Les mains froides

Les mains froides
De Marilyn Mattei
Mis en scène par Nicolas Candoni
  • Théâtre Montmartre Galabru
  • 4, rue de l'Armée d'Orient
  • 75018 Paris
  • Blanche (l.2)
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Quatre adolescents âgés de 15 ans : Lenny, Nora, Kaleb, Oswald.

Quatre amis. Quatre collégiens. Kaleb c’est le chef, le héros, le Tony Montana de la cour de récréation, celui qui sait se battre et qui se bat d’ailleurs pour défendre son ami Oswald souffre-douleur d’un adolescent appelé « le type au pull rouge ».

En septembre, Kaleb offre une carabine à Oswald pour que ce dernier puisse apprendre à se défendre tout seul. Kaleb meurt dans la cour de récréation, d’une lame plantée dans le dos, suite à une bagarre avec « le type au pull rouge ».

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8 oct. 2015
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77
Kaleb, Lenny, Nora et Oswald sont quatre adolescents de quinze ans, quatre amis unis dans l’insouciance et l’immortalité de leur jeunesse mais Oswald est le souffre-douleur d’un « type au pull rouge » dont on n’en saura pas plus.

Il encaisse les coups, relativise la gravité de la situation tandis que ses amis font bloc autour de lui jusqu’à ce jour de novembre où Kaleb, le chef de la bande, celui qui sait se battre et n’hésite pas à protéger son ami, lui propose une carabine afin qu’il puisse se défendre seul. Mais lors d’une altercation, c’est Kaleb qui reçoit une lame dans le dos et meurt au milieu de la cour de récréation.

Alors le groupe se déchire et l’incompréhension fait place à la douleur que chacun devra apprendre à assimiler pour parvenir à entamer le difficile chemin du deuil.

Le sujet est grave et la jeune auteure trentenaire, Marilyn Mattei, le maîtrise de bout en bout de façon incroyable. Le texte est sublimé par la mise en scène pertinente et intelligente de Nicolas Candoni et Charlotte Desserre qui n’hésitent pas à tout jouer en frontal avec le public pour le saisir à vif, faisant tomber le quatrième mur. La pièce se construit sur un prologue et de quatre parties cyclique dédiées chacune à un personnage précis : Oswald puis Lenny, Nora et enfin le Principal. Ces parties se déroulent toutes sur la même temporalité, ces quatre jours de novembre, du lundi au jeudi, où le processus mental du deuil s’est enclenché en eux. C’est fort, intense, percutant. Dans un décor de salle de classe où les chevalets de papier rappellent les premiers jours d’école, chacun nous livre son ressenti face à une situation devant laquelle nous sommes démunis à tout âge.

Nicolas Candoni est bouleversant dans le rôle d’Oswald, le souffre-douleur qui endosse la responsabilité de la mort de son ami, ne pouvant s’empêcher de culpabiliser de ne pas être sous terre à sa place. Il trouvera la force de demander pardon à la mère de Kaleb mais ne sera pas soutenu par son père, d’une froideur saisissante qui exprime pleinement sa déception : « La déception d’un père, c’est comme la mort d’un fils. ». Oswald lutte contre un mal invisible, une envie d’auto-violence pour apaiser son âme. Il finira par s’exprimer à travers la violence. Félix Martinez est Lenny. Il incarne parfaitement ce jeune qui contient en lui toute la colère éprouvée par la perte d’un proche à laquelle il ne croit pas. Tentant de faire culpabiliser davantage Oswald, c’est sa façon à lui de se protéger jusqu’à réussir à poser des mots sur le manque qui l’habite. Ses parents s’extasieront devant son passage héroïque dans les médias. Charlotte Desserre est une Nora sensible et touchante. Sa tristesse ne sera exprimée que par la rage contre un bouquet de fleurs. Les mots ne parviennent plus à sortir de sa bouche. Ses parents se déchirent entre le père qui pense qu’elle fait son deuil et la mère qui cherche un coupable en la personne du Principal (formidable Noé Favre) à qui la dernière partie est consacrée. Sa femme, Lucile Chevalier, lui sera d’un soutien sans faille. Les parents des trois adolescents sont interprétés par Elisa Habibi et Paul Delbreil qui nous enchantent de leur présence. Choqués, démunis, ils cherchent à soulever des incompréhensions de façons différentes mais toujours avec beaucoup de justesse. Mais le personnage qui nous a étonné le plus est sans aucun doute le rôle de la mère de Kaleb, confié à la douce Coralie Russier. Cette mère en deuil relativise et opte pour l’apaisement.

Le fait qu’elle se balade avec un épouvantail en guise de fils (parfait Nicolas Guillemot) touche davantage qu’il amuse. Aucun ridicule n’est présent, tout n’est que sensibilité à fleur de peau. Soulignons également la présence sur scène, côté cour, de Charles Leplomb, musicien qui orchestre l’ensemble d’une main de maître.
Le spectacle, d’une durée très courte (1h) est un véritable concentré de bonnes idées scéniques et de mots percutants comme la lame d’un couteau. Il y a des pépites auxquelles on ne s’attend pas et Les mains froides en font partie. Les mots de Marilyn Mattei se mêlent à ceux, éprouvants, de Walt Whitman « Ô Capitaine ! Mon Capitaine » pour un résultat sincère, d’une justesse inouïe où le pathos n’a pas sa place mais cède l’espace à l’émotion pure, celle qui nous saisit et nous pousse à agir pour se sentir exister face à ce qui nous dépasse.
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Notes détaillées (pour les plus courageux)
Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor