Gauthier Fourcade, Liberté !

Gauthier Fourcade, Liberté !
Mis en scène par Wiliam Mesguich
  • Studio Hébertot
  • 78bis, boulevard des Batignolles
  • 75017 Paris
  • Rome (l.2)
Itinéraire
Billets de 17,00 à 35,00
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Liberté ! (avec un point d'exclamation) est un cri de révolte à la fois philosophique et sociétal. 

Il s’oppose à une vision réductrice et déterministe de l’homme et le rétablit dans sa dignité d’être doué de libre arbitre et même de magie !

Il dénonce  la confiscation de la démocratie par des grands groupes industriels et donc de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il regrette que le vide spirituel se trouve rempli par le regain d’une religiosité rigoriste qui menace notre liberté de pensée.  Ces thèmes s’articulent autour de l’histoire d’un homme qui a une curieuse maladie : il n’arrive pas à faire des choix. Mais est-ce vraiment une maladie si rare ?

Je vous rassure : tout cela est drôle ! Car mes arguments sont toujours aussi absurdes et mes raisonnements délirants. L’univers devient surréaliste. Il y est question d’amour, de Romains, de moulins à paroles produisant de l’électricité, de voitures dont le volant ne peut tourner qu’à droite. On s’évade, on quitte le quotidien. Mais c’est pour mieux y revenir, car à la fin du délire … je touche ! 

 

Note rapide
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23 nov. 2018
7/10
9
La lumière blanche fait resplendir la moindre feuille de papier et je me dis qu’il va falloir ruser pour ne pas me faire repérer dans le noir. Ma prise de notes a peu de chance d’être discrète.

La scène est occupée par une machinerie étonnante, comme le sera bientôt le raisonnement du clown blanc qui va disserter à propos de liberté ! ... avec un point d'exclamation.

Il n’y a aucune raillerie dans mon affirmation car Gauthier Fourcade réussit à lier philosophie et humour, qu’il assaisonne de poésie et de dérision.

Il a eu la bonne idée de confier la mise en scène du spectacle à William Mesguisch qui l’a aidé à faire des choix sans restreindre sa liberté. L’homme n’aurait sans doute pas cédé. S’il respecte la mise en place et le texte il s’autorise une marge ... de liberté à chaque représentation si bien qu’on peut venir le voir plusieurs fois sans se lasser.
Au tout début il surgit d’un coffre avec malice, détend chacun de ses orteils et enfile les chaussures qui l’attendaient patiemment gueule ouverte. Le voilà prêt à arpenter le monde, s’il le veut bien car pou le moment il n’a pas l’intention de lâcher un pouce de la liberté qu’il célèbre sur la musique de Moustaki.

Dans un premier temps c’est à Rome qu’il aimerait nous entraîner puisque tous les chemins y conduisent, en passant par ici, sur la gauche, ou par la solitude, sur la droite, à moins de préférer suivre l’une des nombreuses flèches. Mais comme souvent dans la vie il en est empêché par un fâcheux coup de fil lui demandant de choisir entre rouge et bleu. Il réfute l’assertion selon laquelle la liberté serait synonyme de choisir. Lui nous dit ne pas vouloir (ou pouvoir ?) choisir. Il démontrera qu’elle niche au contraire dans la création en fredonnant cette fois les Passantes de Brassens.

Il enchaînera moult démonstrations audacieuses assorties de véritables stratégies de contournement de diverses difficultés. Qu’on l’empêche de braquer à gauche pour doubler et le voilà qui va démontrer qu’il est très facile de conduire en allant uniquement tout droit ou à droite. Il sort une petite auto flamboyante pour nous le prouver. Et ça marche ! Il sait même comment procéder pour faire un demi tour sans reculer.

Il est persuadé que nous sommes la synthèse de nos actes et de nos rêves et réfute donc le déterminisme. Le "message personnel" de Françoise Hardy alimente sa réflexion :
Si tu crois un jour que tu m'aimes
Et si ce jour-là, tu as de la peine
À trouver où tous ces chemins te mènent
Viens me retrouver

Trouver l'amour sera une longue quête. Aidé par des marionnettes, le comédien illustrera les atermoiements entre deux amoureuses. Que l'une d'elles le contraigne à choisir entre un pull rouge ou un bleu et c'en sera fini de leur histoire. Ce sera la pomme de discorde car il lui est aussi difficile de choisir pour lui-même que pour les autres. La boucle est quasiment bouclée. Le comédien semble focalisé sur les couleurs. Il interroge Armstrong en reprenant la chanson de Nougaro :
Un jour, tôt ou tard,
On n'est que des os...
Est ce que les tiens seront noirs ?

Les os des hommes sont tous blancs ... alors que les femmes ont des os verts (ovaires). Les jeux de mots se sont enchainés sans aucun temps mort tout au long de la soirée. L'homme tourne en rond autour de la vieille malle mais son raisonnement est impeccablement rodé et sans faille. Il peut chausser cette fois un nez rouge.

La chanson de Moustaki n'a jamais été autant opportune. Gauthier Fourcade est chaleureusement applaudi. Il a un public de fidèles qui le suit de spectacle en spectacle. Il peaufine ses textes et sort un nouveau spectacle chaque six ans. Chacun est un succès, que ce soit en région parisienne ou cet été en Avignon où il s'est produit au théâtre du Petit Louvre.
30 sept. 2018
9,5/10
24
Excellente nouvelle, Gauthier FOURCADE produit son spectacle LIBERTE avec un point d’exclamation au théâtre HEBERTOT ce mois-ci. Nous l’avons découvert (et beaucoup applaudi) à Avignon et nous attendons avec impatience de venir le revoir. Nous pouvons l’assurer, FOURCADE est un extraordinaire magicien qui a la poésie du Mime Marceau et un sens de l’absurde digne de Raymond Devos. Avec ses mots, ses mimiques, une grosse malle et une petite poupée marionnette, pendant une heure, il nous a tenus suspendus à son talent. C’est fin, subtil, poétique, spirituel (souvent au sens étymologique du terme), humoristiquement cruel lorsqu’il démontre le côté aberrant et souvent dérisoire de nos actions et de notre monde en général ! A grands coups d’oxymores, il remet tout à l’envers ; la vie, nos petites habitudes et manies, la religion, la politique ; franchement, ça fait du bien par où ça passe !...
1 avr. 2018
8,5/10
48
Liberté, j'écris ton non.
Ou ton oui. Ou ton non. Ou ton oui.

C'est l'histoire d'un homme qui ne parvient pas à choisir. Pour lui, choisir est une torture, un calvaire, un enfer qui vaut bien l'endroit !
Cette phobie du libre-arbitre va être le prétexte à une réflexion à la fois vertigineuse, surréaliste et fort réjouissante.

Nous allons réfléchir avec le comédien au concept de Liberté. (Avec ou sans point d'exclamation.)
Gauthier Fourcade, que je soupçonne de nourrir une certaine passion pour la philosophie, va nous proposer de le suivre dans une brillante et drôlissime causerie.

Mais il ne fera pas que causer, il va agir. Et pas qu'un peu !
Pour illustrer sa démonstration, il va nous révéler quelques-unes de ses inventions, telles que les moulins à paroles générateurs d'électricité, ou encore les voitures qui ne peuvent tourner qu'à droite, ou aller éventuellement tout droit.
Forcément, ne pouvant choisir, autant ne tourner en permanence que d'un seul côté.

Si ça fonctionne ? Un peu mon n'veu !
D'ailleurs, votre serviteur se fera avoir en beauté !

Le comédien va surgir de là où l'on ne l'attendait vraiment pas.
Fardé, les cheveux hirsutes, c'est une sorte de clown savant, une sorte de « Diogène des temps modernes ». qui nous fait face et qui va nous éclairer grâce au verbe et surtout grâce aux calembours.

Oui, il y a du Devos dans cet homme-là !

Oui, ces jeux de mots très amusants (je résiste vraiment à vous livrer l'un d'entre eux), ces jeux de mots mettent en application la liberté de choisir : version littérale du propos, ou version calembour ?
Camarade, choisis ton camp.

Fourcade est vraiment très drôle, pince-sans-rire et d'un sérieux à toute épreuve.
Il ne ménage pas sa peine et finira en sueur.

La mise en scène de William Mesguich est très alerte, très précise. Il aurait été dommage de se priver de mouvement dans cette heure assez folle.
Tout ceci est très visuel, on est dans le burlesque assumé de belle manière.

Le comédien arpentera beaucoup le plateau, et utilisera des accessoires de façon très judicieuse. Un petit tableau noir, des étiquettes de mots, comme dans une classe.

Il nous présentera également son alter-ego et sa future conquête rencontrée grâce à sa demi-fesse.
C'est comme je vous le dis !

Ce spectacle est très fin, très spirituel.
J'assume l'emploi de cet adjectif qualificatif un peu suranné, « spirituel », qui convient tout à fait.
On rit beaucoup durant cette heure, et nous sommes vraiment interpellés par le concept et la démonstration de Gauthier Fourcade.

Alors évidemment, j'ai un regret, celui de n'avoir pas matériellement pu assister plus tôt à ce très beau moment de théâtre : la dernière aura lieu la semaine prochaine.
Mais Sylvia Roux, la directrice artistique du Studio Hébertot m'a livré un scoop : elle envisage de reprendre ce spectacle pour soixante dates la saison prochaine.
Je vous en reparlerai donc à cette occasion !
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Jonglant avec des regards de clown éveillé et de savoureux calembours jouant autant sur la polysémie des mots que sur leurs homophonies, Gauthier Fourcade nous embarque, le temps d’un spectacle, dans un voyage où la pensée côtoie la poésie et la rêverie, la révolte.

Jaillissant du décor comme un diable à ressort sort de sa boite, il pose aussitôt le ton de ses propos. La liberté ? Mais pourquoi en parler ?

Ne serait-ce pas mieux de ne rien faire, de laisser aux autres le soin de choisir en préférant l’innocence à la réflexion ?

Et si créer permet de ne pas choisir, choisir ne serait-il pas plus commode pour ne pas inventer ! Consommer est si simple, il suffit de choisir !...

Nous sommes ballotés, bousculés, surpris. Nous rions de ces acrobaties langagières qui nous perdent, mêlant les sens sans donner de sens commun. Nous sourions dans ce délicieux embobinage où l’artiste nous enveloppe de son empathie bienveillante et nous arrose d’absurde, des fois qu’il nous viendrait l’idée de le croire tout à fait.

Le texte est bien léché. Il montre plus qu’il démontre, nous laissant libres (oui oui) de penser. Très astucieusement composés de césures suspensives, d’altérations marquantes et de contre-sens embarqués, les propos diffusent des approches multiples de la notion de liberté. Les niveaux économiques et sociaux, psychologiques et philosophiques sont traversés pour élargir le regard, le mettre en perspective et le nourrir de questionnements.

À l’adresse du texte de Gauthier Fourcade, la mise en scène de William Mesguich ajoute une dimension spectaculaire, élégante et poétique. Les mouvements font sens comme les postures. Les silences parlent et les mots résonnent. Nous assistons, au-delà d’un numéro de seul-en-scène, à une conversation habitée avec un personnage chaleureux, tourmenté mais pas que, qui nous accueille dans son univers pour réfléchir et rêver avec lui.

Un spectacle plaisant et réflexif, drôle et poétique. Un moment étonnant et agréable, baigné de Liberté !
11 sept. 2017
7,5/10
50
Drôle de Professeur Tournesol qui jaillit comme un diable de sa malle !

L’histoire ? y en a-t-il vraiment une ? enfin si, l’histoire d’un homme qui détourne les chemins pour aller à Rome, pour retrouver une dame, pour nous faire comprendre à sa façon, l’Europe et ses normes...

Mais surtout il est épris de liberté, il veut choisir, enfin ce n’est pas toujours évident, surtout quand on ne sait pas ce que l’on veut... quelle couleur choisir, quelle femme choisir ?

Heureusement pour nous faire comprendre, il y a le tableau, les panneaux fléchés, le rideau de lumière.

Gauthier aime les mots, il jongle avec, on rit aussi de la façon dont il forme ses phrases, homophones détournés qui donnent de bien curieuses phrases et de nouvelles idées sur tout !

Une bien délirante conférence que je vous conseille d’aller écouter !
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Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor