théâtre Fontaine et autres pièces de ce genre.

 

LE DEVIN 

Ce spectateur est celui qui met le public dans tous ses états. D’abord amusés par ses remarques à voix haute « Dis donc il a grossi » « Il est moins beau qu’à la télé » « Oh elle joue bien ! Elle va être moliérisée ! », nous sommes vites exaspérés que celui-ci ait oublié qu’il n’est pas tout seul et que les acteurs entendent ses remarques.

Mais le principal talent du devin est d’avoir la capacité à terminer les répliques des acteurs. A la réplique « Ma chérie, il faut que je t’avoue, je t’ai… » il continuera par exemple « Trompé avec Marguerite ! ». Ceci aura le mérite de souligner le côté 'attendu' de l'histoire et que la plupart des boulevards se ressemblent.

Des psychanalystes à qui nous en avons parlé nous ont expliqué que c'était sûrement lié à une jeunesse difficile, déjà au théâtre pour enfants, il criait au Chaperon Rouge « Attention, ahhhh !!! C’est pas la grand-mère, c’est le méchant loup ! »

 

LE GRAND

Rien à dire de plus, vous avez compris. Le grand est celui qui vous cache la moitié de la scène au théâtre. Il vous donne un brin d’espoir lorsqu’il appuie quelques secondes ses coudes sur ses genoux, mais se relève bien vite, inconscient de gâcher la soirée théâtre de vos 25 ans de mariage.

Heureusement, le monde est bien fait, l'bon Dieu l’a puni… Il ressortira du théâtre avec un gros mal de jambes car le grand aura eu ses gambettes compressées par la rangée de devant pendant 1h30.

 

LE MONDAIN 

Le mondain ne va pas au théâtre parce qu’il aime ça.

Le mondain ne va pas au théâtre pour rire, réfléchir ou s’émouvoir.

Le mondain va au théâtre pour pouvoir s’en vanter auprès de ses amis lors des diners "100 % bio et sans gluten" qu’il organise. Il a une grande préférence pour le théâtre public, veut avoir vu les pièces avant tout le monde et n’osera pas avouer qu’il s’est endormi.

Ce qu’il va voir est toujours "Extra-or-di-nai-re !".

"La dernière de Luc Bondy, j’ai A-DO-RÉ ! Micha Lescot était for-mi-da-ble."

 

LA CÉLÉBRITÉ

Le niveau intellectuel de la célébrité que vous verrez au théâtre vous donnera une idée de la pièce à laquelle vous allez assister. Par exemple, si vous voyez le footballeur Samir Nasri dans la salle, c’est que vous vous êtes trompé de théâtre, vous n’êtes pas aux lectures du philosophe Sloterdijk en allemand, mais plutôt à Ma belle-mère, mon ex et moi avec Leboeuf dans le rôle-titre.

De manière générale, si vous entendez des "Hê ! Tu l’as vu ?" "Non il est où ?" et que les autres spectateurs vous font des petits regards fiers et complices, c’est qu’une célébrité rode dans les parages. Elle essaye de passer incognito avec sa relation illégitime, mais tout le monde l’a repéré. Aux bras de sa bimbo écervelée avec des talons de 13 centimètres ou de sa fausse blonde liftée, il a l’air un peu gêné que certains lui adresse la parole comme à un vieux copain.

 

 

LE LEADER DANS L'ÂME

Applaudisseur compulsif, il frappe des mains dès que sa star préférée rentre sur scène, puis dès qu’elle fait une bonne blague. Ce fanatique bruyant couvre parfois un peu les dialogues, mais met une sacrée ambiance. Assez bon public, on peut lui servir du caca, il le mangera goulument si c’est son idole qui lui apporte (notre article à ce sujet).

Ce leader dans l’âme sera également le premier debout à la fin de la pièce pour tenter de lancer une standing ovation. En ce moment, retrouvez le dans les pièces Le Tombeur avec Michel Leeb, Hibernatus avec Jean-Luc Reichmann et A gauche en sortant de l’ascenseur avec Stéphane Plazza.

 

L’EMBOURGEOISÉ DES PREMIÈRES 

Mais d’où vient ce parfum « Eau Sauvage » couplé à l'odeur d’un aftershave bon marché ? Sûrement de cet homme coquet accompagné d’une dame à fourrure.

Les soirs de première, ce n’est pas le même public que d’habitude, il est très embourgeoisé, snob, pas  souriant ni agréable.

« Dis mon poussin, tu vas chercher nos invitations ? » Conscients de la supériorité que leur affère le privilège d’être invités à la première, ces spectateurs s’autorisent à devenir imbuvables. Ouvreurs, ouvreuses, prenez ce public avec des pincettes car il ne se privera pas de vous remonter les bretelles en cas de faux pas.

 

L’ÉTUDIANT

Nous retrouvons nos chers étudiants au balcon, en 7ème catégorie. Chasseurs de bons plans, ils vont au kiosque et profitent des tarifs de 10€ pour les moins de 26 ans.

Saluons la soif de culture de ces pauvres étudiants, qui ne voient de leur place qu’un tiers de la scène.

 

LE NORMAL

Si vous ne vous êtes reconnu dans aucun de ces clichés, c’est que vous êtes quelqu’un d’une triste banalité, aussi normal que notre bon vieux président.

Il va falloir changer bien vite car au XXIème siècle, les spectateurs font partie intégrante du spectacle.

 

Alors "be yourself", comme tout le monde !

 

 

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