- Théâtre contemporain
- Théâtre de la Tempête
- Paris 12ème
Ystéria

- Théâtre de la Tempête
- Route du Champ-de-Manœuvre
- 75012 Paris
- Château de vincennes (l.1)
Vieille affaire que celle de l’hystérie : du trouble ovarien selon Platon aux sorcières face à leurs inquisiteurs du Moyen Âge, jusqu’aux grandes leçons de Charcot à la Salpêtrière et aux Etudes sur l’hystérie de Freud et Breuer en 1895, cette affection – réputée féminine – fait énigme et a, de tout temps, constitué un défi au savoir – traditionnellement masculin – qu’il soit religieux, juridique ou médical.
Mais qu’entend-on par ce terme ? Des atteintes corporelles (soudaine cécité, paralysie…), des troubles de l’humeur (rires, pleurs), de la mémoire, de la parole (aphasie, volubilité), convulsions, histrionisme…
Aucun symptôme ne peut être dit typique.
Toutefois Freud l’a posé définitivement : « l’hystérique souffre de réminiscences ». Mais aussi, l’hystérie instaure un mode de relation qui, par l’esquive ou la provocation, bouleverse le confort des savoirs, conteste l’ordre des familles et des services. « Moyen suprême d’expression » selon André Breton, l’hystérie, engageant le corps, rend manifeste qu’il y a lieu sans cesse de créer, d’inventer, de désirer : elle est un « bastion de résistance au bonheur masculin… en langage poétique ».
Un conflit psychique qui vient s'exprimer physiquement. La parole devient une clé mais les raisons du déclenchement des troubles restent un mystère, encore de nos jours. Une raison qui explique le traitement expérimental par trois psychologues avec une approche différente. Les deux jeunes d'environ 20 ans ont des difficultés à s'insérer dans la société. Un facteur de leur maladie?
L'auteur le pense en tout cas car la parole exprimée avec sincérité permettra la libération. Il choisit également dans sa mise en scène de montrer les différents traitements proposés à travers le temps. Par exemple on voit une femme souffrant de la maladie anciennement appelée l'utérus vagabond où il était conseillé d'éternuer pour remettre l'organe à sa place. Avec son mari, ils vont voir un sorcier pour l'aider en retirant les esprits qui la hantent. On va aller jusqu'aux inquisiteurs avec la chasse aux sorcières où leur sort sera le buché.
Je ne peux démentir sur la richesse du spectacle avec les références historiques et médicales. J'assiste à une sorte de conférence où les comédiens font faces au public et les impliquent dans leurs réflexions. Mais les 2h10 semblent d'une longueur infinie. Les scénettes s'insèrent dans la thérapie des deux jeunes sans aucun véritable lien. Même si la mise en scène se fait ingénieuse avec peu de décors amovibles cela ne suffit pas à rester captif sans l'envie de regarder sa montre. Par chance les cinq comédiens s'investissent de toute leur énergie dans ce projet. Ils tiennent avec passion leurs personnages d'un bout à l'autre de l'histoire. J'applaudis des deux mains leurs performances qui a réussi à me tenir éveillée. Je ne devais pas être la seule à trouver le temps long car beaucoup de gens ont applaudi avant la fin du spectacle croyant qu'il était terminé. Il restait encore 10 minutes afin que l'on puisse enfin partir.