Qualifié de « ghostchaser » (chasseur de fantômes), Sebald crée des personnages atteints du « syndrome du survivant ». La temporalité de ses romans est composée de fragments sans lien apparent mais qui se répondent par un jeu d'analogies, grâce à de subtiles ressemblances et correspondances. Cette écriture entomophile permet de tisser un filet métaphorique, afin de capturer les souvenirs, souvenirs qui se retrouvent alors épinglés comme une collection d'insectes, sous forme d'images intercalées dans le récit. À l'instar des ouvrages de Walter Benjamin, le lecteur contemple comme dans un miroir le pâle reflet de ce qui s'est évaporé.
C'est dans cette mise en forme que l’œuvre de Sebald prend toute sa portée politique, en revisitant la linéarité supposée du temps historique à travers le télescopage des temporalités.