Le Syndrome de Cassandre

Un brin fou, un brin enfant, un brin clochard.

Yeux mouillés, air hagard, il a quelque chose du chien abandonné qui s’excuserait d’être un chien. La peau couverte de terre. Une truffe au milieu du visage, un nez de clown noir. Il vient annoncer des tragédies. On rit. Il se débat dans la solitude de celui qu’on n’écoute pas. Seul en scène, Yann Frisch fait vivre tout un monde. L’intérieur d’une tête pleine de bruits, de fureurs et de fantaisies. Un joyeux bordel bordé d’abîmes et d’effroi. Cassandre prédit les catastrophes, on ne l’entend pas. Le clown les précipite et les traverse. Lui, il évolue entre les deux, en équilibriste et mangeur compulsif de bananes. Il trimballe son imaginaire et actionne depuis sa bulle de glace les tableaux de ses rêveries, de ses visions, de ses fantasmes.

Champion du monde de magie en 2012 pour son Baltass, numéro vu plus de quatre millions de fois sur le Net, Grand Prix de magie close-up, bardé de distinctions et de récompenses, Yann Frisch s’aventure seul dans une boîte noire, un écrin de velours où la magie prend un tour nouveau. Elle touche l’inconscient, joue des émotions, raconte un rêve et fait entrer dedans. Son complice Raphaël Navarro, pionnier d’un genre inédit de magie nouvelle et poétique, ajoute au solo sa science des métamorphoses et des mouvements irréels. À eux deux, ils ont fomenté avec ce Syndrome de Cassandre un voyage aberrant dans un rêve de Buster Keaton.