- Théâtre contemporain
- Théâtre de l'Odéon
- Paris 6ème
Liebestod
- Angélica LIDDELL
- Théâtre de l'Odéon
- place de l'Odéon
- 75006 Paris
- Odéon (l.4, l.10)
Dans une arène couleur sang, la performeuse espagnole excite un taureau, invective le Ciel, exhorte le public. Elle s’offre, s’exhibe, se confesse. Tout en dessinant son propre portrait intime, elle mélange la transcendance avec la chair, l’érotique avec le sacré, faisant du théâtre une expérience cathartique et bouleversante. Entre lyrisme et fureur, beauté et mystère, l'artiste nous invite à entrer dans l’éternité.
Au détour d’une lecture, Angélica Liddell s’est aperçue qu'elle faisait du théâtre comme le célèbre torero Juan Belmonte de la corrida : totalement, religieusement, animée par un désir de vie qui est en même temps un désir de mort. Croisant cet imaginaire avec celui de la symbolique chrétienne, du peintre Francis Bacon et du compositeur Richard Wagner (Liebestod, qui signifie littéralement “mort d’amour”, est le titre du finale de l’opéra Tristan et Isolde), l’autrice, metteuse en scène et performeuse espagnole crée un nouveau spectacle provocateur où des images irradiantes partagent le plateau avec une langue incandescente, extrême, explosive.
En espagnol, surtitré en français
des scènes sont susceptibles de heurter la sensibilité de certains spectateurs
J'y vais même un peu inquiète en me demandant si j'arriverai à assimiler la dureté de la pièce. Je suis curieuse de voir sa création néanmoins.
Le ton est donné à l'Odéon. Avant le début du spectacle, on nous prévient que la scène des bébés dans les bras des pères a été interdite en île de France alors qu'elle a été autorisée en Avignon, à Barcelone etc...
On commence avec des scènes d'un esthétisme marqué et nous nous retrouvons dans le monde de la tauromachie. Référence à Juan Belmonte, torero, qui révolutionna le toreo et qui définit le combat entre une mort de l'un ou de l'autre et introduisit la spiritualité du toreo. On évoque sa légende de fin de vie. Amis des intellectuels de l'époque, la référence à Valle Inclán será forcément là pour le théâtre.
Et puis, allons y, on va écouter du flamenco. Et puis, ouf, on aura aussi droit à un paso doble.
On aura droit à une attaque au monde LGBT. La religiosité de sa création est bien sûr convoquée.
Réflexions sur son travail de création, critiques des acteurs. Même la génération Z y passera. Critique des théâtres et du public, parisien bien sûr (ha, ha, ha).
Le mythe de Tristan et Iseult est pris.
Ça fait un peu mille feuilles où j'ai eu la sensation qu'Angelica Liddell a fait la liste de tout ce qu'elle pourrait mettre pour provoquer comme une liste de courses.
La ficelle est grosse. On a l'impression d'une photographie de la société espagnole moderne et que tous les sujets qui font consensus aujourd'hui sont pris volontairement à contre-pied. Volonté de provoquer à tout prix, trop facile.
En tout cas, cette recherche permanente rend la pièce très inégale avec de grosses ficelles. Il y a vraiment des moments où je me suis demandée où était l'acte de création pendant de longues minutes. Il y a des moments très esthétiques au demeurant.
Je fais le constat que personnellement, cette volonté de provoquer m'a laissé plutôt indifférente et je me suis même amusée à faire la liste. Cela peut surprendre mais la pièce m'a laissé indifférente alors que normalement elle tranche le public entre pro et contre.
Dans la salle, ça sortait un peu tout au long mais sans grande évasion. Et puis aux applaudissements assez mous en réalité, on a vu les fan clubs rythmer les saluts.
Mais dans le fond, pas de grande fracture dans le public.