- Théâtre contemporain
- Musée d'Art Moderne
- Paris 16ème
Sur-exposition

- Musée d'Art Moderne
- 11, avenue du Président Wilson
- 75016 Paris
- Iéna (l.9)
Pour les collections de photographies de la Maison Européenne de la Photographie, Charlotte Rampling et Tilda Swinton deviennent cimaises.
Les portraits et les paysages de Irving Penn, de Richard Avedon ou de Brassaï – pour ne citer qu’eux – s’accrochent à leur bras, comme les images en abîme d’un musée ou d’une galerie vulnérable. Tour à tour elles tendent aux visiteurs/spectateurs les tirages originaux qui ont fabriqué l’histoire et l’iconographie du XXe siècle.
Quand l’une sert de support fragile aux images de taille, l’autre lui tend un miroir, tel un vitrier de passage susceptible à l’air du temps. Un jeu de regards s’exerce entre elles mais aussi avec les yeux des disparus immortalisés sur le papier argentique. Un jeu de corps se révèle aussi. Non seulement celui des silhouettes noir et blanc photographiées brandies à bout de bras, mais aussi ceux de Rampling et Swinton.
Il est des parois de musée comme ailleurs qui se fissurent sous le poids des œuvres d’art. Les façades de chair que restituent les corps des deux performeuses se courbent aussi sous l’empire des images. Certaines d’entre elles s’avouent vaincues et deviennent, selon un principe d’inversion, les étais, les chevalets pour les corps œuvres de Rampling et Swinton. Peu à peu, les photographies en noir et blanc disparaissent sous les noirs et les blancs d'images fantômes évanouies. Ombres de clichés surexposés dont il ne reste que les formats d’origine, spectres de carbone désertés de tous ses sujets, les toiles monochromes que tendent Rampling et Swinton sont un cadre pour de nouvelles photographies d’elles même en devenir.
Leurs voix légendent les portraits saturés et les paysages aveuglés.