- Théâtre contemporain
- Théâtre de la Bastille
- Paris 11ème
Quasi Niente, Presque Rien
Après s'être fait connaître en France avec Reality, basé sur l'histoire d'une femme polonaise ayant noté tous les faits de son existence dans des carnets, et Nous partons pour ne plus vous donner de soucis, qui se penchait sur quatre retraitées grecques ayant choisi de disparaître, Daria Deflorian et Antonio Tagliarini s'emparent de l'un des films cultes de Michelangelo Antonioni, Le Désert rouge.
Dans celui-ci, Monica Vitti est Giuliana, une femme qui ne parvient plus, dépression ou mélancolie, à entrer en relation avec le monde. A priori, rien de commun entre ces œuvres, sauf ceci : le duo italien n'aime rien tant que les êtres au bord du monde qui, par leur regard décalé, différent, interrogent la réalité.
« Que dois-je faire de mes yeux ? Regarder quoi ? » se demande Giuliana. C'est aussi la question que ces deux acteurs et metteurs en scène se posent de spectacle en spectacle.
« Si seulement je pouvais libérer de l’espace en moi, pour écouter les autres. »
Le talent du duo italien est de ne pas nous déprimer. Leur talent est de ne pas nous perdre, malgré une lenteur, malgré l’absence d’histoire, complètement assumées. Ceci n’est pas l’adaptation du film. On cite l’incroyable Monica Vitti, l’actrice du film, mais Monica Piseddu est toute aussi fascinante. On est un peu sur un nuage, on ne voit pas le temps passer. Tous les acteurs tiennent leur rôle avec précision et délicatesse, les chansons interprétées par Francesca Cuttica y sont également pour quelque chose.
Il suffit parfois de pas grand chose pour être emporté.