- Théâtre contemporain
- Théâtre Paris-Villette
- Paris 19ème
Zohar ou la Carte Mémoire

- Elsa Bouchain
- Fabien-Aïssa Busetta
- Laureline Le Bris-Cep
- Théâtre Paris-Villette
- 211, avenue Jean Jaurès
- 75019 Paris
- Porte de Pantin (l.5)
Zohar a perdu son père et elle tient à tout prix à se souvenir de lui, car l'oublier, ce serait le faire disparaître complètement.
C'est en tout cas ce que le fantôme de son père lui fait comprendre.
Sa mère, elle, aimerait voir sa fille aller de l'avant, ne pas s'enfermer dans le passé. Elle aimerait refaire sa vie et voir un nouvel homme prendre la place laissée vide par son défunt mari.
Entre une mère qui lui dit : "oublie !" et le fantôme d'un père qui lui dit : "souviens-toi !", Zohar devra trouver sa voie.
La critique de la rédaction : 7.5/10. Un joli conte pour enfants et adultes qui parle très justement de la mémoire et l’oubli.
Une petite fille nommée Zohar nous relate comment elle a vécu la mort de son père. Sa maman et elle ne vivent pas le deuil de la même façon. Pour se reconstruire et démarrer une nouvelle vie, sa maman va faire des choix pas toujours bien compris ni acceptés par sa progéniture.
L’auteur-metteur en scène Laurent Gutmann nous plonge d’abord dans l’univers tout étriqué d’une maisonnette puis dans une grande demeure froide et impersonnelle, un peu effrayante, de l’autre côté de la montagne.
La distribution est très bonne avec une Zohar touchante ; une mère émouvante, effacée, fébrile qui subit sa vie ; et Jean-Claude énigmatique, en doux dictateur.
Si nous avons tant apprécié ce conte, c’est parce que nous passons d’une émotion à une autre en un clin d’œil. L’ensemble est plutôt triste car nous nous prenons pleinement d’empathie pour les mésaventures de Zohar. À plusieurs reprises une petite larme a manqué de nous échapper, mais un rire salvateur nous était alors arraché, puis nous retrouvions le sourire.
Comme tout conte qui se respecte, nous en tirons une morale, nuancée avec intelligence. Zohar ou La Carte Mémoire est tout aussi intéressante pour les adultes qui savoureront les répliques candides de l’héroïne (naïves sans jamais tomber dans la niaiserie) et pourront réfléchir sur leur relation au passé.
Allez-y avec vos enfants !
Laureline Le Bris-Cep arrive dans la salle de façon très décontractée. Après avoir interrogé quelques personnes du public sur leur prénom, elle nous confie que, comme son père et avant lui, toutes les générations précédentes, elle se nomme Zohar, ce qui signifie l’éclat ou la splendeur. Et c’est une pièce éclatante à laquelle nous allons assister après une musique passée à l’envers comme on remontrait le fil des souvenirs. Très vite tiraillée entre sa mère qui lui dit d’oublier et le fantôme de son père qui lui conseille de se souvenir, la jeune actrice incarne à merveille l’adolescente partagée, héroïne de ce récit initiatique aux allures de conte sur le délicat passage de l’enfance au monde adulte, entre mémoire et oubli, quand il faut se construire alors que l’on est en manque de repères rassurants. Elle dégage énormément d’empathie et nous nous attachons fortement à ce personnage qui doit trouver sa place et grandir mais, pas trop vite si possible. Sa mère est interprétée avec beaucoup de crédibilité et de sensibilité par Elsa Bouchain, formidable, dont le sacrifice nous émeut grandement. Fabien Aïssa Busetta est également très performant dans le double rôle du père dont le fantôme veille sur sa fille avec tendresse et de Jean-Claude, un homme possessif presque tyrannique. La scénographie de Pierre Heydorff nous fait passer, grâce à une tournette, d’une petite maison rassurante, cocon familial de l’enfance, à un grand espace aseptisé, nouveau logement de la famille recomposée où tout est d’un blanc immaculé, dans une atmosphère lumineuse mais vide et silencieuse. Une source secrète est même présente côté jardin où Zohar oubliera tout, jusqu’à son identité, avant que la carte mémoire ne serve de support pour remonter les souvenirs à la surface et que la vie ne continue.
Enfin un sujet grave traité avec délicatesse et subtilité, raconté aux enfants, ou plutôt aux « adultes à partir de sept ans » comme le confie si justement Laurent Gutmann, auteur et metteur en scène de cette pièce sensible et touchante qui ravira un large public. Un spectacle dont nous nous souviendrons longtemps, résistant au temps qui passe et qui font basculer de beaux moments dans l’oubli.
Le thème du deuil d'un parent est abordé avec sérieux, parfois peut-être un peu trop ´durement' pour des enfants (selon moi). Je fais notamment la comparaison avec Le Poisson Belge, sensiblement sur le même thème, mais où la mort est abordée avec beaucoup plus de légèreté. Dans Zohar, rien n'est à demi mot !
La mise en scène est particulièrement agréable.
Une jolie pièce à voir en famille.