- Théâtre contemporain
- Espace Cardin
- Paris 8ème
Mary said what she said

- Isabelle Huppert
- Espace Cardin
- 1, avenue Gabriel
- 75008 Paris
Le toujours inventif Robert Wilson offre à la grande Isabelle Huppert le trône de Mary Reine d’Écosse, la souveraine qui, à cause de ses passions, perdit sa couronne.
Mary est une femme qui a combattu les forces de l’histoire pour contrôler son destin. La veille de son exécution, elle lutte, encore ; elle lutte cherchant la voix pour interpeller la justice céleste.
Elle écrit l’histoire. Il y eut son enfance à la cour de France. Puis un veuvage prématuré mit un terme à sa danse. Elle se souvient. Elle avait regagné l’Écosse. Braver la captivité était sa nature. Elle voulait un homme fort.
C’est le commencement. Elle se marie, a un fils, et le meurtre survient. Rien n’est plus pareil, la vie prend un autre rythme. Catholiques, Protestants, Mary, Elizabeth, L’Amour, La Mort. Fuir était son destin et c’est ainsi que son règne prit fin. Elle n’essaya pas d’avoir la vie sauve. Elle tenta de se perpétuer. À son dernier matin, Mary Reine d’Écosse était vêtue de rouge.
Les dernières heures de Marie Stuart dont la vie pour le moins mouvementée se termine sous nos yeux.
Est il besoin de dire qu'isabelle Huppert est incroyable ?
Elle nous happe dans ce monologue hallucinant et halluciné, nous embarque dans les tourments d'une femme qui va mourir ... Et quelle extraordinaire mise en scène du grand Robert Wilson !
C'est une véritable ovation qui salue sa performance.
Il est recommandé de réviser son histoire afin de profiter à plein de ce bijou !
Une Reine est sur scène, vive la Reine !
Mary apprend qu’elle va être exécutée par décapitation, car elle a, selon ses accusateurs, comploté contre Elisabeth 1er sa cousine, reine d’Angleterre. Elle passe et repasse ses souvenirs dans un ordre qui lui est propre, aussi je vous conseille de vous pencher sur sa vie auparavant sinon on peut se trouver un peu désorienté. Il y en a des souvenirs qui sont de bons moments au milieu d’une vie assez tourmentée. Jusqu’à la conclusion : la lettre émouvante qu’elle a écrite au roi de France Henri III la veille de sa mort. Il faut dire que si les évènements s’étaient enchainés différemment, Mary aurait pu être Reine de France, d’Angleterre et d’Ecosse mais à la place, elle a été veuve à 17 ans du roi de France François II, son second époux fut assassinée, elle été séparée de son fils qu’elle ne verra pas grandir et puis il y a eu ses multiples arrestations et emprisonnements. Gageons qu’un jour, nous assisterons à une version alternative de l’histoire de Mary Stuart.
Vêtue d’une robe majestueuse et pourtant d’une grande sobriété, Isabelle Huppert apparait sur scène, immobile au fond de la scène, son corps n’est visible qu’à contre-jour et je me suis demandée si elle était face à nous ou de dos. Ce sont les éclairages de Robert Wilson qui sont assez violents (presque fluorescents fut mon ressenti, au point que j’ai chaussé mes lunettes aux verres jaunes pour la conduite de nuit) qui éclipsent les traits de Mary Stuart. L’effet est saisissant, le poids des mots prononcés est d’autant plus fort, le débit de la voix est impressionnant et fluide. Puis la lumière change et nous découvrons enfin le visage martial d’Isabelle Huppert qui se confond avec Mary Stuart. Le jeu de clair-obscur va durer toute la pièce avec une parfaite maitrise : Robert Wilson est un maitre. Ses effets lumineux sont accompagnés en parfaite harmonie par la superbe musique de Ludovico Einaudi. Lumières et musique emplissent l’espace vide de la scène et suffisent pour animer le plateau.
Une version saisissante de la vie de Mary Stuart.
Un fond de scène dont les variations de couleurs et de luminosité suggèrent la succession des saisons, des moments de la journée et des états d'âme de cette reine déchue enfermée pendant 19 ans. Le texte est parfois trop hermétique malgré des associations libres intéressantes qui rappellent celles de Virginia Woolf ou même Duras.
Les deux néons parallèles, l'un devant la scène et l'autre au bas du fond de scène, s'ils évoquent probablement la claustration, sont pénibles pour la vue et la musique a un volume vraiment excessif qui rend, surtout au début, le monologue presque inaudible.